Audience du futur ambassadeur américain d’Azerbaïdjan


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

En France la nomination des Ambassadeurs relève exclusivement du gouvernement. Aux Etats-Unis ils sont proposés par le gouvernement et doivent être confirmés par le Sénat dans l’année qui suit leur désignation. En cas d’avis défavorable, ils quittent leur fonction. Ce fut très récemment le cas pour Matthew Brysa en Azerbaïdjan, ou sont refusés avant même de prendre leur fonction, comme ce fut le cas par deux fois en Arménie.

Comme tout diplomate, il est tenu au devoir de réserve et doit refléter la position de son gouvernement et gare s’il donne son point de vue personnel. On se souvient encore de l’ambassadeur John Evans qui a été démis de ses fonctions par G. Bush pour avoir qualifié les massacres des Arméniens en 1915 de génocide.

Après l’audition par le Sénat du futur (?) ambassadeur en Azerbaïdjan, il ne faut pas s’attendre de sa part qu’il s’implique plus que nécessaire dans le conflit du Karabakh ou qu’il fasse des remarques sur la mauvaise foi des dirigeants azéris. Comme tout diplomate qui se respecte, il mettra en œuvre la stratégie de son pays dans la région, c'est-à-dire : - sur un plan militaire s’en faire un allié comme base arrière d’éventuelles opérations dans la région, et donc poursuivre la vente d’armes ; - sur un plan économique faire aboutir un maximum de contrats, notamment énergétiques ; - sur le conflit du Karabakh ressasser les généralités habituelles ; - et bien évidemment fermer pudiquement les yeux sur les dérapages du potentat Aliev concernant les droits de l’homme et les libertés.

De ce côté-là, les Etats-Unis ne dérogeront pas à la règle des pays occidentaux : donner des leçons et surtout ne pas inquiéter les maitres du pays, surtout si ceux-ci possèdent des richesses, minières et énergétiques, et soudoient pardon injectent de l’argent dans les pays occidentaux (suivez mon regard).


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Les indicateurs alternatifs du bien-être

Comme beaucoup d’autres organisations, l’OCDE mesure normalement le niveau de vie matériel des pays membres par leur produit intérieur brut (PIB) et l’évolution de celui-ci. Or, il est évident que les gouvernants cherchent à améliorer le bien-être global, actuel et futur, des citoyens en tenant compte d’autres facteurs que le PIB, ayant traits notamment à la redistribution et à la qualité de l’environnement. Des indicateurs de la croissance économique peuvent refléter de façon adéquate le développement et le niveau du bien-être dans les 34 pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques.

La Turquie se retrouve en dernière position pour les revenus par habitant (Graphique 1) et en avant-dernière position pour le score moyen de bonheur (Graphique 4) de l’étude.

Pour déterminer si l’individu est heureux et satisfait (ou insatisfait) de sa vie, une solution consiste à lui demander son avis. Bien sûr, dans certaines circonstances, certains individus ne seront plus heureux que si d’autres le sont moins ; c’est le syndrome de «réjouissance du malheur des autres».

Cette étude appelle de ma part trois remarques :

-      Au Mexique, si le revenu par habitant est en avant-dernière position, le score moyen de bonheur est le plus élevé des 34 pays. Comme quoi : «l’argent ne fait pas toujours le bonheur».
-      A voir la position de la Turquie dans différents classement effectués par des organismes ou des ONG internationaux, on peut se demander pourquoi elle fait partie du G20, si ce n’est pour des raisons politiques et géostratégiques.
-      C’est une chance que l’Azerbaïdjan ne fasse pas partie de l’OCDE, car sur le critère lié au syndrome de «réjouissance du malheur des autres», il aurait certainement décroché la première place haut-la-main. On se souvient encore de la population azérie qui dansait et sautait de joie dans les rues de Bakou lorsqu’en décembre 1988 un séisme de magnitude 7,9, a frappé l’Arménie.





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L'escalade de la violence de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie et le Haut-Karabakh et l’atteinte permanente aux droits de l'homme, ont été au centre de l’audience de confirmation du futur ambassadeur américain en Azerbaïdjan, Richard Morningstar, par la Commission des Affaires étrangères du Sénat ; rapporte le Comité National Arménien d'Amérique (ANCA).

Dans les questions successives, la présidente de la Sous-commission pour l'Europe Jeanne Shaheen (D-NH) et le sénateur Robert Menendez ont envoyé un message clair que les relations États-Unis-Azerbaïdjan ne doivent pas uniquement être fondées sur des préoccupations énergétiques mais doivent refléter les questions fondamentales de renforcement de la démocratie et des droits de l'homme, et qu’une solution pacifique et durable au conflit du Haut-Karabakh doit être trouvée.

"L'intégration de l'Azerbaïdjan dans l'Occident peut et doit s'étendre bien au-delà des pipelines. Les Etats-Unis doivent aussi continuer à travailler avec l'Azerbaïdjan sur l'avancement des réformes démocratiques et économiques, y compris la promotion du respect de la primauté du droit, de la transparence, et des libertés fondamentales. Pour assurer un avenir plus sûr et plus prospère pour la région, il n'y a pas de priorité plus élevé immédiate pour les États-Unis que le règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh," a déclaré l'ambassadeur désigné, Richard Morningstar, dans sa réponse, soulignant les grands niveaux d'énergie et de coopération sur la sécurité, entre les États-Unis et la nation du Caucase.

Dans ses questions à Morningstar, le sénateur Robert Menendez a appelé une attention particulière sur les récentes attaques transfrontalières de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie, sur les menaces du président Aliev que «les Arméniens vivront dans la peur», et à son affirmation que «Nos [Azerbaïdjan] principaux ennemis sont les Arméniens du monde entier». Et a demandé : "pensez-vous qu’en fonction de ce genre de déclarations, les ventes de matériel militaire susceptible être utilisé en conjonction avec la flotte d’hélicoptères militaires de l'Azerbaïdjan, soient vraiment dans l'intérêt national des Etats-Unis ?"

Morningstar a répondu que : "'C’’est juste de le dire, et je le dirai, que tout propos qui est contre-productif, comme vous l'avez dit, que toutes les mesures prises par toutes les parties susceptibles de provoquer des morts, comme la Secrétaire d'Etat l’a déclaré la semaine dernière, crée des tensions accrues, peut créer des escalades qui peuvent avoir des conséquences imprévisibles et inattendues, et rendre encore plus difficile la tâche de solutionner le conflit du Haut-Karabakh." Il s'arrêta juste avant d’employer les mots 'agression du gouvernement azerbaïdjanais contre l'Arménie’ ; et ajouta : "Il y a des tensions croissantes à l'égard de ses autres voisins, en particulier avec l'Iran. Et nous devons fournir, je pense, une assistance à la sécurité, une aide peut-être militaire d'une manière qui ne peut pas être utilisée pour exacerber la situation à l'égard de l'Arménie ou du Haut-Karabakh."

Menendez n'a pas tardé à réagir, rappelant à Morningstar que : "Je n'ai pas entendu le président Aliev dire ‘Mon principal ennemi ou problème de sécurité est l'Iran’, mais plutôt : ‘Nos principaux ennemis sont les Arméniens du monde entier.' [. . .] J'ai un réel problème pour aller de l'avant et vendre du matériel militaire aux Azerbaïdjanais sur la base de ce qui s'est passé."

En réponse à la question du sénateur Menendez qui demandait pourquoi la destruction par l'Azerbaïdjan du cimetière arménien de Djoulfa n'a pas été incluse dans le rapport du Département d'Etat, relatif à la liberté religieuse, Morningstar a répondu : "Je ne sais pas. Mais je peux dire que, si je suis confirmé dans ce poste, je ferai tout mon possible pour visiter le cimetière et que toute profanation quelle qu’elle soit, est inacceptable, scandaleux et je ferai de mon mieux pour y arriver, et rapidement."

Menendez a continué sans se décourager, déclarant : «Je suppose que le seul obstacle à vos efforts sera que les Azerbaïdjanais ne vous laisseront pas y aller ? J'essaie de comprendre ce que vous voulez dire par ‘tout mon possible’ ? Pensez-vous réellement faire ‘tout votre possible’ pour y aller ?" faisant référence au refus du régime Aliev pour permettre à l’ancien ambassadeur Bryza d’aller visiter cette région.

"Oui," fut la réponse de Morningstar.

Comme avec les candidats passés, le sénateur Menendez a questionné Morningstar au sujet de sa position sur la reconnaissance du génocide arménien : "Je ne m’attends pas à ce que votre réponse soit toute différente de celle que j'ai eu des candidats vous ayant précédé devant cette Commission, mais je dois vous demander si oui ou non vous contestez les faits qu’en 1915 1,5 million d'Arméniens ont été sauvagement massacrés et forcé de marcher vers leur mort dans les derniers jours de l'Empire ottoman ?"

"Non, je ne sais pas," a répondu Morningstar.

La sénatrice Shaheen a axé ses questions sur les droits de l'homme en Azerbaïdjan, et a exhorté Morningstar d’exercer plus que des "pressions" pour obtenir un mouvement positif en ce qui concerne les efforts de renforcement de la démocratie dans le pays. Elle a ensuite demandé à Morningstar ce qu’il pensait de la vente par Israël pour 1,5 milliard de dollars d'armes et des effets sur la stabilité régionale. Dans ses remarques liminaires, le Président du Commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry, avait déclaré déjà l'importance de trouver une résolution pacifique au conflit du Haut-Karabakh. Le républicain Richard Lugar (R-IN) a concentré ses questions sur le domaine énergétique et sur le rôle de l'Azerbaïdjan dans la région.

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"Nous nous joignons avec les Arméniens du New Jersey, du New Hampshire et de tous les Etats-Unis pour remercier les sénateurs Menendez et Shaheen pour avoir mis en avant l'échec de l'administration Obama à faire face aux menaces croissantes de l'Azerbaïdjan, aux actes d'agressions anti-arméniennes, et à l'aggravation des droits de l'homme. Nous avons été particulièrement heureux que, suite aux dernières attaques transfrontalières azerbaidjanaises contre l'Arménie et le Haut-Karabakh, le sénateur Menendez ait réussi à obtenir des assurances de l'ambassadeur désigné Morningstar sur le contrôle très strict à appliquer à tous les transferts potentiels militaires américains ou aux ventes au gouvernement azerbaïdjanais lequel a ouvertement promis d'utiliser son arsenal pour accroitre le nombre de ses agressions," a déclaré Directeur exécutif de l'ANCA Aram Hamparian.

Les sénateurs ont une journée supplémentaire pour soumettre des questions écrites à l'Ambassadeur désigné Morningstar. Aucune date n'a encore été fixée pour le vote de confirmation par le Sénat.

* Indemnisations des victimes du génocide par AXA (suite) *

Environ 2,1 millions de dollars seront finalement payés, à partir d'un fonds de compensation, pour les descendants de victimes du génocide arménien.

Au cours de l’audience du 11 Juin, la juge Christina Snyder a indiqué que si les avocats sont d'accord, seule une centaine de plaignants doivent être déboutés. "Mieux vaut tôt que tard," a-t-elle souligné.

L'accord sur le paiement a été conclu par un groupe d'avocats qui ont épluché et contrôlé les fonds, puis par le cabinet "Holthouse, Carlin et Van tright" qui a vérifié les réclamations.

Il restera environ 700.000 dollars après paiement, et encore plusieurs certaines de dossiers de réclamation en suspens.

Lors de l'examen par "Holthouse, Carlin et Van tright", les comptables ont trouvé 17 chèques qui ont été approuvés par le cabinet "Berdj Boyadjian and Associates," et adressés à des non-plaignants, suite à la requête déposée devant le tribunal.

L’avocat Vartkes Yeghiayan, basé à Glendale, avait initialement demandé un réexamen des 13.000 réclamations faites au fonds d'indemnisation mis en place par l'assureur AXA SA, basé en France, pour trouver d'éventuelles incohérences, mais son avocat, Roman Silberfeld – en collaboration avec les avocats Mark Guiragos et Brian Kabateck - avait conclu un accord en début d’année demandant que seules les demandes supérieurs ou égal à 15.000 $ soient traitées.

Les chèques signés par le Cabinet "Boyadjian and Associates" totalisent environ 312.000 $, suite à la requête déposée par Me Silberfeld.

Roman Silberfeld cite ainsi le cas de deux demandeurs qui avaient des chèques libellés à leur nom, mais qui ont été encaissés par Me Boyadjian. "Contactés, ils m'ont dit qu'ils n'avaient autorisé personne à déposer les chèques en leur nom."

Dans une interview après l'audience du tribunal, Me Boyadjian a indiqué qu'il avait déposé six chèques dans un fonds d'affectation spéciale - geste qui a été autorisé par ses clients. "Cet argent reviendra finalement à ses clients ou à leurs ayants droit," a ajouté Boyadjian.

A suivre

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Extrait de Radiolour et de PanArmenian