Accord d'Association UE-Arménie

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Transformer la société, les hommes et surtout les habitudes héritées de 70 ans de régime communiste est un travail effectivement long et compliqué. Depuis la chute de l'URSS en 1989, l'Arménie comme nombre d'autres pays du bloc a subi grosse émigration essentiellement pour des raisons économiques. L'amélioration du niveau de vie et des libertés en générales, devraient non seulement stopper cette tendance mais surtout l'inverser, surtout par ces temps de crise mondiale.

Seulement, vouloir dissocier ces actions de l'UE de la politique en générale est un vœu pieux. Qu'on le veuille ou non, les décisions du Parlement et/ou du Conseil des ministres européen influent sur la politique étrangère de ces pays, et plus particulièrement sur la politique régionale des trois pays du Sud-Caucase.

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L'Arménie a commencé lundi le premier tour des négociations avec l'Union européenne pour un ‘accord d'association' qui améliorera sensiblement ses liens politiques et économiques avec l'UE.

L'accord issu du programme de Partenariat oriental de l'UE pour six anciennes républiques soviétiques [1] , ouvrira pour ces pays un régime de libre-échange permanent avec l'Union européenne et faciliter les procédures de visa pour ses citoyens voyageant dans l'Union. Il prévoit également une harmonisation des lois, des règlements et des politiques gouvernementales avec les normes de l'UE.


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Avant que ne démarrent les négociations, le ministre des Affaires étrangères arménien, Edouard Nalbandian, a eu une réunion avec le chef de la délégation de l'UE, Gunnar Wiegand, et président de la Direction Europe de l'Est, Caucase et Asie centrale. Dans son allocution d'ouverture, le chef de la diplomatie arménienne à souligné un certain nombre de points :

"Notre volonté d'approfondir les relations avec l'Union européenne a été réaffirmée lors de la visite du Président Serge Sarkissian à Bruxelles en mai.

Les liens entre l'Arménie et le peuple arménien avec l'Europe sont aussi vieux que le continent européen. Ils remontent à la profondeur des siècles, à l'époque, quand les fils éclairés de notre nation ont contribué à la formation du système de valeurs appelé les valeurs européennes.

Depuis l'indépendance, l'Europe a été une de nos priorités de politique étrangère. Nous attachons une grande importance à l'approfondissement des relations avec l'Union européenne. À cet égard, le partenariat oriental ouvre des perspectives d'établissement de relations de qualité nouvelle, en particulier grâce à l'Accord d'association," a-t-il déclaré.

Selon le ministre Nalbandian, la coopération entre l'UE et l'Arménie a beaucoup progressé dans les domaines de la politique étrangère, du dialogue politique, de la justice, des libertés et de la sécurité, de la coopération économique et énergétique, etc.


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Le chef de la délégation européenne a présenté la déclaration de bienvenue du Haut Représentant de l'UE, et Vice-présidente de la Commission européenne, la baronne Catherine Ashton, pour l'ouverture des négociations.

"Il s'agit d'un Accord ambitieux, de grande envergure. Cela aura un effet durable sur la manière dont le pays organisera son économie et la façon dont nous conduirons le processus de réforme permettra à l'Arménie de se rapprocher encore plus de l'Union européenne," a déclaré le chef de la délégation pour l'Arménie, aux journalistes à Erevan.


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Côté arménien, la délégation est conduite par la Vice-ministre des Affaires étrangères, Karine Kazinian, laquelle a confirmé que le processus de négociation prendra des années. "Nous avons déjà identifié les domaines à partir desquelles nous allons commencer, mais il est difficile de dire combien de temps cela prendra : trois, quatre ou cinq ans. Mais la chose importante est que les négociations aient commencé et que nous sommes prêts pour ce faire. Nous sommes également prêts à n'épargner aucun effort pour suivre les lignes directrices que nous avons avec l'Union européenne et pour mener le processus à son terme," a-t-elle souligné à la conférence de presse conjointe avec Gunnar Wiegand.

Pour sa part, Wiegand a aussi refusé de spéculer sur les délais de signature de l'Accord. "Cet objectif est ambitieux, et l'ambition a besoin de temps pour bien faire les choses. Nous serions certainement de mauvais gestionnaires pour fixer maintenant artificiellement une date limite. Nous voulons obtenir un bon Accord avec des effets durables pour tous les citoyens."

Des équipes distinctes de négociateurs européens ont entamé des pourparlers similaires avec les gouvernements géorgien et azerbaïdjanais en fin de semaine dernière. Dans une déclaration publiée avant l'entretien, Catherine Ashton avait exprimé sa confiance que les Accords d'association seront ‘un catalyseur pour les réformes intérieures" dans les trois Etats du Sud-Caucase.

L'exécutif de la Commission européenne a déjà prévu une première tranche de 32 millions d'euros (40 millions de dollars) pour financer ces réformes.

La démocratisation, la protection des droits de l'homme et un meilleur Etat de droit, sont une autre condition énoncée pour la participation de l'Arménie dans le partenariat oriental.

Gunnar Wiegand a insisté sur le fait que l'UE suivra de près les développements politiques dans le pays et le respect par les autorités arméniennes des droits de l'homme. Il a rejeté les critiques de l'opposition comme quoi l'UE a été indulgente envers le gouvernement de Serge Sarkissian, en raison de sa politique, soutenue par l'Occident, concernant la Turquie et le conflit du Haut-Karabakh. "Nous séparons les normes démocratiques et les droits de l'homme, des défis multiples que mène l'Arménie en politique régionale et étrangère," a précisé le Haut-fonctionnaire européen.

Tous les ministères et organismes gouvernementaux concernés sont impliqués dans les négociations.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et de Armenialiberty




[1] Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Moldavie, Ukraine et Biélorussie