Les Etats-Unis essaient de rattraper leur retard dans le Sud-Caucase et dans la région.


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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Depuis l’été dernier l’UE fait le forcing pour être présente dans la région, à défaut de l’être par l’intermédiaire du groupe de Minsk de l’OSCE, sa présence se fait sentir par ses aides financières à travers ses programmes - Politique Européenne de Voisinage et Partenariat  Oriental. La Russie l’étant par sa proximité géographie et sa sphère d’influence, il était normal que Washington resserre un certain nombre de liens en voie de relâchement.

Liens d’autant plus nécessaires que l’Iran pointe sérieusement son nez dans le domaine nucléaire et que tous les partenaires réelles ou potentiels seront les bienvenus si la situation régionale se dégradait, voire pire encore. L’Arménie de par ses liens avec Moscou mais également de par ses très bons rapports avec Téhéran, ne rentre pas dans ce schéma. Par contre s’il vient à Bakou l’envie d’utiliser son arsenal contre les Arméniens, il est clair qu’Erevan jouera les-troubles-fêtes dans les desseins américains concernant l’Azerbaïdjan.

Autre grand sujet d’inquiétude pour la Maison Blanche : la Turquie.

Jusqu’à présent, Ankara se dit l’alliée des Etats-Unis et son bras armé dans la région par OTAN interposée. Quid en cas de dégradation sérieuse entre Israël et l’Iran, déjà qu’Erdogan ne porte pas Israël dans son cœur ? Quid en cas d’échec des négociations sur la partition de Chypre ? Quid si la situation de la Syrie empire et tourne à la guerre civile ? Et laissons de côté le processus, mort-né, de normalisation des relations avec l’Arménie, que les Occidentaux ne cessent de mettre en avant, et qui n’a pas bougé d’un pouce côté turc et n’est pas prêt de bouger.

Une chose est sûre, la Turquie veut voler de ses propres ailes, mais il n’est pas dit qu’elles la porteront vers l’Ouest, adhésion à l’UE ou pas.




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L'ambassadeur des États-Unis nouvellement nommé à Erevan a réitéré le soutien permanent de son gouvernement pour un rapprochement entre l'Arménie et la Turquie lors de sa première visite dans la seconde grande ville arménienne, Gumri, au Nord-ouest près de la frontière turque.

John Heffern a indiqué que l'ouverture de la frontière turco-arménienne restait l'une des priorités de son travail en tant qu’ambassadeur dans la région. "Obtenir cette ouverture est l'une de mes priorités. J'espère pouvoir venir ici un jour et prendre le train pour aller à Kars. C'est mon objectif."

La province orientale turque de Kars est contigüe avec la région de Chirag d'Arménie, mais à cause du blocus turc, les communications sont interrompues.

S'exprimant lors d'une conférence turco-arménienne d’hommes d'affaires à Erevan la semaine dernière, Heffern avait déclaré que les Etats-Unis continuaient de parrainer les contacts interprofessionnels et personnels, entre les deux nations voisines, dans l'espoir de faciliter la normalisation éventuelle de leurs relations.

"Je suis très fier de ce que nous avons pu faire ensemble avec la population arménienne en termes de développement économique, de santé et dans un certain nombre de domaines, et nous avons des partenaires à Gumri. Et c'est pourquoi j'ai rencontré certains de nos partenaires locaux qui font un bon travail social et dans la santé, ici à Gumri. Tous ceux avec qui nous avons parlé ici ont fait part de la nécessité d’avoir des emplois dans cette partie de l'Arménie. Et puis avec l'emploi et le développement économique, les hôpitaux seront meilleurs, ainsi que le logement, tout ira mieux avec une meilleure croissance dans cette région."

Heffern a également dit quelques mots en arménien, appris depuis son arrivée en Arménie, et a promis de parler plus couramment la prochaine fois qu'il visiterait Gumri.

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Le Vice-président américain, Joe Biden, va se rendra en fin de semaine en Turquie et en Grèce.

"Il va s’arrêter à Ankara le 2 Décembre. Après avoir déposé une gerbe au mausolée d'Atatürk, il rencontrera le Premier ministre et le Président. Les discussions porteront sur le vaste programme de partenariat et de coopération entre les États-Unis et la Turquie. De là, il se rendra le lendemain à Istanbul au Sommet Global des Entrepreneurs, qui sera présidé par le Premier ministre," a déclaré Tony Blinken, le conseiller de M. Biden pour la politique de sécurité nationale.

La lutte contre le terrorisme ainsi que les récents développements arabes seront également à l’ordre du jour.

"Nous parlerons également des progrès que nous avons vu et que nous espérons voir dans les négociations avec Chypre avant que le Secrétaire général de l'ONU, Ban ki Moon, rencontre les deux leaders de Chypre ensemble en Janvier, ainsi que de nos espoirs d'un règlement aussi bon que possible, des réformes internes en Turquie, y compris notre espoir de voir la réouverture du séminaire de Halki, d’Istanbul. L'Afghanistan sera presque certainement à l'ordre du jour, mais également les perspectives de progrès dans la normalisation des relations entre la Turquie et l'Arménie," a ajouté Blinken.

Après la Turquie, le Vice-président s’envolera le lundi 5 Décembre pour Athènes pour rencontrer les dirigeants grecs et les responsables des partis politiques. De là, il retournera aux États-Unis.

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* Brève UE *

La visite en Arménie du Représentant spécial pour le Sud-Caucase et de la crise en Géorgie, Philippe Lefort, vient au milieu de tensions accrues entre l’Arménie et l'Azerbaïdjan. Les violations du cessez-le-feu de 1994 ont considérablement augmenté ces derniers temps.

Après avoir rencontré le président Serge Sarkissian, Philippe Lefort s’est rendu auprès du ministre des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian. La discussion a porté sur les relations UE-Arménie et sur le conflit du Karabakh.

Les interlocuteurs ont examiné un large éventail de questions liées à la coopération Arménie-UE. Référence a été faite sur les résultats de la récente visite en Arménie du Haut Commissaire de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton, et la séance du Conseil de coopération UE-Arménie.

Edouard Nalbandian a discuté du processus de règlement du conflit du Karabakh, et au besoin de renforcer la confiance entre les parties en conflit. Il a attiré l'attention de son hôte sur la politique de propagande anti-arménienne et raciste, menée par les dirigeants azerbaïdjanais.

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Le ministre de la Défense, Seyran Ohanian, a reçu à son tour le Représentant spécial de l’UE. Les discussions ont porté sur les perspectives de coopération avec l'UE dans le domaine de la Défense.

À la demande de son hôte, le ministre a présenté la situation sur la ligne de contact avec les forces azerbaïdjanaises, et a attiré l'attention du diplomate sur l'activité incessante des snipers azéris.

"Engagé dans le règlement pacifique du conflit du Karabakh, l'Arménie observe fermement le régime du cessez-et a recourt exceptionnellement à des actions de représailles pour neutraliser les provocations des snipers azéris," a déclaré le ministre.

Philippe Lefort a assuré qu'il ferait de son mieux pour appuyer les efforts des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE. "L'Union européenne ne veut pas voir une nouvelle guerre dans la région. La paix régionale est dans les intérêts de l'UE."

* Brève OSCE *

Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE sont arrivés lundi à Erevan dans le cadre d'une nouvelle tournée régionale.

Comme à l’accoutumé, les diplomates russe, américain et français, accompagnés du Représentant personnel du Président de l'OSCE en exercice, Andrzej Kasprzyk, ont rencontré le ministre des Affaires étrangères Edouard Nalbandian, ainsi que le Président Sarkissian avant de partir vers la zone de conflit pour une observation de la ligne de contact entre l’armée de Défense du Karabakh et les forces azerbaidjanaises.

Le diplomate français, Bernard Fassier, qui doit prendre sa retraite à la fin de l’année, a profité de l’occasion pour présenter son successeur, Jacques Faure.

En vue de la séance prochaine session du Conseil ministériel de l'OSCE à Vilnius, les interlocuteurs ont discuté des questions liées à l'étape actuelle des négociations sur le règlement du conflit du Karabakh. ils ont souligné l'importance des mesures de confiance à mettre en œuvre entre les parties en conflit.

* Brève Karabakh *

L’Artsakh dément les propos des medias azéris que huit soldats arméniens ont été tués sur la ligne de contact.

"Bakou a pas la moindre idée quant à ce qui se passe dans sa propre armée. L'Azerbaïdjan tente par de la désinformation de faire passer les huit victimes azéries pour des Arméniens," a déclaré l’attaché de presse du ministère de la Défense, Senor Hasratian.

Reste que deux jeunes appelés ont été abattus par des snippers azerbaidjanais les 19 et 20 Novembre dernier. Les forces arméniennes ont répliqué en faisant huit victimes parmi les soldats azerbaidjanais.

"Les incidents sur la ligne de contact sont une autre preuve des tentatives claires d'aggraver les tensions régionales ainsi que du mépris des Azéris quant aux efforts des médiateurs visant à la résolution du conflit, ce qui va pousser les forces arméniennes à recourir à l'avenir à des mesures plus sévères," a-t-il ajouté.

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Extrait de Armenialiberty, de Radiolour et de PanArmenian