La Turquie et la liberté d’expression



***

Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

***

Commentaires

On ne peut qu’adhérer à 101% à la tragédie qu’a subie la France dans ce qu’elle a de plus précieux : la démocratie et le cortège de valeurs qu’elle sous-tend et plus particulièrement la liberté d’expression. [dessin de feu Tignous]

Lorsque le président Hollande a lancé urbi et orbi son invitation aux chefs d’Etat à venir participer à la marche républicaine de dimanche, on aurait pu penser que cela concernait les dirigeants des pays démocratiques, respectueux de la liberté d’expression et plus particulièrement de la liberté des médias.

Aussi on s’attendait à voir au premier rang le président Barak Obama, ou à défaut son Secrétaire du Département d’Etat John Kerry, lequel s’était fendu d’un discours en français pour honorer les morts du 7 Janvier, et au lieu de cela on a vu des dirigeants pour qui la liberté d’expression occupe un rang très éloigné dans leurs priorités ; je veux parler du premier ministre turc Ahmed Davutoglu.

Quand on sait que ce pays occupe la première place du classement des pays ayant le plus grand nombre de journalistes emprisonnés pour délit d’opinion, on se demande à quoi pensait le gouvernement français en invitant des dirigeants de cet acabit ? Et pourquoi pas le président chinois Xi Jinping pendant qu’on y était ?

Donc, voir un dirigeant turc au premier rang ne semble pas avoir dérangé grand monde, alors que la Turquie depuis des années laisse passer vers la Syrie des Djhadistes et des terroristes de tous poils, des combattants soi-disant pour la liberté et la démocratie dont le but premier est de briser le semblant d’état syrien pour installer un état islamique. Non content d’agir de la sorte, Ankara interdit aux Kurdes d’aller aider leurs frères qui se font massacrer et, cerise sur le gâteau : poursuit son hypocrisie en écoulant au marché noir le pétrole du Daesh.

Vous me direz quand on est français d’origine arménienne, on est mal placé pour parler de liberté d’expression alors que la communauté arménienne réclame depuis des années une loi pénalisant la négation du génocide arménien.

Qu’en déplaise aux dénigreurs, même hauts placés, de cette loi, pénaliser le déni de génocide ne signifie pas étouffer la liberté d’expression car les quelques juristes qui composent le lobby anti-arménien tout comme certaines personnalités du Conseil Constitutionnel, savent très bien que toute loi a ses exceptions. En l’occurrence, sans être un spécialiste du droit, un quidam quelque peu curieux sait que la liberté d’expression a ses limites, et ne peut pas :
- porter atteinte à la vie privée et au droit à l’image d’autrui ;
- tenir de propos diffamatoires ;
- tenir des propos injurieux ;
- tenir certains propos interdits par la loi : l’incitation à la haine raciale, ethnique ou religieuse, l’apologie de crimes de guerre, les propos discriminatoires à raison d'orientations sexuelles ou d'un handicap, l’incitation à l'usage de produits stupéfiants, le négationnisme.

Il serait peut-être temps au président Hollande dans l’année du centenaire du génocide arménien de tenir sa promesse et d’introduire la loi pénalisant le déni de génocide, peut-être que les "sages" du Conseil Constitutionnel regarderont cette fois-ci  le fond plutôt qu'une approche politico-économique avec un état islamiste même modéré. 

Vous me direz, il y a tellement de promesses bien plus importantes non-tenues, alors celle des Arméniens …

*** 

Traductions – revue de presse

***

Arménie

«Il ne peut y avoir de mouvement positif dans le processus de paix au Karabakh puisqu'il n'y a aucune confiance entre les parties. En parlant de confiance, je veux dire la possibilité et la volonté de mettre en œuvre les arrangements qui ont été conclus. Dans le cas de l'Azerbaïdjan il n'y a pas la confiance que les engagements seront réalisés, et cela a été prouvé à de nombreuses occasions. Dans le cas de l'Arménie, le problème est le manque de possibilité. Serge Sarkissian n'a aucun contrôle sur la situation de présenter publiquement ses approches et sa perception du règlement du conflit avec des concessions mutuelles,» a déclaré un des responsables de l'opposition CNA.

Suite

***

Artsakh

Le ministère de la Défense de la République du Haut-Karabakh a rapporté que le samedi 3 janvier deux soldats des Forces armées du Karabakh ont été tués alors qu'ils tentaient de repousser une attaque des forces azerbaïdjanaises sur les fronts Sud et Est de la ligne de contact Karabakh et l'Azerbaïdjan.

"Nous condamnons fermement les actions subversives menées par les forces armées azerbaïdjanaises dans la nuit du 2 au 3 Janvier sur la ligne de contact avec l'armée de défense de l'Artsakh qui ont fait des victimes. Nous exprimons nos plus sincères condoléances aux familles et aux proches des soldats tués.

Avec cette nouvelle provocation Bakou continue

Suite

***

Turquie

Le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré que pour le 100e anniversaire de la tragédie, Ankara va contester «activement» la campagne de pression sur la Turquie pour qu’elle reconnaisse les massacres d'Arméniens durant la première guerre mondiale comme étant un génocide.

Une des sessions de la Conférence annuelle des ambassadeurs sera consacrée à la définition d'une stratégie pour contrer la campagne lancée par l'Arménie et la diaspora arménienne.

«Je crois que le ministère des Affaires étrangères et les institutions concernées vont contrer activement ces allégations,» a déclaré
 
Suite
 
***

Azerbaïdjan

Extraits du discours d’Ilham Aliev sur le bilan 2014 :

"Malheureusement, l'année dernière il n’y a eu aucun progrès dans le règlement du conflit arméno-azerbaïdjanais sur le Haut-Karabakh.

Je crois que pour nous et pour les intermédiaires, ce n'est plus un secret que l'Arménie ne veut pas la paix. L'Arménie ne veut pas que ce conflit soit réglé et ne veut pas quitter les terres occupées. Malgré le fait que les présidents du groupe de Minsk de l'OSCE ont dit à plusieurs reprises que le statu quo était inacceptable, mais ce sont seulement des mots qui n'ont aucun sens politique sérieux. Si le statu quo est inacceptable - et, bien sûr que c'est inacceptable – on doit alors prendre des mesures. Il faut une pression forte sur l'Etat agresseur, et le forcer à se retirer des terres occupées. Sinon, ce sera une sorte d'hypocrisie. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté 4 résolutions, lesquelles sont restées lettre morte depuis 20 ans. Il s'agit là

 
***

Russie

«En 2014, la Russie a entrepris des efforts concertés pour résoudre les conflits dans les territoires de la CEI. La réunion de Sotchi, entre les dirigeants arméniens et azerbaïdjanais sous l’égide président Vladimir Poutine, est devenue une étape importante dans les efforts de médiation de la Russie dans le règlement du conflit du Karabakh, permettant de désamorcer les tensions dans la zone de conflit.

La Russie a entrepris une participation active à la troïka des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, et avec les médiateurs a participé à cinq réunions entre les dirigeants arméniens et azerbaïdjanais, à une série de consultations avec les ministres des Affaires étrangères des deux parties, ainsi qu’avec les autorités du Haut-Karabakh," a déclaré le ministère des Affaires étrangères de la Russie.

***

Etats-Unis
 
"Le Département d'Etat américain est préoccupé par les allégations de violations du cessez-le-feu à la ligne de contact, ainsi que par les victimes de ces derniers jours.

Ces incidents ne correspondent pas aux engagements pris par les présidents arménien et azerbaïdjanais de parvenir à un règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh. En tant que pays coprésident du Groupe de Minsk, nous continuons à exhorter les deux parties, comme vous l’avez noté, au plus haut niveau de s’engager dans des négociations qui pourraient conduire à un accord de paix et à adopter des mesures pour réduire la probabilité de tels événements le long la ligne de contact et le long de la frontière. Cela continue d'être notre objectif ", a déclaré le représentant officiel du Département d'Etat Jen Psaki.

***

Grande-Bretagne

«Tous ceux qui, comme la Grande-Bretagne, qui se considèrent comme des amis à la fois de la Turquie et de l'Arménie, espèrent des progrès dans la normalisation arméno-turque. Nous avons soutenu fermement les Protocoles de 2009 et avons constamment exhorté leur ratification sans conditions préalables. En particulier avec la prochaine année du centenaire, notre rôle sera de faire tout notre possible pour soutenir la réconciliation et la normalisation arméno-turque,» a déclaré l'ambassadeur britannique en Arménie, Katherine Leach.

«Le Royaume-Uni reconnaît l'importance pour ces deux pays de faire face ensemble à leur terrible histoire commune et de trouver une voie à suivre pour l'avenir. Nous espérons beaucoup que pas en avant peut être prise en 2015," a-t-elle souligné.

***

Israël

«Israël n'envisage pas de reconnaître le génocide arménien perpétré par la Turquie. Israël est un pays démocratique, il existe donc plusieurs opinions et non une seule. Celle du gouvernement est très claire, le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a clairement expliqué la politique d'Israël,» a déclaré l'Ambassadeur d'Israël en Azerbaïdjan Rafael Harpaz, en poste depuis 2012.

«J’espère que les relations troublées entre Israël et la Turquie vont s’améliorer. Il y a assez d’intérêts communs et de problèmes dans le monde pour nous pour coopérer. Je prendrais l’exemple de la Turkish Airlines qui est la compagnie étrangère ayant la plus grande en activité en Israël. Istanbul est le plus grand aéroport de transit pour les Israéliens. Il en va de même pour le tourisme et le commerce qui progressent. Nous espérons que nos relations politiques avec la Turquie s’amélioreront,» a-t-il ajouté.

***

Le coin des experts et des observateurs

«Les difficultés dans les relations entre l'Arménie et la Géorgie sont exclues car il n'y a pas de situations de conflit ou de perspectives d'un conflit. Les intérêts de l'Arménie et la Géorgie ne sont pas contradictoires, il peut y avoir des difficultés supplémentaires dans les relations lors de l'intégration dans les processus européen et eurasien.

Je ne vois pas de difficultés en cours ou à venir dans les relations parce l’Arménie et la Géorgie ont leurs propres chemins. Le principal est que l'équilibre dans le Sud-Caucase soit maintenu", a indiqué le politologue géorgien  
 

***
 **
 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, de Today.az et de Zaman