Erevan : Conférence internationale sur le crime de génocide

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Le génocide arménien a commencé à prendre une coloration politique avec le paragraphe 30 de la déclaration de la Sous-commission de l'ONU suivi de sa reconnaissance par le Parlement européen en 1987.

L'éclatement de l'URSS en quinze Etats n'a fait qu'amplifier le phénomène. La principale accusée, à savoir la Turquie, successeur de l'empire ottoman, s'est enfermée dans une négation systématique des faits. Tout au plus reconnaît-elle ‘quelques massacres', par-ci par-là ; et encore en représailles aux exactions commises par les Arméniens !

Même une reconnaissance internationale ne changera rien à sa position, car admettre sa responsabilité dans un crime de génocide implique pour la Turquie, réparer le mal qu'elle a fait, que ce soit sur un plan moral, financier et territorial. Pour un pays qui se veut l'égal des Grands, c'est très dur.

L'idée que les dirigeants turcs ont toujours repoussé, c'est qu'en reconnaissant ses fautes, la Turquie se trouvera agrandie.

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Le président Serge Sarkissian était présent à la Conférence internationale sur "Le crime de génocide : la prévention, la condamnation et l'éradication des conséquences", dédiée à l'adoption de la Convention des Nations Unies sur la prévention et la répression du crime de génocide.


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Des scientifiques de 20 pays, y compris les spécialistes de renom du génocide, participaient à la conférence.

Le diplomate, M. Leandro Despui (Argentine) a reçu la médaille ‘Mkhitar Gosh' pour sa contribution à la reconnaissance internationale du génocide arménien.

Dans ses remerciements, le Dr Despui a indiqué que partageant la douleur du peuple arménien, il avait décidé de se battre pour la justice et la vérité.

Dans son intervention, le Président Sarkissian a déclaré : "La prévention et la condamnation des génocides, ainsi que l'éradication de leurs conséquences doivent être mis sur l'ordre du jour de la communauté internationale. L'humanité civilisée doit s'unir pour lutter contre ce mal. Le génocide arménien a été une douleur individuelle, la mémoire de chaque Arménien et de la nation dans son ensemble. Nous sommes convaincus qu'il n'y a pas d'alternative à la voie de la réconciliation autrement que par la reconnaissance de la clémence, de la justice à la paix, à la tolérance et à la coexistence.

Pour le bien de tout le monde civilisé et pour l'humanité, nous devons protéger la planète de telles catastrophes. Nous allons créer notre nouvelle histoire et atteindre le futur ensemble," a conclu Serge Sarkissian.

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"La négation des génocides et leur impunité ouvrent la voie à la perpétration de nouveaux crimes contre l'humanité. Indépendamment des intérêts géopolitiques ou autres, la communauté internationale doit être unie dans sa condamnation et la prévention du crime de génocide. C'est à cause de l'absence d'unité que l'humanité est témoin des nouvelles tentatives de perpétrer un génocide," a déclaré le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian.

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"Le meilleur moyen de prévention du génocide est l'élimination de la souveraineté des Etats-nations quand il s'agit de crimes. La prévention du génocide est une question politique et aussi longtemps que nous aurons des États-nations et les Etats-nations d'avoir leurs droits souverains, nous aurons des génocides et des crimes de masse dans le monde. Nous avons à mettre en place un système, comme une police dans une nation, qui peut intervenir à tout moment où un crime se produit," a déclaré l'historien turc, Taner Akçam.

Selon le professeur, la politique turque est bien connue. "C'est une politique de 95 années de déni. Si elle continue à nier la vérité historique, elle ne pourra pas créer une bonne démocratie. Faire face à l'histoire est une chose très honorable et je garde l'espoir que le gouvernement turc changera bientôt de politique."

"J'espère que la Turquie fera face à ce sombre chapitre de l'histoire. La Turquie n'est plus la Turquie que nous avons connue il y a 10 ans. Si elle veut être devenir membre de l'Union européenne, du monde civilisé, elle doit reconnaître ces actes répréhensibles du passé," a-t-il ajouté.

Il a appelé la communauté internationale à reconnaître le génocide arménien, vu qu'il n'est plus acceptable de continuer à nier les méfaits historiques.

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De son côté, le politicien belge François Roelants du Vivier, a déclaré que les sociétés démocratiques ne doivent pas oublier que des millions d'Arméniens ont été anéantis au début du 20e siècle uniquement en raison de leur appartenance ethnique.

"Bien sûr, le Sénat belge a adopté une résolution sur la reconnaissance du génocide arménien en Mars 1998, mais aujourd'hui il devient nécessaire dans notre pays d'adopter une loi pertinente pour prévenir cette tragédie. Je crois fermement que le jour viendra où nos démocraties occidentales adopteront des lois sanctionnant le déni de génocide," a-t-il poursuivi.

Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net