Veni, vidi, no vici



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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Comme à leur accoutumée, les médiateurs ont rencontré en plus de leurs interlocuteurs habituels, les ministres de la Défense des deux parties en conflit. Et comme à l’accoutumée, ils ont reçu les mêmes doléances et notamment sur les dérapages sur la ligne de contact où chaque semaine apporte son lot de blessés ou de morts.

Comme l’indique le diplomate américain, rien n’a bougé, sinon depuis 20 ans, du moins depuis 10 ans, quand en Avril 2001, les entretiens de Key West entre les présidents Robert Kotcharian et Haydar Aliev avaient failli déboucher sur un accord-cadre. Après le décès d’Haydar, son fils Ilham a totalement changé son fusil d’épaule, et s’est mis en tête de reconquérir tous les territoires perdus, Haut-Karabakh compris, aidé en cela par la participation tacite de la Turquie et la manne des pétrodollars. Le seul principe qu’il reconnaît c’est celui de l’intégrité territoriale. Point.

Négocier sous-entend faire des concessions, mais tant que Bakou maintiendra cette politique du tout ou rien, il est évident qu’il ne faut pas s’attendre à un quelconque progrès. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut dissoudre le groupe de Minsk de l’OSCE, surtout quand les pays coprésidents sont les Etats-Unis, la Russie et la France.

A défaut d’une paix durable, il faudra se contenter encore pour quelques années, d’une situation de non-guerre, ce qui est loin d’être négligeable.


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Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE ont publié la déclaration suivante :

Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE (les ambassadeurs Bernard Fassier de la France, Robert Bradtke des États-Unis, et Igor Popov de la Fédération de Russie) ainsi que l'ambassadeur Andrzej Kasprzyk (Représentant personnel du Président de l'OSCE en exercice) se sont rendus du 28 au 30 Novembre à Erevan et Bakou. Les coprésidents étaient accompagnés par l'ambassadeur Jacques Faure, qui va succéder à Bernard Fassier au poste de coprésident français du Groupe de Minsk. A Erevan, les coprésidents ont rencontré le Président Sarkissian, le ministre des Affaires étrangères Edouard Nalbandian, le ministre de la Défense Seyran Ohanian ; à Bakou, ils ont rencontré le Président Aliev, le ministre des Affaires étrangères Elmar Mammadyarov, le ministre de la Défense Safar Abiev. Les coprésidents ont réaffirmé le ferme engagement de leur pays d’aider les parties à parvenir à un règlement durable et pacifique du conflit du Haut-Karabakh.

Notant les récents rapports d'incidents le long de la ligne de contact, les coprésidents ont souligné à nouveau pour les Présidents l'importance du respect de l'accord de cessez-le-feu de 1994. Ils ont réitéré que de tels incidents démontrent la nécessité de mettre en œuvre le mécanisme d’enquête sur les incidents le long de la ligne de front, principe que les présidents ont accepté. Les coprésidents ont également discuté des mesures supplémentaires pour renforcer la confiance à travers des échanges entre les peuples, des efforts pour préserver les lieux de culte, les sites culturels, et les cimetières.

Le 29 Novembre, les coprésidents ont franchi à pied la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et ont rencontré de chaque côté  les responsables locaux pour discuter de la situation dans la région frontalière. Le 30 Novembre, les coprésidents ont rencontré les représentants des azerbaïdjanais du Haut-Karabakh, et ont souligné que le règlement pacifique doit inclure le droit à toutes les personnes déplacées et aux réfugiés de retourner dans leurs anciens lieux de résidence.

Dans la perspective de la réunion du Conseil ministériel de l'OSCE de Décembre à Vilnius, les coprésidents ont exhorté les parties à saisir cette occasion pour réaffirmer leur engagement à rechercher un règlement pacifique et aller au-delà du statu quo inacceptable.

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* Brève Etats-Unis *

"Les Etats-Unis espèrent un règlement du conflit du Haut-Karabakh dans un court laps de temps. Nous faisons tout ce que nous pouvons maintenant pour aider et soutenir le Groupe de Minsk, en espérant passer, après tant d'années à de réels pourparlers de paix sur le Haut-Karabakh," a déclaré à Washington, Eric Rubin, le Vice-secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires européennes et eurasiennes, s'exprimant lors de la conférence ‘Le Sud-Caucase 20 ans après l'indépendance’.

"Nous travaillons toujours pour s'entendre sur les principes de base, mais l'engagement est très fort à la fois du côté de l'Arménie et du côté de l'Azerbaïdjan et nous espérons que l’année qui vient sera une année de progrès après plusieurs années de stagnation. Ce n'est pas une histoire de réussite au sens où il n'y pas a eu en 20 ans beaucoup de progrès dans les pourparlers de paix. Mais je pense aussi qu'il est important de noter que grâce aux efforts internationaux à travers la Groupe de Minsk, par l'engagement de la Russie, de la France et d'autres pays, nous avons aidé l'Arménie et l'Azerbaïdjan à éviter une reprise de la guerre."

S'exprimant au sujet du rapprochement turco-arménien, M. Rubin a mentionné que les États-Unis croient encore à ce processus et encouragent les deux gouvernements. Mais évidemment, les élections, terminées certes en Turquie, qui vont commencer en Arménie, ce qui influera également sur la résolution du conflit du Haut-Karabakh, vont rendre la tâche plus difficile.

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