Karabakh : L'OTAN se démarquerait-elle des autres Organisations ?

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Les buts poursuivis par l'OTAN et par l'Internationale Socialiste ne sont pas les mêmes. Si l'une est une Organisation militaire regroupant dix-neuf Etats, l'autre est une Organisation regroupant des partis politiques, socialistes (ou équivalents), du monde entier, qu'ils soient au pouvoir ou non. Aussi, une décision de l'OTAN, disposant de très gros moyens, peut avoir des conséquences catastrophiques pour un pays donné.

Concernant la région Sud-Caucase, l'Alliance cherche à ce que les conflits gelés, à défaut d'une résolution rapide, restent ‘gelés' aussi longtemps que possible. Motif : Elle a l'Iran dans son collimateur et ne tient pas à être gênée par les conflits locaux au cas où … . De plus, elle déploie en ce moment son bouclier anti-missile et a fort à faire avec une Turquie qui traine les pieds dès qu'il s'agit d'attaquer un voisin musulman, ayant de surcroit une communauté kurde sur son sol.

Que l'on veuille aider à la résolution du conflit du Karabakh, pourquoi pas, c'est toujours mieux que de proposer un amalgame incongru comme la Turquie. Toutefois, on peut se demander comment l'IS, une Organisation de plus de cent membres, comprenant entre autres des partis politiques turcs et azerbaidjanais, et n'ayant aucun pouvoir sur les Etats, peut réussir là où le groupe de Minsk de l'OSCE, coprésidé par les Etats-Unis, la Russie et la France, se casse les dents dessus depuis seize ans. Même une organisation comme l'ONU peine à gérer ce genre de situation - cf. le problème chypriote depuis 35 ans.

Négocier reste encore le meilleur moyen de résoudre les problèmes. Seulement il ne sert à rien d'avancer par étapes si l'on ne sait où l'on va. Dit autrement : il ne sert à rien de ‘restituer' quoique ce soit si le Haut-Karabakh doit retourner à terme sous administration azérie, comme au temps de l'Union Soviétique, conformément à l'intangibilité des frontières.

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** Objet de la discorde **


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Le porte-parole du président Sarkissian, Armen Arzoumanian, a déclaré qu'un projet de résolution est susceptible d'être adopté lors de la réunion de l'OTAN, relatif aux solutions des conflits ethniques dans le Sud-Caucase, mettant en avant que le principe de l'intégrité territoriale.

Suite à cette déclaration, le président Serge Sarkissian a annoncé vendredi soir qu'il ne participera pas au sommet de l'OTAN de Lisbonne en raison des plans de l'Alliance qui prévoient de préserver l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan dans le conflit du Haut-Karabakh. Aussi, l'Arménie sera représentée au sommet par les ministres de la défense et des Affaires étrangères.

L'Organisation n'a pas immédiatement réagi à cette annonce, d'autant que le projet de résolution, fortement contesté par Erevan, n'a pas encore été officiellement publié.

Dans une déclaration écrite, Arzoumanian a averti que ce type de déclaration est "inacceptable", et qu'il ne ferait que compliquer le processus de paix au Karabakh, "surtout dans le contexte de la récente hausse, sans précédent, des dépenses militaires de l'Azerbaïdjan et de la rhétorique arménophobe de ses dirigeants." Et d'ajouter : "l'Arménie ne peut pas accepter les ‘formulations généralistes' se rapportant aux différents conflits régionaux."

En début d'année, les médiateurs avaient déjà exhorté les parties en conflit de s'abstenir d'une interprétation sélective des éléments du règlement proposé. Lequel repose sur trois principes de base : Droit à l'autodétermination des peuples ; Non usage de la violence ou de sa menace ; Préserver l'intégrité territoriale.

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** Pessimisme pour le Sommet de l'OSCE **


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Les politologues Levon Chirinian et Yervant Bozoyan n'attendent pas grand-chose du Sommet de l'OSCE qui se tiendra à Astana.

Selon Levon Chirinian, les exercices militaires qui se sont déroulés au Haut-Karabakh et les déclarations strictes du Président Sarkissian équilibrent quelque peu les positions avant le sommet d'Astana.

Les récentes réunions, Sarkissian-Medvedev et Aliev-Medvedev, ont fourni une autre occasion d'échanger les points de vue et de clarifier les positions. "De nombreuses forces sont intéressées par la région. Mais personne, sauf l'Arménie et l'Azerbaïdjan, ne veut résoudre le problème. Ces réunions visent plutôt à maintenir la région sous contrôle, que de réellement résoudre les problèmes," a déclaré Chirinian.

Pour Yervant Bozoyan, les exercices militaires ont été certes tardifs mais très importants. Quant à la prochaine réunion à Astana, le politologue explique que l'adoption d'une feuille de route serait dangereuse pour l'Arménie.

"Je pense qu'aucune feuille de route ne sera adoptée à Astana, car l'approche est rejetée non seulement par l'Arménie, mais aussi par la Russie. Toutefois, le fait même que la question soit soulevée dans les coulisses, est déjà dangereux en soi. Cela signifie que l'Arménie a subi des reculs considérables dans le brouhaha diplomatique de ces 2-3 dernières années."

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** Réactions favorables de la FRA-D aux propositions de l'Internationale Socialiste **


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"La récente réunion de l'IS à Paris a été importante, surtout pour l'adoption d'une résolution sur le Haut-Karabakh, car elle souligne les étapes que l'IS va prendre pour contribuer au règlement pacifique du conflit. Il est important que le document se réfère aux personnes déplacées des deux côtés, sur la nécessité de suivre les termes de la trêve de 1994, sur le retrait des tireurs d'élite de la ligne de front, ce qui a été nombreuses fois demandé par l'Arménie. Et la chose la plus importante est que l'IS exhorte les parties à faire preuve de volonté politique et à faire des concessions simultanées de même niveau," a déclaré le directeur du Bureau du Hay Tad et des Affaires politiques de la Fédération Révolutionnaire Arménienne (ARF-D), Kiro Manoyan.

L'IS a décidé de continuer à faire progresser le dialogue et le respect mutuel entre les milieux politiques et publics des parties en conflit à l'intérieur et l'extérieur de l'Organisation, en vue de finaliser un statut du Haut-Karabakh acceptable pour toutes les parties. L'organisation exhorte également les parties à s'abstenir de violer le cessez-le-feu.

"C'est une autre preuve que le problème ne peut se résoudre qu'avec la détermination finale du statut de la RHK," a déclaré Manoyan.

A noter que Kiro Manoyan et Alizade Araz, du Parti Social-démocrate azerbaidjanais, ont été élus coprésidents du Comité de l'IS pour la CEI, le Caucase et la Mer noire.

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Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net