Haut-Karabakh : en attendant le Sommet de l'OSCE du mois prochain

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Les prévisions, qu'elles émanent de politiques ou d'experts, aboutissent quasiment toutes à la même conclusion : La nouvelle rencontre des présidents Serge Sarkissian et Ilham Aliev n'apportera rien de nouveau et encore moins un scoop.

Ceux, comme la Turquie, qui espèrent que l'Arménie fera un geste en ‘restituant' un ou deux districts entourant le Haut-Karabakh, en seront pour leurs frais. Une fois n'est pas coutume. Le groupe de Minsk de l'OSCE publiera probablement une déclaration généraliste reprenant les principes de base, appuyé en cela par la communauté internationale, pays coprésidents en tête.

Au dire de nombreux analystes, exercer des pressions n'est plus de mise par les grandes puissances, lesquelles préfèrent la méthode douce d'explication de texte. On voit ce que donne cette méthode surtout lorsque les deux antagonistes n'ont pas la même grille de lecture. Le cas de Chypre en est un parfait exemple, et le Karabakh, hélas, suit le même chemin. À croire que dans la langue turque (ottomane ou azérie), certains concepts internationaux n'ont pas d'équivalents, et plus particulièrement lorsqu'ils portent sur les valeurs.

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Brèves :

- "Le projet de résolution sur le règlement du conflit du Karabakh a été retiré de l'ordre du jour de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN," a indiqué le chef de la délégation arménienne auprès de l'AP-OTAN, le député Karen Avakian.

- L'Azerbaïdjan et la Turquie (ROKETSAN) vont se lancer dans la production en commun de roquettes de 107 et de 122 mm. Les roquettes de 107mm ont un rayon d'action plus élevés et une charge utile de 11 kg occasionnant des dégâts de 50% plus élevés que les classiques. Celles de 122mm ont une portée double (40km) que les classiques et sont équipées de deux têtes différentes.

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"La violation du droit des peuples à l'autodétermination entraîne des conséquences tragiques : guerre et destructions," a déclaré le Représentant permanent de l'Arménie auprès de l'ONU, l'Ambassadeur Karen Nazarian, lors des discussions sur le ‘Droit des peuples à l'autodétermination', qui se sont déroulées dans la cadre de la 65e session de l'Assemblée générale des Nations-Unies.

"En Artsakh les Arménien se sont battus pour leur droit à la liberté, en résistant à la guerre déclenchée par l'Azerbaïdjan et à ses tentatives pour anéantir les Arméniens de la terre de leurs ancêtres. Le peuple du Haut-Karabakh a fait le choix de sa souveraineté et a mis en place tous les mécanismes juridiques pour atteindre ce but."

L'Ambassadeur attache une grande importance au rôle et au mandat de l'ONU pour assurer la réalisation du droit à l'auto-dénonciation. Il a déclaré que la situation actuelle dans la région est le résultat de nettoyages ethniques, de massacres, d'agressions militaires et de la guerre déclenchée par l'Azerbaïdjan contre la population du Haut-Karabakh.

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"Si l'Arménie reconnaît l'indépendance de l'Artsakh, la question du statut du Karabakh sera automatiquement sortie des négociations," a déclaré un expert du Centre Arménien d' Etudes Nationales et Internationales (ACNIS), Manvel Sarkissian.

Le projet de loi sur la reconnaissance de l'indépendance de la RHK présenté par le groupe ‘Héritage' est acceptable pour Manvel Sarkissian, alors que les propositions des partisans d'une reconnaissance internationale de l'Artsakh, sont abstraites. Le politologue se demande pourquoi l'Arménie essaie de conserver le format du Groupe de Minsk si elle n'est pas satisfaite son activité.

"Si vous ne mettez pas grand espoir dans un processus et essayez de le garder, cela n'a pas de sens. Alors que les forces qui proposent de reconnaître l'indépendance de l'Artsakh, veulent changer l'état des choses. En cas de reconnaissance, le statuquo changera et l'Artsakh participera aux négociations. Alors que l'Arménie reste les bras croisés, l'Azerbaïdjan présente des résolutions à l'ONU. Par conséquent, le temps travaille pour l'Azerbaïdjan," a-t-il déclaré.

Que peut-il se passer au Sommet de l'OSCE à Astana ? "L'Azerbaïdjan va-t-il proposer la signature d'une feuille de route, bien que cela soit directement lié à l'acception ou non du statut de l'Artsakh par l'Azerbaïdjan ? C'est pourquoi je ne crois pas qu'une feuille de route sera signé à Astana," a souligné Sarkissian.

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De son côté, le directeur de l'ACNIS, Richard Guiragossian, pense que Washington se repose quelque peu sur Moscou par coprésidence du Groupe de Minsk de l'OSCE interposée, du fait que les États-Unis n'ont pas de politique précise dans le Sud-Caucase, pétrole/gaz mis à part.

Concernant la résolution sur le génocide arménien (H.Res.252), pour Guiragossian : "l'opportunité est plus forte que jamais. La première raison est que les Républicains veulent utiliser la résolution pour punir la Turquie. La seconde, est la tension existante entre la Turquie et Israël. Aussi le débat a de fortes chances de se dérouler avant Avril 2011, avec deux options : soit ce mois-ci soit après le 3 Janvier." Et d'ajouter : "de plus, le lobby arménien est plus fort qu'il n'a jamais été." [ndlt : 90% des candidats soutenus par le lobby arménien ont été élus].]

Il a également noté que les républicains nouvellement élus s'opposent au ‘lobbying pétrolier de Bakou'.

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"Rien n'indique que des accords seront signés lors du sommet de Décembre à Astana. Ni l'Arménie ni l'Azerbaïdjan n'ont subi de pression de la part des grandes puissances. La position de l'Arménie reste inchangée : pas de feuille de route tant que le statut du Karabakh n'est pas clairement déterminé," a déclaré le chef de file du groupe parlementaire Républicain, Kaloust Sahakian.

Il doute fortement sur la sincérité des intentions de Bakou concernant l'échange de prisonniers, vu que l'Azerbaïdjan, en tant que pays, passe son temps à commettre des actes de provocation.

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Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net