Haut-Karabakh : La Turquie et l'Azerbaïdjan essaient de discréditer l'Arménie

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

"Nous en sommes désolés !" - C'est avec ces mots que le président de la République Turque s'excuse pour le massacre ‘non programmé' d'un million et demi d'Arméniens en 1915 par le gouvernement Jeunes Turcs. Et d'ajouter une phrase sibylline, signifiant : "Excusez-nous, on ne l'a pas fait exprès". Plus cynique, tu meurs.

Quant à son ministre des Affaires étrangères, il avoue tout simplement que la pré-condition de la ratification des protocoles était sous-entendue dans son esprit. Depuis quand un document officiel, signé en présence des grandes puissances, comporte-t-il des sous-entendus ? Monsieur Davutoglu sait pourtant qu'un Accord écrit ne peut porter que sur des éléments explicites, c'est le B-A BA du droit international. Mais c'est vrai qu'Ankara a l'habitude de ce genre d'entourloupe, il a fait le coup à l'Union européenne en Juillet 2005 en signant l'Accord d'extension douanière aux dix pays de l'UE, dont Chypre.

Plus la ficelle est grosse, et plus elle a des chances de passer. De surcroit quand le président et l'un des Vice-président de l'APCE sont Turcs, la manipulation de l'Assemblée s'en trouve facilitée.

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Comme nous l'annoncions hier, la rencontre tripartite de Moscou n'a débouché sur rien. Le seul point positif c'est que les deux parties continuent de se rencontrer, mais pour encore combien de temps ?

Les dirigeants azerbaidjanais ont hâte de déboucher sur du concret, conforme à leurs vœux, en s'aidant de la force si besoin est. Et au diable les engagements pris devant les pays coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE lors du Sommet d'Astana le mois dernier.

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** L'Etat turc maintient son négationnisme **

La session d'hiver de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe s'est ouverte à Strasbourg. Bien que l'Arménie ne soit pas à l'ordre du jour de la session, le président turc et son ministre des Affaires étrangères ont répondu aux questions de la délégation arménienne.


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À la question posée par Naïra Zohrabian de la délégation arménienne, le ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu, a clairement indiqué hier que l'échec du processus arméno-turc est lié au conflit du Karabakh. "En signant ces protocoles, la Turquie poursuivait deux objectifs : la réconciliation des deux peuples et le règlement du conflit du Karabakh." Il a également indiqué au passage que 20% du territoire azerbaïdjanais était toujours occupé.


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"Nous ne pense pas que le mot ‘génocide' soit le terme approprié et qu'il y a eu génocide. Nous disons ouvertement qu'il est nécessaire de créer une commission, d'ouvrir toutes les archives, d'étudier tous les documents et que nous serons d'accord avec la décision de cette commission. S'il y a des pays tiers qui pensent qu'il a eu génocide, ils peuvent aussi participer à l'activité de la commission. (…) Oui, il y a eu des souffrances humaines il y a 100 ans, et nous en sommes désolés," a déclaré Abdullah Gül en réponse à une question sur le génocide arménien, et d'ajouter : "quand nous parlons de génocide, nous entendons par là des assassinats prémédités. Il n'a rien eu de tels."

Il a également rappelé qu'il a été le premier président turc à se rendre en Arménie, et qu'il désirait normaliser ses relations avec son voisin, mais tout en soutenant l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan.

"Tant qu'il y aura des problèmes sur ce sujet, il y aura un mur entre l'Europe et l'Asie. Si nous résolvons ces problèmes, le Caucase ouvrira grande la porte de la prospérité," a-t-il déclaré aux députés des 47 pays présents à l'APCE ; rapporte Today's Zaman

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** Samed Seidov **


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Le Chef de la délégation azerbaïdjanaise, Samed Seidov, a proposé que la question du Haut-Karabakh soit inscrite à l'ordre du jour de toutes les sessions de l'APCE.

"Pour nous, le Conseil de l'Europe est une commission pour le Haut-Karabakh, au sens figuré s'entend. L'objectif de notre délégation est de maintenir cette question à l'ordre du jour par divers moyens. Nous porterons la question au niveau mondial et ferons pression pour que des discussions se déroulent dans tous les groupes politiques de l'APCE," a-t-il déclaré, précisant que la décision sur la formation d'une sous-commission sur le Haut Karabakh sera prise le 28 Janvier prochain ; rapporte l'agence APA.

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** Rencontre tripartite de Moscou **


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La Russie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan étaient anormalement réticent à programmer une nouvelle réunion de leurs ministres des Affaires étrangères sur le conflit du Haut-Karabakh au l'issue de la rencontre de Moscou d'hier. Personne n'a fait de déclarations publiques.

"Les questions urgentes liées à la résolution du problème du Karabakh ont été débattues lors de la réunion," pouvait-on lire dans le bref communiqué du Ministère arménien des Affaires étrangères le lendemain matin, sans plus de détails.

Les deux autres ministères, russe et azerbaïdjanais, sont restés silencieux.

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** Vladimir Kazimirov et Alexander Iskandarian **


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"Il y a des progrès, mais ils sont très lents. Bien sûr, ce n'est pas satisfaisant. Chacun d'entre nous aimerait voir une solution équitable arriver rapidement, mais c'est un processus qui exige beaucoup de patience et de temps," a déclaré l'ancien coprésident russe du Groupe de Minsk de l'OSCE, Vladimir Kazimirov.


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De son côté, le politologue Alexander Iskandarian a précisé : "les médiateurs ne peuvent pas parvenir à une solution en lieu et place des parties. La mission des médiateurs est différente. Leur tâche essentielle est de maintenir un lien entre les parties en conflit."

Selon le directeur de l'Institut du Caucase, la reprise des actions militaires n'est guère possible, car aucune des parties concernées, directement ou indirectement, n'est intéressée par une guerre.

En réponse à l'opinion de l'expert russe, Maxime Minaiev, comme quoi la France pourrait être remplacée par la Turquie ou par l'Iran dans le Groupe de Minsk de l'OSCE, bien que l'Iran ne soit pas membre de l'OSCE, Iskandarian a déclaré : "la Turquie ne peut plus être un pays coprésident car elle est l'alliée directe de l'Azerbaïdjan."

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** Incidents sur la ligne de contact **


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"Il s'agit d'une désinformation propagée régulièrement par les médias azerbaïdjanais, mais il ne correspond pas à la réalité. Le côté Karabakh maintient la trêve, non seulement dans la région d'Aghdam, mais sur toute la longueur de la ligne de contact entre les forces armées du Haut-Karabakh et l'Azerbaïdjan," a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense de la RHK, Senor Hasratian, en réponse aux médias azerbaïdjanais qui accusaient la partie arménienne d'avoir violé le régime du cessez-le feu et tué un soldat azerbaïdjanais.

Le communiqué souligne que le ministère de la Défense azerbaïdjanais cherche à jeter le blâme sur la partie arménienne pour des actions commises par l'armée azérie.

Il indique que depuis le début de l'année, six militaires ont déjà trouvé la mort dans divers incidents au sein de l'armée azerbaïdjanaise.

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Extrait de Armenialiberty, de Radiolour et de PanArmenian.net