La réponse de l’Azerbaïdjan à la communauté internationale

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

 

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Plus la communauté internationale demande à Bakou de respecter les normes internationales ainsi que les engagements pris lors des réunions trilatérales de Moscou des 9 novembre 2020 et 11 janvier 2021, plus Ilham Aliev rigidifie sa position.

 

Il a pour ce faire suffisamment de moyens pour ne pas s’exécuter et faire pression sur Erevan.

 

En premier, ce sont ses militaires qui franchisent allègrement la frontière arménienne, et quand ce n’est pas possible, sa soldatesque se défoule sur ce qui est à portée de tir : militaires bien sûr, des équipements, des constructions, des animaux, voire des civils. Il réitère en fait la méthodologie qu’il a utilisée contre le Haut-Karabakh. Objectif : Titiller en permanence l’adversaire pour le pousser à la faute, c'est-à-dire à la reprise des hostilités.

 

En deuxième lieu, la masse de prisonniers arméniens, militaires et civils, estimés à près de 200 personnes, qu’il détient depuis la fin de la guerre. Quand des communiqués de l’étranger le concernant tombent, il s’empresse d’intenter des procès aux détenus sous des motifs fallacieux, les faisant condamner à de lourdes peines. Les deux derniers, en date de lundi, ont écopé de vingt ans de prison. Vicieux et rotor comme il est, il les a humilié leur faisant déclarer: « Nous avons été très bien traités pendant le procès. Nous nous excusons auprès du Président de l'Azerbaïdjan, du peuple azerbaïdjanais et de la Cour. Nous vous supplions de nous pardonner. » Staline doit pâlir de jalousie !

 

Sur le plan culturel, même l’UNESCO n’a pas le bras assez long pour faire valoir ses choix. La visite des territoires passés sous contrôle de l’Azerbaïdjan, qu’elle a finalement obtenu des autorités de Bakou, concerne exclusivement les monuments et sites azéris, cimetières compris, laissés à l’abandon [et non, rasés] depuis la première guerre de 1993-94. Les monuments cultuels arméniens, du moins ceux qui ne sont pas sous protection des soldats de la paix russes, sont : soit qualifiés d’ex-monuments oudis, soit habilement détruits en commençant par le clocher, comme la cathédrale de Chouchi par exemple. La destruction de masse façon cimetière arménien du Vieux-Djougha au Nakhitchevan en 2005 n’est plus de mise et ferait désordre en 2021.

 

Autre sujet de satisfaction, et non des moindres, l’apathie des coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE qui depuis 25 ans s’escriment à faire admettre aux parties en conflit ce qu’il y a lieu de faire, le tout avec moult diplomatie sans vexer ni nommer personne. Si l’Arménie a donné son accord aux propositions des médiateurs, le potentat azéri n’a jamais signé quoi que ce soit, et surtout pas deux des trois principes de base (non usage de la force ou de la menace d’usage de la force ; égalité des droits et autodétermination des peuples) ne retenant que la notion d’intégrité territoriale.

Dernier exemple, en date de mardi, la conversation téléphonique Pachinian-Macron, dans laquelle le président français soutient l’Arménie, est à ses côtés, mais sur le terrain face aux troupes azéries, le soutien reste … moral. Même les observateurs internationaux ne sont pas là, merci l’OSCE.

 

Enfin, le temps joue pour lui. Non seulement ses liens avec la Turquie se renforcent de mois en mois, mais le mandat des soldats de la paix russes, qui assure la sécurité du Haut-Karabakh, est limité dans le temps. 5 ans renouvelables à compter du 9 novembre 2020. Mandat qu’il se gardera bien de renouveler. N’a-t-il pas répété que le conflit du Haut-Karabakh est terminé, et qu’il existe maintenant une province azerbaidjanaise dénommée ‘Karabakh’.

 

Face à cela, il reste peu de possibilités à l’Arménie.

 

Il ne peut être question d’une quelconque option militaire, le dictateur n’attend que cela pour envahir la province du Syunik afin de créer son ‘corridor’ du Zanguézour et au passage couper la route de l’Iran à l’Arménie.

 

Ses appels à la communauté internationale se soldant toujours par des communiqués génériques, le premier ministre s’appuie exclusivement sur les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE qui sont toujours officiellement en charge de règlement du conflit du Haut-Karabakh. Mais là aussi le soutien est verbal, même si une aide financière et humanitaire est envoyée.

 

L’OTSC qui est sensé intervenir lorsque l’un de ses membres est attaqué ou son territoire envahi, tergiverse. Aussi, les espoirs de Pachinian reposent essentiellement sur la Russie, non pas en tant que coprésident du groupe de Minsk de l’OSCE, mais comme allié conformément à l’accord militaire arméno-russe d’aout 1997 qui prévoit la présence de soldats russes sur le sol arménien jusqu’en 2044 (base 102 de Gumri où stationnait la 127ème division motorisée de fusillers soviétique). Dernière base russe existante dans le Sud-Caucase depuis l’époque soviétique, qui permet notamment d’avoir des gardes-frontière russes sur la frontière arméno-turque.

 

Vu les derniers accords de fusion entre Ankara et Bakou, peut-être qu’une révision de l’accord de 2010 permettrait d’étendre cette protection sur la frontière avec l’Azerbaïdjan, Nakhitchevan compris. Il est très improbable que le laquais d’Erdoğan s’amuse à cibler des soldats russes. 

 


 

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Traductions – revue de presse

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Armenpress, de Azernews, du Parlement européen, et de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe


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Arménie

 


Le Premier ministre Nigol Pachinian, a déclaré :

 

"L'Azerbaïdjan continue d'appliquer une rhétorique et des actions agressives, tout en laissant sans réponse toutes les propositions de la communauté internationale visant à une solution politique et durable de la situation, y compris la déclaration du 13 avril des coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE qui a appelé à la reprise des négociations.

 

L’Azerbaïdjan tente de perturber toute possibilité de dialogue par toutes ses actions, en discréditant les déclarations du 9 novembre et du 11 janvier par sa rhétorique et ses actions.

 

Il poursuit les procès fictifs des prisonniers de guerre arméniens, les condamnant à de longues années de prison. Une attention particulière doit être accordée au fait que

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Union européenne

 


La présidente de la délégation pour les relations avec le Caucase du Sud, la députée européenne Marina Kaljurand, le rapporteur permanent du Parlement européen sur l'Arménie, le député européen Andrey Kovatchev, et le rapporteur permanent du Parlement européen sur l'Azerbaïdjan, la députée européenne Željana Zovko, ont publié vendredi 30 juillet une déclaration sur la affrontements meurtriers entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan

 

« Nous déplorons la mort de trois militaires arméniens le 28 juillet lors d'affrontements avec les forces azerbaïdjanaises à la frontière de la province arménienne de Gegharkunik après que des positions arméniennes et plusieurs villages ont été la cible de tirs depuis tôt le matin, et exprimons nos sincères condoléances à leurs familles. Malheureusement, 

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APCE

 


Paul Gavan,
rapporteur de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) sur les « Conséquences humanitaires du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan », a appelé à désamorcer et à respecter un cessez-le-feu après des incidents frontaliers qui ont causé la mort de militaires.

 

"Il y a malheureusement eu une augmentation constante des incidents entre mai et juillet de cette année, et ceux-ci ont atteint un nouveau niveau avec des victimes humaines regrettables, ce qui me préoccupe beaucoup.

 

Les problèmes humanitaires de longue date qui affectent la vie des individus, de chaque côté de la frontière, ne peuvent être résolus que si la violence cesse. J'exhorte toutes les personnes concernées à faire preuve de responsabilité afin de construire la paix et la réconciliation. »

 

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Russie

 


« Moscou appelle Bakou et Erevan à s'abstenir d'actions qui pourraient aggraver encore la situation à la frontière, » a déclaré un porte-parole adjoint du ministère russe des Affaires étrangères, Alexander Bikantov, dans un communiqué vendredi 30 juillet.

 

« La situation à la frontière arméno-azerbaïdjanaise restait tendue. Nous exhortons les deux parties à s'abstenir d'actions qui pourraient aggraver davantage la situation et à résoudre tous les problèmes par des moyens politiques et  

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France

 


Le Premier ministre arménien nouvellement nommé s’est entretenu téléphoniquement avec le président Emanuel Macron.

 

Le président français l’a félicité pour sa nomination au poste de Premier ministre et a salué la mise en œuvre ininterrompue des processus démocratiques dans le pays.

 

Nigol Pachinian l’a informé sur les récentes provocations à la frontière avec l'Azerbaïdjan, ainsi que sur la rhétorique agressive de leurs dirigeants, soulignant que leur objectif est de déstabiliser la situation dans la région. Il a également jugé inadmissibles 

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OTSC

 


Selon le site officiel de l'Organisation du Traité de Sécurité Collective, Stanislav Zas a présenté ses sincères condoléances aux familles des 3 militaires arméniens tués lors des affrontements militaires à la frontière arméno-azérie le 28 juillet et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés.

 

« Le risque d'une nouvelle escalade de la situation régionale est très préoccupant, ce qui peut avoir un impact négatif sur la mise en œuvre des accords trilatéraux signés le 10 novembre 2020 entre les dirigeants de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan et de la Russie. Nous considérons que le recours à la force est inadmissible. Seules les méthodes politico-diplomatiques doivent être utilisées pour résoudre les divergences. Je salue les efforts de la Russie visant à la stabilisation de la situation dans la région. »

 

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Azerbaïdjan

 


Le procès de deux Arméniens, accusés d’avoir torturé des prisonniers azerbaïdjanais pendant la première guerre du Karabakh, ont été condamnés à 20ans d’emprisonnement.

 

Pire, on les a obligés de remercier le tribunal et le personnel impliqué dans l'enquête, déclarant : « Nous avons été très bien traités pendant le procès. Nous nous excusons auprès du Président de l'Azerbaïdjan, du peuple azerbaïdjanais et de la Cour. Nous vous supplions de nous pardonner. »

 

En juillet, un tribunal azerbaïdjanais a condamné 39 prisonniers de guerre arméniens à six ans de prison, les déclarants coupables de « franchissement illégal de la frontière et possession d'armes ».

 

Toujours en juillet, 14 membres des forces armées arméniennes ont été condamnés à diverses peines de prison, tandis qu’un autre captif arménien citoyen libanais, a écopé de 20 ans de prison à la mi-juin.

 

 

 

 

 

 

 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Armenpress, de Azernews, du Parlement européen, et de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe