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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Ce qu'il y a de bien avec les déclarations officielles des pays médiateurs, c'est que chacun y trouve son compte et où chacun peut faire son marché, bref, cela ressemble à l'auberge espagnole. C'est d'ailleurs leur raison d'être.
A force d'être flou, évasif et de ne citer aucun nom, l'Arménie pense que c'est l'Azerbaïdjan qui est visé, et vis et versa. Bakou a pris ce qui l'intéressait, à savoir l'intégrité territoriale et la récupération de ‘ses' sept districts, et Erevan le non-usage de la force et le droit à l'autodétermination (selon l'acceptation internationale).
On serait tenté de penser que c'est un coup d'épée dans l'eau, si parallèlement aux déclarations officielles, les grandes puissances continuaient leurs ‘affaires' : ventes d'armes et négociations sur les hydrocarbures.
Avec la brève qui suit, on comprend très bien qu'il y a là une arme à double tranchant, entre Nabucco soutenu par les Occidentaux (EU-USA) et le projet russe South Stream passant sous la Mer Noire.
Le choix de Bakou ne sera certainement pas basé uniquement sur des critères économiques, pas plus qu'il ne fait également aucun doute que le poids de Moscou dans ces tractations est loin d'être négligeable.
* Brève *
"L'Azerbaïdjan est en pourparlers pour livrer du gaz naturel au consortium du gazoduc Nabucco à partir du champ pétrolifère Shah Deniz-2 et doit prendra le 1er octobre une décision définitive sur le choix de la route à emprunter vers l'Europe.
Le projet Nabucco soutenu par l'Union européenne est en concurrence avec d'autres projets, tel le projet South Stream, pour livrer du gaz azerbaïdjanais à l'Europe, mais le choix de l'itinéraire dépend des tarifs de transport proposés.
À la fin de l'année, l'Azerbaïdjan décidera définitivement de sa participation au projet Nabucco. Ce n'est qu'après la décision sur les tarifs de transport que nous entamerons le travail spécifique avec les acheteurs," a déclaré le directeur de compagnie pétrolière d'Etat Socar, Rovnag Abdullaiev.
"La question sera discutée lors de la visite à Bakou des 6 et 7 Juin du Commissaire à l'énergie de l'UE, Günther Oettinger. Nous sommes maintenant au stade où toutes les options sont ouvertes et nous sommes bien conscients que l'Azerbaïdjan prendra son temps avant de prendre sa décision définitive," a déclaré de son côté le chef de la délégation de l'UE en Azerbaïdjan, Roland Kobia.
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* Côté Azerbaïdjan *
L'Azerbaïdjan a salué vendredi la dernière déclaration des coprésidents - américain, français et russe - appelant à une solution rapide du conflit du Haut-Karabakh et a de nouveau accusé l'Arménie de faire traîner les négociations de paix.
Le directeur du Département International du Cabinet du président Ilham Aliev et le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères ont déclaré que Bakou partageait le sentiment d'urgence des trois puissances médiatrices. Ils ont affirmé que la déclaration conjointe de jeudi va exercer une pression accrue sur l'Arménie, tout en rejetant les affirmations contraires faites par Erevan.
"Il résulte de la déclaration que l'Arménie doit commencer à retirer ses forces armées des territoires occupés d'Azerbaïdjan. Malheureusement ... l'Arménie continue de faire traîner ce processus et d'entraver ainsi la résolution pacifique du conflit. En fait, le processus de négociation traîne en longueur à cause de la partie arménienne", a déclaré Novruz Mammadov.
Tant le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères que Mammadov se sont appesantis que sur un seul élément de la proposition de règlement : la libération des sept districts d'Azerbaïdjan qui entourent le Haut-Karabakh. Ils n'ont pas mentionné d'autres dispositions, comme par exemple le futur référendum sur le statut du territoire contesté, essentiellement peuplé d'Arméniens.
La déclaration du ministère des Affaires étrangères n'a parlé que "de la détermination du statut futur de cette région au sein de l'Azerbaïdjan."
A noter que les dirigeant arméniens ont toujours insisté que le référendum préconisé par les médiateurs doit permettre à terme, aux Arméniens du Karabakh, d'obtenir la reconnaissance internationale de leur sécession de l'Azerbaïdjan.
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* Côté Arménie *
"Nous apprécions hautement les efforts des présidents Medvedev, Obama et Sarkozy visant le règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh," a déclaré le ministre des Affaires étrangères arménien Edouard Nalbandian, commentant la déclaration Deauville.
"La déclaration faite aujourd'hui en marge du sommet du G8 de Deauville par les dirigeants des pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, contient des messages importants qui peuvent donner une nouvelle impulsion pour le règlement de la question.
L'Arménie a toujours été en faveur du règlement du conflit entre l'Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh par des moyens exclusivement pacifiques et l'a prouvé à maintes reprises, donc, il est clair à qui le message est adressé.
L'Arménie a donné une réponse claire à la dernière version des principes de base proposés par les trois coprésidents en tant que base pour les négociations de paix. Si l'Azerbaïdjan donne un accord non équivoque, alors il sera possible d'enregistrer des progrès dans le processus de règlement. Il est évident à qui le message, inclus dans la déclaration, est adressé," a souligné le ministre.
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* Côté Russie *
"Les chances d'un règlement pacifique du conflit sont plus élevées maintenant qu'auparavant. Nous travaillons à rapprocher les points de vue. Il n'y a aucun fondement pour affirmer que nous sommes sur le point d'un nouveau conflit. Un travail énorme et coordonné a été mis en œuvre afin de résoudre la situation, et il y a des chances pour enregistrer des progrès et chercher un compromis," a déclaré le Vice-ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Riabkov, aux journalistes en commentant la déclaration de Deauville.
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Extrait de la Radio Publique d'Arménie, de Armenialiberty et de PanArmenian.net