Haut-Karabakh : Des experts et des politiques jugent la rencontre trilatérale

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Pour Bakou, l'attitude constructive consiste à respecter l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan.

En clair, à ‘restituer' les sept districts entourant le Haut-Karabakh, lesquels seront aussitôt peuplés par les refugiés azéris au nombre de un million, puis on demandera à ces personnes (1 million d'Azéris et 150.000 Arméniens) par référendum quel statut elles veulent, sachant qu'au mieux elles pourront bénéficier d'un très haut niveau d'autonomie. Ilham Aliev refusant toute notion d'indépendance. Quant aux deux autres principes de base (droit à l'autodétermination et non-usage de la force ou de la menace de la force), ils passent à la trappe.

En attendant, il n'est pas question pour Aliev de baisser la pression sur la ligne de contact, avec des snippers toujours aussi actifs. Bakou a toujours refusé de les retirer du front.

Pas étonnant dans ces conditions qu'Erevan n'adhère pas à cette notion « d'attitude constructive ».

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Artak-Zakarian-et-Aram-Gara
"Lors du Sommet de l'OSCE à Astana, les présidents arménien et azerbaïdjanais vont se voir offrir une ‘feuille de route' sur le Haut-Karabakh. Cependant, je ne pense pas que cette tentative puisse réussir. Il y aura juste un document confirmant l'engagement des deux côtés pour une résolution pacifique du conflit," a déclaré le chef du parti ‘Temps Nouveaux', Aram Garabedian.

Il est convaincu que le processus de reconnaissance de la République du Haut-Karabakh aurait du commencer plus tôt : "Aujourd'hui, la reconnaissance n'apportera pas de changements qualitatifs, car la situation politique suggère qu'aucun pays ne reconnaîtra cette indépendance."

Aussi, selon le leader de TN, la décision de retarder le vote sur le projet de loi sur la reconnaissance de la RHK a été sage, puisque cette reconnaissance risque fort de déstabiliser la situation dans la région.

Pour sa part, Artak Zakarian, membre du Parti Républicain a fait remarquer qu'il n'y a pas pour le moment d'indications préalables à une quelconque ‘feuille de route'. Il a également confirmé la position de son parti : que la reconnaissance du Haut-Karabakh en ce moment, ne pourrait que nuire au processus de négociation.

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Levon-Chirinian_medium
A l'inverse, la reconnaissance de la République du Haut-Karabakh serait un bon choix pour l'Arménie, pour le politologue Levon Chirinian.

"Cela va corriger l'erreur diplomatique et l'Artsakh participera aux négociations en lieu et place de l'Arménie. Mais, pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de renforcer les ressources institutionnelles et humaines du ministère des Affaires étrangères du Haut-Karabakh.

Je pense que cette situation de ‘ni guerre, ni paix' va se poursuivre probablement encore une quinzaine d'années, du au fait que les ressources pétrolières et gazières de l'Azerbaïdjan commenceront à s'épuiser qu'à partir de cette date. Par conséquent, d'ici là, personne n'est intéressé par une reprise de la guerre," a souligné Chirinian.

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Le pays qui parle avec un langage de menace limite sa propre rhétorique militante suite aux accords conclus à Astrakhan. La tension sur la ligne de contact a augmenté et la réunion a été importante, car elle va aider à soulager cette tension," a déclaré l'analyste Karen Bekarian.

Selon le président de l'ONG ‘Intégration Européenne' il ne faut pas attendre grand-chose du Sommet de l'OSCE à Astana. Toutefois, la réunion de Moscou avant la conférence de l'OTAN et le Sommet de l'OSCE était compréhensible.

"Le sommet d'Astana viendra confirmer à nouveau que l'Azerbaïdjan, qui a bénéficié d'un fort soutien en 2005, devra docilement signer l'Acte final, qui stipule que le conflit doit être résolu sur les trois principes de bases : - droit des peuples à l'autodétermination ; - intégrité territoriale ; - et non-usage de la force ou de la menace de la force."

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Evidemment le discours côté Bakou est tout autre.

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Le sommet de l'OSCE qui doit se tenir à Astana début Décembre réunira les présidents et chefs de gouvernements des 56 Etats membres, 12 pays partenaires de l'OSCE, ainsi que les chefs de 68 organisations internationales.


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"Je pense que le processus de négociation, avec la participation des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE et la médiation active du président Medvedev ont créé une situation dans laquelle l'Arménie doit prendre certaines mesures et tenir une position constructive en reconsidérant sa position avant le sommet de l'OSCE à Astana. Certaines actions doivent être prises avant cette rencontre," a déclaré le chef du Département des relations extérieures du Bureau présidentiel azerbaïdjanais, Novruz Mammadov.

"Mais il est difficile de dire si cela est possible. Le côté arménien continue à s'accrocher à une position non constructive. Aussi, des efforts doivent être faits, et l'Arménie doit sérieusement penser son avenir.

La réunion d'Astrakhan a également eu lieu sur l'initiative du président Medvedev. Le but de cette réunion était d'aller de l'avant dans ce processus de négociation complexe et difficile. Réunir les trois présidents n'est pas un événement ordinaire. Tout le monde sait que le président Aliev fait tout son possible pour réaliser des progrès en vue de résoudre le conflit," a poursuivi Mammadov.

Il a indiqué que la réunion a démontré que la possibilité de parvenir à un accord et la compréhension entre les présidents étaient faibles, aussi que de nouvelles actions devaient être menées dans ce sens. Autre événement, important celui-là : le retour de la dépouille du héros national azerbaïdjanais, Mubariz Ibrahimov.

"Bien que les États-Unis et la France ont déclaré soutenir les résultats de la réunion à Astrakhan, je regrette que ces deux pays ne montrent pas plus d'efforts actifs dans la résolution du conflit du Haut-Karabakh," a conclu Mammadov, par opposition à la Russie.

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Extrait de la Radio Publique d'Arménie, de PanArménian.net et de Today.az