Traductions et
commentaires de Gérard Merdjanian
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Commentaires
Après les laïus du Haut représentant de l’UE pour les
Affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Aston, et du Commissaire
européen pour l’élargissement et le voisinage de l’UE, Stefan Füler, voici
celui du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.
Alors que les deux précédents avaient mis l’accent sur le
côté politico-économique, le respect des normes, tant sur la politique
intérieure (élections) que sur la politique extérieure (conflit du
Haut-Karabakh), le président Van Rompuy a abordé le côté culturel et humain en insistant
sur la société civil. Bien évidemment en parlant des dérapages et des
violations du cessez-le-feu, comme ses collègues, il s’est bien gardé de citer
le fauteur de trouble, d’autant que sa prochaine étape est Bakou puis Tbilissi.
D’ailleurs son discours, au sortir de sa rencontre avec Ilham Aliev, reflète le ton généraliste où il reprend le même
argumentaire que la veille à Erevan.
On remarquera toutefois, que le ton affectif employé à
Erevan ne se retrouve pas à Bakou où priment essentiellement l’économique et l’aspect
politique, qu’il a commencé sa visite par l’Arménie, qu’il a rencontré plus d’interlocuteurs
à Erevan qu’à Bakou et qu’il a réitéré le vœu de l’UE de pouvoir de rendre en
Artsakh, vu que tout officiel se rendant à Stépanaguerd se retrouve
immédiatement sur la liste noire des ‘personna non grata’ de Bakou.
La question reste toujours la même : Est-ce que le clan
Aliev va prendre en compte ou pas les remarques et les remontrances, même si
elles sont généralistes ?
C’est peu probable pour deux raisons :
-
La première, même quand elles émises par les
présidents américains, russes et français, c'est-à-dire les pays coprésidents
du groupe de Minsk de l’OSCE, Bakou n’en a cure.
-
La seconde, les élections présidentielles devant
se dérouler d’ici un an (comme en Arménie), ce n’est pas le moment de se
montrer faible et plier devant les médiateurs internationaux.
«Le fanatisme est
aveugle, il rend sourd et aveugle. Le fanatique ne se pose pas de questions, il
ne connaît pas le doute : il sait, il pense qu’il sait.» (Elie Wiesel)
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Traductions
Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, se
trouve en Arménie, premier pays de sa tournée du Sud-Caucase. S’adressant à
l'Assemblée nationale arménienne, il a déclaré :
"L'Arménie a
apporté tellement de choses à l'histoire et la culture européenne - l'influence
de votre pays est familière à tous les Européens, qu’ils aient eu ou non la
chance de la visiter. Et je crois que nous avons encore beaucoup à partager à
l'avenir. J'ai toujours été captivé par la riche et remarquable histoire de
votre pays. En tant que nation chrétienne la plus ancienne, vous avez les
églises et les monastères les plus vénérables du monde."
Selon le président, l'Europe considère l’Arménie comme un
partenaire clé dans la promotion de la paix et la sécurité internationales, qui
s'engage dans un multilatéralisme efficace, y compris pour le règlement
pacifique du différend aussi bien par l’ONU que par l’OSCE.
"Les
ambitions que nous avons pour nos relations avec l'Arménie ne seront atteintes
que si elles sont construites sur la paix, la sécurité et la stabilité. La
situation dans la région est un défi majeur."
"La
résolution du conflit du Haut-Karabakh est la clé pour libérer l’énorme
développement potentiel de la région et la prospérité qu'elle peut apporter.
Mais pour ce faire, cela dépend beaucoup de la volonté non seulement des
politiciens, mais aussi des citoyens, pour prendre des décisions difficiles et
travailler ensemble, pour résister aux tentations de la rhétorique populiste et
de l'enchâssement."
"L'Arménie a
l'intention d'approfondir ses relations avec l'Union européenne, et c'est
quelque chose que nous accueillons avec plaisir. Votre désir d'apporter vos
propres normes et les normes plus proches de celles de l'Union européenne
représente un choix stratégique pour votre pays, qui est au cœur de notre
nouvel accord."
"Les
avantages du partenariat oriental ne peuvent pas se réaliser pleinement sans un
effort soutenu pour renforcer la stabilité entre voisins. L'Union européenne
continuera d'insister pour que l'Arménie et l'Azerbaïdjan intensifient leurs
efforts pour arriver à un Accord. Les principes de Madrid, ainsi dénommés,
restent une base valable pour la paix, conformément aux engagements pris par
les présidents des deux pays envers la France, la Russie et les États-Unis en
tant que coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE. Et nous allons continuer à demander un accès inconditionnel aux
représentants de l'Union européenne au Haut-Karabakh et aux régions
environnantes."
"C'est avec
une grande préoccupation que j'ai appris que de graves incidents armés avaient
eu lieu le long de la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et sur la
ligne de contact. Je regrette profondément la perte des vies humaines.
L'horloge ne peut pas revenir sur ces incidents tragiques, mais des leçons
peuvent être tirées. L'Union européenne appelle les deux parties à respecter
strictement le cessez –le-feu et se retenir d’utiliser la force, sur le terrain
et dans les déclarations publiques, afin de prévenir une nouvelle escalade de
la situation. La menaces et l'usage de la force ne contribuent pas à la
résolution de ce conflit persistant."
"Les efforts
du Groupe de Minsk et de ses coprésidents qui visent à un règlement pacifique, ont
notre entier soutien. S'il y a lieu, nous sommes prêts à fournir une assistance
supplémentaire pour les mesures de confiance. Et une fois qu'il y aura une
entente de règlement, l'UE sera prête à aider à sa mise en œuvre par une assistance
de réhabilitation."
Concernant les relations arméno-turques, le Président a
déclaré : "L'Union européenne
continuera à encourager les deux parties à rester engagés dans le processus de
normalisation des relations bilatérales, sans conditions préalables de
n'importe quel côté. Je suis profondément convaincu qu’en normalisant ces
relations avec notre voisin commun et pays candidat à l'UE, ce sera une
contribution exceptionnellement positive à la sécurité, la stabilité et la
coopération dans le Sud-Caucase et au-delà."
(…)
Après avoir rencontré le président Serge Sarkissian, les
deux présidents ont donné une conférence de presse conjointe.
"L'Arménie
est résolue à mettre en œuvre sur une grande échelle des réformes ciblées pour
une plus grande démocratisation, un renforcement de la primauté du droit,
l'amélioration de la situation socio-économique et une efficacité accrue des
structures étatiques. Nous considérons l'Union européenne comme un partenaire
fiable et un supporter du processus."
Au cours de la conférence, les interlocuteurs ont réaffirmé que
le conflit du Karabakh doit être résolu dans le cadre du Groupe de Minsk de
l'OSCE sur la base des principes de la Charte des Nations Unies et l'Acte final
d’Helsinki.
"L'utilisation
de la menace de la force et les provocations armées sont aussi inacceptables dans
l’Europe du 21e siècle que les déclarations chauvines et les tentatives de falsification
de l’histoire. Nous nous félicitons de la volonté de l'Union européenne pour nous
aider à mettre en œuvre des mesures de confiance et pour l'établissement d'une
paix durable dans la région."
Herman Van Rompuy a déclaré pour sa part : "Les progrès sur le règlement du
conflit du Haut-Karabakh doivent rester une priorité absolue. Chaque jour qui
passe sans une solution est une occasion manquée pour nous tous. Afin de
trouver une solution, nous devons renforcer la confiance en nous, la confiance
envers l’autre et le respect."
"La force
militaire ne résoudra pas le conflit. Seul un règlement pacifique et négocié
peut permettre à l'ensemble de la région de se déplacer au-delà du statu quo actuel
vers un avenir sûr et prospère. Si un environnement sûr et stable régionale peut
être préparé, la stabilité et la paix apporteront des avantages à tous les
Arméniens. L'UE est prête à soutenir les efforts de construction de la confiance
et de la réconciliation. Nous avons à la fois les moyens et l'expérience pour ce
faire."
En ce qui concerne les élections législatives en Arménie du
6 mai dernier, Herman Van Rompuy a indiqué que les positions des parties se
chevauchent sur leur évaluation. Que celles-ci ont été les meilleures élections
de l'histoire de la nouvelle Arménie indépendante, mais qu’il reste encore
beaucoup à faire pour améliorer encore le processus électoral.
Le président Serge Sarkissian a réitéré son engagement à
inscrire de nouveaux progrès dans l'organisation et la conduite des élections
présidentielles de 2013.
(…)
"L'engagement
de l'Arménie à des réformes fondées sur les valeurs fondamentales de l'Union
européenne, et conformément aux standards et aux normes de l'UE, est la
bienvenue. Il s'agit clairement d'un choix stratégique fait par l'Arménie,"
a déclaré le président du Conseil européen, au Forum de la société civile "l'Arménie en Europe".
"L'Arménie est sur la bonne voie, même s'il y a encore du
travail. L’Union européenne est prête à soutenir l'Arménie. Nous saluons les
efforts que les autorités arméniennes fournissent pour plus de compétitive et pour
la transparence des élections parlementaires. Ce fut une étape importante, même
si il y a encore quelques problèmes à régler, tels qu’indiqués dans le rapport
final de la Mission d'observation des élections de l'OSCE/OCIDH."
"L’accomplissement
de l'Arménie avec son énorme potentiel, y compris dans l'association politique
avec l'UE, dépend de la réalisation à moyen et à long terme, de la stabilité et
de la prévisibilité. Ce ne peut être atteint qu’en éliminant la menace d'un
conflit, et en s'attaquant aux conséquences du conflit précédent. Ici aussi la
société civile a un rôle important à jouer, en encourageant et en servant la
résolution pacifique du conflit du Haut-Karabakh. Sans la pleine participation
des sociétés touchées par le conflit dans le processus de paix, cette phase des
négociations pourrait échouer, avec des conséquences graves pour la stabilité à
long terme dans la région."
* Brève de
Turquie *
Le Premier ministre turc a appelé le président américain pour
lui proposer de mener une attaque contre la Syrie après que Damas ait abattu un
jet turc le 22 Juin. Recep Tayyip Erdogan a essayé de persuader Barack Obama d’utiliser
ce prétexte pour mettre en scène une attaque contre la Syrie.
Erdoğan "a fait valoir avec force" que l'incident était
parfait pour une offensive de l'Ouest-arabo-musulman contre la Syrie, et pour
créer une zone d'interdiction aérienne, tout en attaquant les cibles militaires
du régime afin d’établir des zones sûres pour les rebelles syriens et des
réfugiés.
L'armée turque, la Force aérienne et la Marine sont prêtes
pour l'action, mais cette fois les Etats-Unis doivent conduire l'offensive et
non pas «juste derrière», comme en Libye.
Le président américain a contré les arguments d'Erdogan en
disant que le moment n'était pas encore venu pour une action militaire directe
contre la Syrie par les États-Unis et que pour le moment, ils fomentent des
opérations clandestines en collaboration avec les forces spéciales
britanniques, françaises et turques.
Selon Erdoğan, ces tactiques secrètes ne parviendront pas à
arrêter la violence en Syrie ou à renverser le régime de Bachar al-Assad. Il pense
qu’une attaque par la puissance militaire américaine permettrait d'atteindre ce
but, objectif que la Turquie ne peut atteindre seule.
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Extrait de Radiolour
et de PanArmenian