L’Azerbaïdjan protège le patrimoine culturel


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

En décembre 2005, Bakou ‘restaure’ les monuments religieux arméniens à sa façon.








Avant









Après








Pendant le travail des 'soldats-artistes' (Version anglaise)



Pendant le travail des 'soldats-artistes' (Version arménienne)




Lors de l'exposition des khatchkars à l'UNESCO (15-24 juin 2011), celui-ci a interdit toute inscription ou explication qu'elle quelle soit accompagnant les photograhies suite à l'intervention directe de Bakou. Si de plus Madame Mehriban Aliyeva (femme du président azéri Ilham Aliev) est ambassadrice de bonne volonté de l'UNESCO, et que la Fondation Heydar Aliev (le père d'Ilham) verse des millions à l'UNESCO, tout cela ne peut être que pure coîncidence.



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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, a participé à la 36e session de la Conférence générale de l'UNESCO.

Extraits du discours :

Madame la Présidente,

L'Arménie est un pays riche avec des monuments culturels datant du IVème millénaire av-JC. Il y a quelques 33 000 monuments historiques et culturels en Arménie sous la protection de l'Etat, inclus dans le Registre d'Etat du patrimoine national.

Pendant des siècles, le peuple arménien a créé de nombreux et divers monuments culturels dont la plupart, en raison d'événements historiques connus sont maintenant situés en dehors de la République d'Arménie. Nos voisins ont affiché des approches différentes envers la préservation du patrimoine historique arménien.

Il y a une bonne coopération avec l'Iran qui prend bien soin des monuments arméniens situés sur son territoire. Ainsi, les monastères de St-Thaddée et de St Stépanos, la chapelle de Dzordzor se trouvent dans la liste du patrimoine mondial, présentée par l'Iran.

A Erevan, une mosquée du 18ème siècle a été restaurée, grâce aux efforts conjoints des spécialistes arméniens et iraniens.

Une coopération prometteuse a commencé également dans ce contexte avec notre voisin - la Géorgie.

Malheureusement, cette expérience positive n'est pas réciproque chez nos autres voisins. En raison de la politique de destruction de l'héritage arménien historique, des milliers de monuments culturels d'une valeur universelle, ont été perdus à jamais.

À une époque où la protection et la promotion des Droits de l’homme sont considérées comme les principes qui les sous-tendent, endommager ou détruire la mémoire culturelle ou religieuse intentionnellement, de manière cohérente, à plusieurs reprises, doit être condamné fermement afin d'éviter toute répétition éventuelle des erreurs du passé.

L'année dernière, "l’art des croix de pierre arméniennes" a été inclus dans la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. Cette année, nous avons été heureux d'exposer l'art merveilleux de ces ‘Khatchkar’ arméniens à l'exposition qui s'est tenue au Siège de l'UNESCO.

Malheureusement, des milliers de ces croix de pierre du cimetière médiéval du Nakhitchevan ont été complètement détruits il y a quelques années sous les instructions et l'œil vigilant des dirigeants de l'Azerbaïdjan, pour en faire un terrain militaire. Une telle destruction des croix de pierre délicatement sculptées, créés par les maîtres arméniens pendant le Moyen Age est une manifestation de la haine aveugle envers les cultures des autres peuples.

La résolution de la 16e Assemblée générale du Conseil international des Monuments et des Sites (ICOMOS) indique concernant ce vandalisme que : "malheureusement ce patrimoine qui jouissait autrefois de sa digne place parmi les trésors du patrimoine mondial ne peut plus être transmis aujourd'hui aux générations futures."

Madame la Présidente,

Le 500ème anniversaire de l'impression de livres arméniens sera célébré l'année prochaine. Cet anniversaire coïncide avec la proclamation par l'UNESCO, de Erevan comme Capitale Mondiale du Livre 2012. À cette occasion, un certain nombre d'événements spéciaux sera organisé et nous nous réjouissons de la participation active des Etats membres de l'UNESCO à ces manifestations.

Extrait de la Radio Publique d’Arménie


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* Libre opinion *

Que recherche l'Azerbaïdjan en rentrant au Conseil de Sécurité ?

Après de nombreux tours de scrutin, l'Azerbaïdjan a finalement été élu comme membre non-permanent  du Conseil de Sécurité de l'ONU. Le fait en lui-même serait sans importance, sauf si vous prenez en compte que ce lieu est devenu une "salle de réunion", où chacun est libre de s'exprimer, sans avantage aucun. Au cours des 20 dernières années, c'est-à-dire après l'effondrement de l’Union soviétique, l'Organisation des Nations Unies est depuis longtemps devenue un fourre-tout, dans laquelle les pays musulmans avec les Etats-Unis jouent les premiers rôles pour la simple raison qu'ils sont plus nombreux que les autres.

Concernant la rentrée de l'Azerbaïdjan au CdS, il convient de noter que nous avons ici simplement une rotation régulière qui n'a rien à voir avec le poids politique de ce pays ou avec son influence sur les processus mondiaux. En fait le Conseil de sécurité, qui doit être une institution avec des membres non-permanents et des membres permanents ayant le droit de veto, est devenu en fait une structure obsolète avec des décisions incompréhensibles du point de vue du sens commun. On comprend très bien que Bakou ait gaspillé beaucoup d'argent pour se faire élire afin de déplacer le règlement du conflit du Karabakh à New York. Les membres de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), dans laquelle l'Azerbaïdjan joue un rôle majeur, ont voté, bien évidemment, en faveur de Bakou, soit 57 pays. Un avantage numérique simple, qui a toujours été un facteur majeur dans ce genre d’élection.

Mais revenons au conflit du Karabakh. Bakou ne sera pas en mesure de faire changer le format, puisque les trois pays coprésidents, qui ont un pouvoir de veto, bloqueront cette initiative, ainsi que toutes les initiatives dans ce sens. En outre, Bakou verra que la Turquie, qui est son modèle attitré, et qui est aussi membre non-permanent du CdS, ne brille pas spécialement, alors que sa politique étrangère n’est pas basée seulement sur un sujet,  comme le conflit du Karabakh par exemple. Alors, qu’espère l'Azerbaïdjan de ce poste ? Est-ce seulement pour verrouiller les activités de son pétrole et de son gaz ? Mais ce n’est pas du ressort du CdS. Ainsi, Bakou ne tirera aucun profit de cette douteuse "supériorité" sur l'Arménie. D’ailleurs, il en serait de même pour l'Arménie, si elle souhaitait devenir aussi un membre non-permanent du Conseil. Cela reste un poste prestigieux, cela flatte la vanité, mais pas plus.

N’oublions pas que si l'Azerbaïdjan a été élu, c’est également parce que la Slovénie a retiré sa candidature après dix tours de scrutin. Bakou a été considéré comme faisant partie de l’Europe orientale, alors qu’aucune carte au monde n’indique que le Sud-Caucase est en Europe. Mais, revenons à l'époque de l'effondrement de l’URSS et à la formation de la CEI. Dans un contexte d'euphorie générale et voulant affaiblir la Russie, l’Europe de l’Est et la CEI ont été déclarées ‘européennes’, c'est à dire dans la zone d’intérêts de l'Europe et de l'OSCE, qui s'étend du coup de Vancouver à Vladivostok. Suivant cette logique, non seulement le Sud-Caucase relève de l’Europe de l'Est, mais également le Kazakhstan ! En fait, les Etats-Unis tentent de jeter un "flou" sur les frontières de l'Europe et affaiblir ainsi son influence, tentative en voie de réussite. De même Washington ne bénéficie plus maintenant de l'influence qu'il avait sous les présidents précédents. La promotion de "ses amis" à l'ONU procède exactement de cette approche. L'administration américaine est tout simplement réticente à accepter la menace islamiste, et l'Azerbaïdjan, quelle que soit le vêtement ‘laïc’ qu’il porte,  reste un pays musulman, et il n'y a aucune garantie qu'il ne choisira pas la voie de la Turquie ou celle de l'Iran.

Bien évidemment,  Bakou a immédiatement commencé à parler d’une victoire exceptionnelle de la diplomatie azerbaïdjanaise et du président Ilham Aliev. Selon Elnur Aslanov, le Chef du Département d'analyse politique et de l'information de l'administration présidentielle, le CdS servira de plateforme pour confirmer à la communauté internationale la justesse de la position azerbaidjanaise concernant la résolution du conflit du Haut-Karabakh.

Comme pour Aliev lui-même, il n'a pas encore dirigé la parade militaire du 21 Septembre à Erevan, et dans chacun de ses discours il essaie de faire passer ses souhaits pour de la réalité : "Les Arméniens n'ont pas le meilleur équipement militaire -  ses soldats ne sont pas correctement formés – les religieux servent dans l'armée - etc." Espérons que cette élection va balayer la vague d'arrogance des responsables azerbaïdjanais, et qui vont finalement se rendre compte que tout n'est pas mesurable à l’aune des hydrocarbures ou de l'argent, et que la fin lamentable de Kadhafi peut arriver à n'importe quel dirigeant assis sur les richesses en pétrole et en gaz, et qui s’efforce de poursuivre une politique indépendante. En clair, Bakou n'a pas suffisamment de raisons pour être aussi optimiste, mais bien sûr, encore faudrait-il qu’il y ait quelques dirigeants raisonnables et clairvoyants en Azerbaïdjan pour en prendre conscience.

Karine Ter-SahakianPanArmenian.net – DépartementAnalyse