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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires
De même que le processus arméno-turc est dans une impasse depuis Avril dernier suite à l'intransigeance de la Turquie sur le conflit du Karabakh, le processus de négociations arméno-azerbaidjanais prend le même chemin suite au refus répété de Bakou d'appliquer le principe d'autodétermination des peuples au Haut-Karabakh ; ou pour être plus exact, que le résultat du référendum sur le statut final ne peut pas être l'indépendance.
A l'inverse du premier processus, dans lequel Ankara n'a rien à perdre, et qui ressemble en fait une normalisation gelée, celui du Karabakh n'a rien d'un conflit gelé ; les snipers azéris se faisant un malin plaisir de tirer sur tout ce qui bouge sur la ligne de contact. Et quand cela ne suffit pas, Bakou lance des commandos contre des postes frontières, le tout sous-tendu par les discours belliqueux et les menaces de guerre non voilées de l'équipe Aliev.
Le mandat du groupe de Minsk [1] et par voie de conséquence celui des coprésidents se déroule dans un contexte de médiation. Par contre la politique des grandes puissances (américain, russe et français) n'est pas limitée. Pourtant, ce ne sont pas les façons qui manquent pour faire entendre raison au pays récalcitrant, mais certainement pas en lui achetant son pétrole ou son gaz et en l'aidant à se surarmer.
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** Déclaration du Groupe de Minsk **
Suite à la réunion entre les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE et les membres du Groupe de Minsk, la déclaration suivante a été faite :
"Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE (l'Ambassadeur français Bernard Fassier de la France, l'Ambassadeur américain Robert Bradtke et l'Ambassadeur de la Fédération de Russie Igor Popov) ont rencontré les membres du Groupe de Minsk le 28 Juillet, à Vienne (Autriche).
Ils ont informé le Groupe de Minsk sur les récents développements dans les négociations sur le règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh, et notamment - sur les discussions de Saint-Pétersbourg le 17 Juin dernier en présence des présidents de la Fédération de Russie, de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan ; - sur la réunion des chefs de délégation des pays coprésidents du groupe de Minsk avec les ministres des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et l'Arménie, tenue le même jour ; - ainsi que sur les déclarations communes adoptées à Muskoka et à Almaty par les pays coprésidents du Groupe de Minsk.
Les coprésidents ont souligné que les efforts déployés jusqu'ici par les parties en conflit n'ont pas été suffisants pour surmonter leurs divergences, et que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour renforcer le cessez-le-feu et démontrer un esprit de compromis. Pour aider les parties dans leurs efforts, les coprésidents ont convenu de visiter la région début Septembre."
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** Serguei Chakariants **
Parlant de l'évolution attendue dans le processus de négociation du conflit au Karabakh, le politique Serguei Chakariants a indiqué qu'aucune dégradation importante n'arrivera prochainement : "De nouveaux développements sont possibles à partir de la visite des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE. Nous verrons quelles nouvelles propositions ils présenteront."
Il a ajouté que les grandes Puissances commençaient à se fatiguer de la position non constructive de l'Azerbaïdjan : "Ils essaient de faire revenir l'Azerbaïdjan sur ses menaces de guerre et son désir d'actions militaires." Et d'ajouter que lors de la dernière rencontre des présidents, les propositions étaient plutôt en faveurs des Arméniens, et qu'ils ont même marqué des points.
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** Aaron Adibekian **
Le directeur du Centre Sociometer, Aaron Adibekian, a indiqué que le précédent du Kosovo a divisé l'opinion de la communauté d'experts : une partie est pour le droit des peuples à l'autodétermination, et l'autre pour l'intégrité territoriale. "Ils ont raison tous les deux," a-t-il déclaré. Selon le sociologue arménien, tout dépend des forces en présence. "L'Arménie dispose d'un sérieux avantage dans le règlement du conflit du Karabakh", a-t-il ajouté.
Il a présenté les résultats d'une étude sociologique menés par son Centre lors des dernières élections parlementaires en RHK, et a noté que 85% de la population de l'Artsakh avait voté pour l'indépendance, tandis que les 15% restant avaient estimé qu'une solution mutuellement acceptable devrait être atteinte entre les parties au conflit, seul 0,1% des votants voyait son avenir au sein de la république d'Azerbaïdjan. "Peut-être que ces personnes occupaient de Hautes fonctions à l'époque soviétique", a-t-il déclaré, ajoutant que le nombre de ceux qui soutiennent la réunification avec l'Arménie avait baissé avec le temps : "Selon les derniers chiffres, seulement un tiers de la population soutient la réunification avec l'Arménie, alors qu'ils étaient 67% lors de la déclaration d'indépendance."
Parallèlement, Adibekian a présenté les résultats d'une étude sociologique récente menée par une société américaine en Azerbaïdjan. Selon elle, moins de la moitié de la population azerbaïdjanaise estime que la RHK restera au sein de l'Azerbaïdjan. "C'est un cas évident d'avis défaitistes parmi la population azerbaïdjanaise, ce qui a versé une douche froide sur la tête surchauffée des dirigeants azerbaïdjanais," a conclu l'expert.
[1] Le groupe de Minsk est composé, en plus des trois pays coprésidents, de l'Allemagne, de la Biélorussie, de la Finlande, de l'Italie, des Pays-Bas, du Portugal, de la Suède, de la Turquie, ainsi que l'Arménie et l'Azerbaïdjan.