Les Principes de base de Madrid et le conflit du Haut-Karabakh

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

L'Azerbaïdjan a totalement changé de stratégie dans les négociations de paix avec l'Arménie. Depuis novembre 2007, Bakou trainait les pieds refusant les termes des Principes de Madrid, car ils ne prenaient pas en compte le principe d'intégrité territorial du pays. Il passait donc pour un empêcheur de tourner en rond, le ‘mauvais élève' aux yeux des médiateurs.

Pour renverser cette situation bloquée, les coprésidents ont quelques peu modifié les principes de bases, en les ‘mettant à jour'. Si l'on retrouve effectivement la notion de droit à l'autodétermination des habitants du Haut-Karabakh, réaffirmé récemment par l'ONU, celle-ci est repoussée à une date très incertaine et dans des conditions pas du tout claires.

C'est-à-dire que le processus de paix n'a plus une vision globale (avec mise en place par étapes) mais avance étapes par étapes. On trouvera évidemment dans les premières étapes la restitution de toutes les zones tampons, ou zones de sécurité, entourant le Haut-Karabakh, avec pour tout lien entre l'Arménie et le Haut-Karabakh, une liaison terrestre sous double contrôle arméno-azéri, des forces internationales de paix réparties dans la région et des centaines de milliers d'azéris réinstallés dans toutes ces zones.

La différence peut paraître subtile, mais si la négociation se fait étapes par étapes, rien n'empêchera l'Azerbaïdjan de bloquer les discussions dans le déroulement de ce nouveau processus. Et entre-temps Bakou aura récupéré ses sept districts et le statut final du Haut-Karabakh sera repoussé aux calendes grecques.

Cela s'appelle un marché de dupes.

La question qui se pose est la suivante : Pourquoi les coprésidents se sont-ils mis à favoriser la démarche prônée par Bakou ?

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* Principes de base


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"Nous avons reçu des réponses de la partie arménienne ce qui concerne la mise à jour de Principes de Madrid. Seulement toutes les propositions ne sont pas acceptées par l'Arménie. Azerbaïdjan les accepte et indique qu'il attend les résultats des contacts des coprésidents avec la partie arménienne," a déclaré le coprésident russe, Yuri Merzlyakov, aux journalistes à Stepanakert.

"Cependant, nous ne considérons pas la situation comme acquise. Il y a quelques années la même situation a été observée vis à vis des principes de Madrid, l'Arménie les avait accepté mais il s'est avéré qu'elle ne les acceptait pas complètement, tandis que l'Azerbaïdjan avait refusé de les accepter et nous avons travaillent depuis pour parvenir à un résultat coordonné." Merzlyakov a également noté que les parties étaient tombées d'accord sur les principes de Madrid, à l'exception de quatre points.

L'une des parties a déclaré qu'elle est d'accord avec les principes à l'exception de quelques points. Maintenant, c'est l'autre partie qui fait la même déclaration.


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Le coprésident français, Bernard Fassier, a relevé à son tour que "les propositions sur les principes de Madrid sont toujours en discussion et que les côtés parviennent périodiquement à un accord sur certains points, ce qui prouve le sérieux du processus et contribue à la compréhension mutuelle." Il a exprimé l'espoir que le cadre de la compréhension mutuelle pourrait être élargi.

"La guerre n'est pas une option. Une nouvelle guerre ne va pas changer l'histoire et la géographie et ne fera qu''aggraver davantage le problème," a conclu Fassier.

* Groupe de Minsk : Déclaration


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"Les Coprésidents du Groupe de Minsk (les Ambassadeurs Yuri Merzlyakov, de la Fédération de Russie, Bernard Fassier, de la France, et Robert Bradtke, des États-Unis) se sont rendus à Erevan et dans le Haut-Karabakh du 26-au 29 Mars. Le 27, ils ont informé les autorités de Stepanakert sur l'état actuel des négociations.

Le 28 à Erevan, les coprésidents ont rencontré le président Serge Sarkissian et le ministre des Affaires étrangères Edouard Nalbandian pour discuter des commentaires arméniens sur les Principes fondamentaux relatifs au règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh. Sur place, les coprésidents ont également eu un certain nombre d'autres entretiens bilatéraux distincts.

Après les récentes rencontres entre les coprésidents et les parties tant à Paris que dans la région, les coprésidents notent avec satisfaction l'engagement des deux parties de parvenir à un règlement pacifique dans le cadre des principes de Madrid."

* David Babayan


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"Les approches des deux parties vers un règlement du conflit du Karabakh sont différentes, et le processus va durer longtemps", a déclaré David Babayan, le conseiller du Président de la RHK à ‘Radiolour', commentant la visite à Stepanakert des coprésidents du Groupe de Minsk, à l'issue de leur rencontre avec le président Bako Sahakian.

La mise à jour de principes de Madrid présentée aux Présidents arménien et azerbaïdjanais est interprétée par les parties de manière différente. Les autorités de Bakou qui avaient rejeté obstinément le fait que les négociations étaient fondées sur les principes de Madrid, déclarent que la mise à jour du document est acceptable. Ce qui fait dire aux analystes politiques qu'il y aurait une vision déformée des principes mis à jour.

"La position de l'Artsakh sur le règlement du conflit n'a pas changé", a indiqué Babayan, ajoutant qu'il ne pense pas que la résolution du problème soit possible dans les cinq prochaines années.

"Il est impossible de parvenir à une solution tant que Bakou ne change pas sa position," a précisé le Conseiller. Selon lui, une possibilité reprise de la guerre est peu probable, car il y a équilibre entre les forces.

* Samvel Babayan


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Plus pessimiste, l'ex-ministre de la Défense de la République du Nagorno-Karabakh (RHK), Samvel Babayan, ne voit pas non plus de solution politique au conflit au cours des cinq prochaines années.

"L'Arménie a stimulé le développement économique afin d'être en mesure de résister au choc. Le Président arménien ne fera pas de concessions, toutes ses déclarations doivent être considérées dans un contexte politique", a déclaré Samvel Babayan lors d'une conférence de presse, ajoutant que tous les développements conduisent aujourd'hui à une résolution du problème par voie militaire, et que la situation est dangereuse.

Radio publique d'Arménie