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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Une déclaration tout en finesse. Pas un mot plus haut que l'autre, pas un propos négatif, et surtout ne désigner personne dans un sens ou dans un autre. Du pur langage diplomatique.
Tous les politiques s'accordaient pour dire que la réunion devait déboucher sur un succès. Tous les observateurs et les analystes s'accordaient pour dire que rien ne sortirait de cette rencontre.
Quand le fossé est trop large, on ne peut pas le combler, tout au plus on peut y jeter un viaduc pour relier les deux bords.
Les pays coprésidents ont l'habitude de faire des grands écarts diplomatico-hypocrites : Promouvoir les négociations pacifiques et parallèlement vendre des armes directement ou indirectement aux antagonistes.
Il faut décortiquer les propos du Calife de Bakou lorsqu'il clame haut et fort que le budget militaire de son pays équivaut au budget total de l'Arménie !
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Les Présidents n'ont pas signé de document cadre qui aurait ouvert la voie à une résolution du conflit du Karabakh, mais ont déclaré que certains progrès avaient été accomplis.
La réunion trilatérale dans la capitale du Tatarstan, réunissait le président de l'Arménie, Serge Sarkissian, le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev et le Président de la Russie, Dmitri Medvedev. Les ministres des affaires étrangères de l'Arménie, de la Russie et de l'Azerbaïdjan ainsi que les adjoints des présidents participaient également à la réunion qui a commencé vers 17h00 heure locale, et a duré plus de 3 heures.
La très courte déclaration diffusée par le Kremlin indique : "les chefs d'Etat sont parvenus à un accord mutuel sur un certain nombre de questions dont la résolution contribuera à créer les conditions pour l'approbation des principes de base."
Aucune autre déclaration publique n'a été faite par les participants.
Contrairement aux attentes des médiateurs internationaux qui espéraient la signature d'un accord-cadre, et même s'il y a des progrès, il a été clairement confirmé qu'il subsiste toujours des différences profondes sur les principes fondamentaux d'un règlement de compromis proposé par les Etats-Unis, la Russie et la France.
Les Présidents de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan ont exprimé leur gratitude aux dirigeants russes, français et américains, aux coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE, pour ‘leur attention constante aux problèmes du Haut-Karabakh' et ont hautement salué les efforts personnels du président russe pour sa médiation en vue d'un accord.
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Beaucoup d'espoir à la veille de la rencontre
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La veille, le ministère russe des Affaires étrangères avait sorti une déclaration indiquant que la rencontre du lendemain doit servir de point de repère dans le règlement du conflit du Haut Karabakh : "Nous nous attendons que Bakou et Erevan réagissent de manière constructive à la déclaration conjointe faite le 26 mai à Deauville par les pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, qui fait appel aux dirigeants de l'Arménie et l'Azerbaïdjan à faire preuve de volonté politique et de finaliser les principes de base (d'un accord de paix) au cours du prochain sommet."
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"Les Etats-Unis, l'Union européenne et la Russie ne semblent pas beaucoup d'accord ces jours-ci. Mais dans l'instable Sud-Caucase, ils s'accordent à dire que l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont besoin de signer un accord vendredi s'ils veulent sérieusement trouver une solution pacifique au conflit pluri-décennal du Haut-Karabakh," écrit dans le New York Times Sabine Freizer, la directrice du programme Europe de l'International Crisis Group.
"Même si l'on relève des signes prometteurs, s'il y a accord signé, il faudra encore compter une dizaine d'années pour l'appliquer. S'il n'y a pas rapidement un accord qui suit la rencontre de Kazan et un ferme engagement internationale pour l'appuyer, le problème risque de se complexifier. Si un accord est signé, ce ne sera que le début d'un processus, et non sa conclusion. Si M. Medvedev peut les amener à apposer leur signature sur le papier, ce sera une étape importante et un grand pas en avant dans cette confrontation, avec en plus, une validation de la persistance du leader russe."
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Steve Gutterman, correspondant de Reuters à Moscou, écrit : "Une percée serait une aubaine pour les présidents Medvedev, Obama et Sarkozy, qui tous les trois sont susceptibles de se présenter à une réélection l'an prochain."
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Le Moscow Times écrit de son côté : "Les enjeux sont plus élevés que jamais, avec la réunion de Vendredi à Kazan sur le conflit du Haut-Karabakh, présidée par Dimitri Medvedev en présence des présidents de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie."
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Le président Nicolas Sarkozy a envoyé un message au Président Serge Sarkissian, dans lequel il note que dans la continuation de la déclaration faite à Deauville par Barack Obama, Dimitri Medvedev et lui-même, il exprime sa confiance, et que le temps est venu de valider les principes qui pourraient désormais servir de base pour les négociations proprement dites sur la résolution du conflit. Selon le président français, il y a des moments dans l'histoire où la direction d'un pays doit montrer à sa population du courage, de la sagesse et la route vers la paix. Nicolas Sarkozy est persuadé qu'un tel moment est venu.
"Soyez assuré que je vous transmets, comme un ami et avec moi la France qui se considère comme la sœur de l'Arménie, les vœux les plus sincères de réussite dans cette rencontre décisive. Mon pays ne ménagera aucun effort pour vous soutenir sur ce chemin," conclu le message de Nicolas Sarkozy.
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Le président Sarkissian a également reçu un appel téléphonique du président des Etats-Unis, Barack Obama.
Le président américain a souligné l'importance de la réunion trilatérale de Kazan. Il a exprimé sa gratitude à Serge Sarkissian pour son leadership dans la résolution du conflit du Haut-Karabakh, et dans le contexte de la déclaration de Deauville, il a souligné l'importance de progresser à Kazan.
Le président Sarkissian l'a remercié pour son soutien constant au processus de résolution du conflit dans le cadre du Groupe de Minsk de l'OSCE. Il a indiqué que les peuples d'Arménie et du Haut-Karabakh se sont toujours déclarés pour une résolution pacifique et juste du conflit. Il a souligné que des résultats positifs pouvaient être attendus à Kazan si la partie azerbaïdjanaise veut bien afficher une approche constructive, et accepter tels quels les principes de bases.
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Extrait de Armenialiberty, de Radiolour et de PanArmenian.net