Ilham Aliev persiste et signe

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Bakou s’évertue à transférer la résolution du conflit du Karabakh vers d’autres plateformes (ONU, APCE) que l’actuelle OSCE, espérant ainsi faire plier l’Arménie et atteindre ses objectifs de reconquêtes.

Si les grandes puissances lorgnent avec intérêt sur les gisements azéris, elles ne sont pas prêtes à déstabiliser la région pour que l’Azerbaïdjan récupère ses territoires, d’autant qu’ils ne présentent aucun intérêt sur le plan stratégique et encore moins sur le plan économique. Par contre, elles sont fortement intéressées pour qu’un accord intervienne entre les parties, afin que les gazoducs vers l’Europe (Nabucco ou South-Stream) puissent entrer en service d’ici quelques années. Une guerre arméno-azérie mettrait en danger le gazoduc qui passe une trentaine de 30 km de la frontière arménienne.

Relativement dépité par les commentateurs de l’Eurovision qui ont terni l’image de son régime, Ilham Aliev veut redorer son blason et se lance dans de la surenchère, ne voulant surtout pas perdre un pouce de terrain ; aussi les négociations trainent-elles en longueur car à ne vouloir céder sur aucun point il risque tout bonnement de tout perdre. Quant à reprendre par la force ce qu’il considère comme son bien, il devrait méditer les propos de l’analyste russe Konstantin Zatuline : "L'Arménie et la Russie font partie de la même union militaro-politique, tandis que l'Azerbaïdjan est juste un membre de la CEI",  et se rappeler la mésaventure de son voisin géorgien en Aout 2008.

"La haine rend non seulement aveugle et sourd mais incroyablement bête" disait Konrad Lorenz.




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* Relations UE-Arménie *

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, a reçu le Représentant spécial de l'UE pour le Sud-Caucase et la crise en Géorgie, Philippe Lefort.

"L'Union européenne continue de soutenir le format actuel des pourparlers de paix arméno-azerbaïdjanais et s'oppose fermement à toute tentative visant à mettre fin au conflit du Haut-Karabakh par la force. Une nouvelle guerre au Karabakh serait désastreuse non seulement pour les parties en conflit, mais aussi pour toute la région. Ce serait catastrophique pour tout le monde. C'est pourquoi nous ne voulons pas que ce conflit prolongé se transforme en conflit actif," a-t-il déclaré.

Le diplomate a réaffirmé le soutien de l'UE pour les principes de base d'un règlement du conflit mis en avant par les trois coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE - États-Unis, France et  Russie. Il les a qualifiés de "alternative très sérieuse à la situation actuelle." 

Les deux parties affirment largement accepter l'accord rédigé par les trois puissances médiatrices, mais elles sont toujours en désaccord sur certains points clés du règlement proposé. 

Lefort a indiqué que l'UE continue de croire que le Groupe de Minsk devrait rester le principal organe international qui tente de négocier un accord de paix arméno-azerbaïdjanais. "Si nous devions changer le format, il y aurait un grand risque de perdre le plan de paix."

Les interlocuteurs ont également discuté des relations Arménie-UE et des perspectives de développements, et ont échangé des vues sur un certain nombre de questions régionales.

* Relations OSCE-Arménie *

Edouard Nalbandian a également reçu Patrick Murphy, le Représentant spécial pour le Sud-Caucase du Président de l'OSCE en exercice. Les discussions ont essentiellement porté sur les moyens de règlement du conflit du Karabakh.

Le ministre arménien a attiré l'attention sur les actions de l'Azerbaïdjan qui perturbent la stabilité et la sécurité régionale : la rhétorique militaire, la course aux armements et les provocations périodiques sur la ligne de contact.

Patrick Murphy a fait remarquer, quant à lui, que la présidence irlandaise de l'OSCE soutient les efforts du Groupe de Minsk de l'OSCE pour un règlement pacifique du conflit du Karabakh, les initiatives visant à la réduction de la tension sur la ligne de contact, ainsi que le renforcement de la confiance.

Les interlocuteurs ont abordé les questions de l'ordre du jour de la prochaine visite du Président de l'OSCE dans la région.

* Déclaration de l’Artsakh *

La Représentation de la RHK de Washington a envoyé la déclaration du ministère des Affaires étrangères de l’Artsakh faite à l’occasion du 9 Mai, au Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, et aux membres du Conseil de sécurité.

"Le 9 Mai est un jour triplement férié pour la République du Haut-Karabakh.

La population de l'Artsakh célèbre la fête de l'Unité, de la Paix et de la Liberté, le jour de la victoire de la seconde guerre mondiale (la grande guerre patriotique).

Les Arméniens d'Artsakh ont joué un rôle important dans la victoire contre les nazis. L’Artsakh a donné trois maréchaux, un amiral, 24 généraux, 28 héros de l'URSS et de nombreux officiers, qui ont apporté une contribution majeure.

Le 9 Mai est aussi le 20e anniversaire de la libération de Chouchi. Chouchi a longtemps servi d’unique point de défense pour la population de Varanda. Au XVIIIe siècle, il est devenu une ville-forteresse, puis un important pôle commercial et culturel au siècle suivant. En 1920, le pouvoir soviétique a été établi à Chouchi et en Juin 1923 le Haut-Karabakh a été rattaché à la RSS d'Azerbaïdjan.

Dans les années 1990, Chouchi a servi de base importante lors de l’agression militaire de l'Azerbaïdjan, il a été principalement utilisé pour bombarder Stepanakert, ce qui a entrainé des centaines de victimes et fait de nombreux blessés parmi la population civile.

La conversion de la cathédrale Ghazanchetsotz en dépôt militaire était la preuve vivante de l'attitude de l'Azerbaïdjan envers les Arméniens et son patrimoine culturel.

La population arménienne était au bord de l'annihilation. Les forces azerbaïdjanaises ont du quitté la ville suite à la prise de la citadelle par l’armée de défense du Karabakh le 9 Mai 1992. Après la libération de Chouchi, les forces arméniennes ont réussi à réactiver la ‘route de la vie’, la voie la plus courte entre le Haut-Karabakh et l'Arménie.

Enfin, le 9 Mai est également l'anniversaire de la création de l'Armée d'Artsakh, qui symbolise l'aspiration d’une nation pour défendre son honneur, et assurer sa sécurité et sa liberté. Pour cette raison, chaque année, ce jour-là l'Artsakh exhorte sa population à tirer les leçons du passé et faire respecter l'attachement aux principes de coexistence et de résolution pacifique des conflits.

Face à cela, les dirigeants de Bakou diffusent en permanence des déclarations agressives et des menaces à notre adresse, comme s’ils avaient ‘oublié’ l'accord de cessez-le-feu signé par les dirigeants de l'Artsakh et l'Azerbaïdjan et de l’Arménie en 1994. Durant le dernier septennat, l'Azerbaïdjan a multiplié par vingt ses dépenses militaires, dépassant toutes les limites internationales.

Le ministère des Affaires étrangères du Haut-Karabakh déclare que la République d'Azerbaïdjan, en poursuivant cette de accroissement, portera la responsabilité de transformer le problème du Karabakh en un conflit militaire et entrave la résolution pacifique du conflit Karabakh-Azerbaïdjan.

Le ministère des Affaires étrangères du Haut-Karabakh appelle la communauté internationale à évaluer comme il se doit la politique de l'Azerbaïdjan, laquelle va à l'encontre de la Charte des Nations Unies et de l'Acte final d’Helsinki, pour prévenir une nouvelle agression azérie."

La Déclaration sera officiellement diffusée cette semaine en tant que document à l'Assemblée générale et au Conseil de sécurité.

* Brève RHK *

Le 31 mai, le président de la République du Haut-Karabakh, Bako Sahakian, a reçu la baronne Caroline Cox, membre de la Chambre des Lords britannique.

Les questions liées à la politique intérieure et étrangère de l'Artsakh, ainsi que la mise en œuvre de différents projets dans la république ont été discutées. Le Président a indiqué la grande reconnaissance de la population à la baronne pour sa forte contribution au développement de l'Artsakh et sa reconnaissance internationale.

* Brève OSCE *

La mission de surveillance de l’OSCE s’est rendue sur la frontière arméno-azerbaïdjanais, près du village de Aygepar.

Côté arménien, c’est Andrzej Kasprzyk qui conduisait la mission, assisté de Hristo Hristov et de Irjie Aberle.

[Ndlt : Bien évidemment, aucun incident n'a été enregistré ; les parties ayant été averties de la présence des Observateurs. S’il n’y avait hélas de temps à autres des morts et/ou des blessés, on pourrait croire que les violations du cessez-le-feu sont imaginaires.]

* Le coin des experts *

* Konstantin Zatuline

"Le président russe Vladimir Poutine fera très probablement une visite d'Etat en Arménie début Septembre. La ligne de la politique de la Russie sur le Haut-Karabakh ne changera pas sous la présidence de Vladimir Poutine. Elle continuera sa mission de médiation en tant que pays coprésident du Groupe de Minsk de l'OSCE. Malgré les efforts de l'Azerbaïdjan depuis de nombreuses années, les médiateurs sont restés attachés aux principes de Madrid. Je pense que l'Arménie et l'Azerbaïdjan doivent réfléchir aux mesures qui aidenront à soulager la tension dans les négociations," a déclaré le Directeur de l'Institut des pays de la CEI, Konstantin Zatuline.

Selon le politologue, la Russie tient à garder de bonnes relations avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan. "La Russie estime que le niveau élevé des relations russo-azerbaïdjanaises permet au moins d'éviter l'aventurisme de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie. En même temps, les relations russo-arméniennes et russo-azerbaïdjanaises ne peuvent pas être comparées. L'Arménie et la Russie font partie de la même union militaro-politique, tandis que l'Azerbaïdjan est juste un membre de la CEI."

* Kiro Manoyan

Le directeur du Bureau de la Cause arménienne de la FRA pense qu’une reprise de la guerre du Karabakh est peu probable, compte tenu de la non-préparation de l'Azerbaïdjan.

"Je ne pense pas que l'Azerbaïdjan soit prêt à déclencher une nouvelle guerre par manque de confiance en sa victoire. Par ailleurs en cas de guerre, la manne pétrolière du pays en pâtirait sérieusement," a indiqué Kiro Manoyan.

Toutefois, la militarisation de l'Azerbaïdjan, les déclarations de ses dirigeants, les incidents sur la ligne de contact peuvent servir de prétexte pour reprendre la guerre. Aussi, les coprésidents du groupe Minsk de l'OSCE se sont donné comme objectif de réduire ce risque.

"Quoi qu’il en soit, l'Azerbaïdjan va essayer de transférer le règlement du conflit du Karabakh sur les Nations Unies," a-t-il souligné.


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