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Traduction Gérard
Merdjanian - commentaires
Une fois n’est pas coutume, tant sur la personne que sur le
lieu.
Monsieur Egemen Bagis
n’est pas à son coup d’essai. Dès l’annonce de la discussion à l’Assemblée
nationale du projet de loi sur la pénalisation des dénis de génocides, il avait
vociféré, à l’image de ses collègues du gouvernement turc, contre l’injustice
des actes et des propos portés envers la Turquie. On peut comprendre son
ressentiment envers l’UE et la France en particulier, lui qui négocie difficilement
l’adhésion de son pays à l’UE et dont les progrès se font attendre, les
pourparlers étant quasiment au point mort depuis 20 mois. (Seuls 13 chapitres
sur 35 ont été ouverts, et un seul clos).
Monsieur Egemen Bagis n’est pas le premier négationniste turc
à s’exprimer sur le sol helvétique.
·
Doğu Perincek,
le président du parti des Travailleurs Turcs l’avait précédé en 2007 et avait
été condamné conformément à l'article 261bis du Code pénal suisse à une amende de
3000 francs suisses et à une peine pécuniaire en jour-amende de 9000 francs (90
jours à 100 francs) avec sursis pendant deux ans. (Un an plus tard il est arrêté
en Turquie dans le cadre du réseau Ergenekon).
·
Yusuf
Halaçoğlu, ex-directeur de la Société turque d’histoire, est un
ultranationaliste et un négationniste notoire dont les propos avaient attiré
l’attention de la justice suisse. Le procureur de Winterthur, Andrej Gnehm,
avait ouvert une enquête pénale contre M. Halacoglu, suite à une conférence que
« l’historien », qui est l’un des représentants de la position officielle
turque sur le génocide arménien, a tenu dans cette ville en mai 2004. En 2008,
il a été démis de ses fonctions de directeur par les autorités turques.
Sans doute que les négationnistes pensent que la Suisse
étant un pays neutre, ils peuvent se permettre de déverser le fond de leurs
pensées. On se souvient encore de la sortie du premier ministre turc Recep Tayyip
Erdogan face au président Israélien Shimon Pérès en Janvier 2009.
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*
Le procureur de Zurich, Christine Braunschweig, a ouvert
lundi une enquête sur les propos du ministre turc des Affaires de l’UE et
négociateur en chef avec l'UE, Egemen Bagis, qui au retour du Forum économique
de Davos, avait déclaré à Zurich qu'il n'y avait pas eu de génocide arménien;
indique le quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung.
"Ici, je suis en Suisse aujourd'hui, et je dis que les
incidents de 1915 ne constituent pas un génocide. Qu'ils viennent donc m'arrêter,"
avait déclaré M. Bağış la semaine dernière en réponse à une question d'un
journaliste français sur les massacres de 1915.
Le Bureau du Procureur principal de Zurich a diligenté une enquête
suite à la plainte déposée par les membres de la communauté arménienne de
Suisse.
"La semaine dernière nous avons reçu une plainte à ce sujet,
nous informant que M. Bağış avait violé l'article 261bis du Code pénal suisse,
concernant la lutte contre le racisme. Notre bureau a pris cette information au
sérieux et a ouvert une enquête. Nous allons examiner si Monsieur Egemen Bağış a
effectivement prononcé des mots niant le génocide arménien comme l'affirme la plainte.
Nous allons également voir s'il jouit de l'immunité diplomatique. Nous porterons
plainte contre lui pour violation de l’article 261 si les faits sont confirmés
et s'il ne bénéficie pas de l'immunité diplomatique."
M. Bağış a refusé de s'exprimer sur la question jusqu'à la
fin de l’enquête préliminaire ; rapporte le quotidien Hürriyet.
(...)
Le ministère des Affaires étrangères turc a convoqué
l'ambassadeur de Suisse à Ankara, Raymond Kuntz, pour lui demander des
explications.
Le Vice-ministre, Firudin
Sinirlioglu, a exigé une explication sur l’ouverture d’une enquête
préliminaire concernant le ministre Egemen Bagis, estimant inacceptable cette démarche ;
rapporte l’agence APA.
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* Brève Arménie *
Le retrait des protocoles arméno-turcs de l'ordre du jour de
l'Assemblée nationale relève de la compétence du président, a indiqué le
président du Parlement Samuel Nikoian en réponse à la demande formulée par le
député de ‘Héritage’, Stépan Safarian.
"Je pense que les protocoles arméno-turcs doivent
rester sur l'ordre du jour. La reconnaissance internationale du génocide
arménien ne dépend pas de ces protocoles. Au contraire, la communauté
internationale respecte la position de l'Arménie," a souligné Samuel Nikoian.
* Brève Azerbaïdjan *
Selon l’agence azérie APA, le ministre israélien des
Affaires étrangères, Avigdor Lieberman,
est opposé à la reconnaissance du génocide arménien.
"Depuis sa création, Israël s'est opposé à
l'application du mot Holocauste à une autre guerre ou à une autre tragédie. La
tragédie du peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale est sans comparaison
avec toute autre tragédie. Les tentatives visant à transformer les conflits et
les massacres en Afrique, en Asie ou dans les Balkans en Holocauste sont inacceptables.
Aucun autre pays hormis la France n’a reconnu le génocide arménien par une loi.
Aujourd'hui les incidents historiques sont transformés en conflits politiques.
C'est pourquoi je ne pense pas qu'Israël doive faire face à ce problème."
(…)
L’agence APA passe volontairement sous silence que 22 pays à
ce jour, ont reconnu le génocide arménien : Uruguay, Russie, Chypre, Grèce,
Canada, Italie, Liban, Australie, Belgique, France, Argentine, Suède, Slovaquie,
Pays-Bas, Allemagne, Lituanie, Venezuela, Pologne, Suisse, Brésil, Vatican et
Chili.
* Brève Karabakh *
Le 8 Février, la mission d’observation de l’OSCE se rendra
au Sud de la ligne de contact, à Varanda dans la région de Fizuli.
Côté arménien, le suivi sera effectué par Christo Hristov et
Marius Puodzinuas. Côté azerbaïdjanais, ce sont Anthal Herdic et William Pryor
qui assureront l’observation.
Il est plus que probable qu’aucune violation du cessez-le
feu ne sera relevé. A noter toutefois que durant la semaine passée, 150
violations représentants 600 tirs, ont été relevés. Un soldat arménien, âgé de
20 ans, est décédé des suites de ses blessures du côté de Hadrout.
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Extrait de Radiolour
et de PanArmenian