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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Barack Obama, nouvellement élu, a essayé de rapprocher l'Arménie et la Turquie, pour lui éviter d'appliquer ce qu'il avait promis en tant que candidat à l'élection présidentielle des Etats-Unis, à savoir : reconnaître le génocide arménien à travers une Résolution. Par la même occasion, il évitait de ‘fâcher' son alliée dans la région, la Turquie ; Bref, c'était tout bénéfice.
Hélas pour lui, comme d'ailleurs pour bon nombre de dirigeants occidentaux, sa méconnaissance de la Turquie, héritière de l'empire ottoman, lui a joué un mauvais tour.
Considérer la Turquie comme un pays fidèle à sa signature est une grossière erreur. L'UE en fait l'amère l'expérience avec le problème chypriote.
Pensant que la signature en grande pompe d'un protocole d'accord le 3 Octobre 2009, allait permettre de résoudre un contentieux vieux d'un siècle, était présomptueux quand 1,5 millions de mort séparent Erevan et Ankara. Il n'est pas donné à tout le monde de jouer les Ponce Pilate surtout pour un crime imprescriptible.
Quant à la Suisse, il n'y a rien à dire pour son rôle de médiateur, rôle dont elle s'acquitte parfaitement, suite à des décennies d'expérience. À part elle, aucun pays à ce jour n'a puni des négationnistes turcs. Les grandes puissances notamment les pays coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE, seraient bien avisés de prendre exemple sur elle.
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A la veille de la prochaine visite du président turc Abdullah Gül en Suisse, la Vice-présidente de la Confédération Suisse, Mme Doris Leuthard, a donné une interview au périodique turc "Stargazete". Mme Leuthard a déclaré que les protocoles arméno-turcs de Zurich sont toujours sur la table et une diplomatie silencieuse se déroule.
Quel est le rôle de la Suisse dans le processus de négociation arméno-turc ?
Nous avons un rôle de médiation entre l'Arménie et la Turquie. Les gouvernements et les sociétés ont besoin d'un certain temps.
Croyez-vous que le processus de normalisation va se poursuivre ?
Oui, je le crois. Je ne peux pas vous donner de délai, car l'important n'est pas la vitesse, mais la qualité. L'Arménie et la Turquie ont les mêmes points de vue sur la compréhension mutuelle et sur la qualité.
Comment la Suisse a-t-elle réussi à convaincre les côtés ?
Les peuples arménien et turc désirent non seulement connaître les faits historiques, mais également vivre en paix dans l'avenir. La Suisse peut apporter là sa contribution. Nous sommes prêts pour ce faire.
Même si le processus est gelé, la Suisse maintient son rôle de médiateur.
Derrière les rideaux, le contact existe toujours. Il dépend de la volonté politique des parties. Nous ne sommes pas les acteurs, mais seulement les animateurs du processus. Il ne fait aucun doute que les deux parties ont une volonté politique d'aboutir. Le plus important n'est pas d'être rapide. Le plus important est que vous ayez un accord fondé sur la qualité et la compréhension mutuelle.
Mme Leuthard a rejeté les doutes sur le devenir des pourparlers.
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Panorama.net