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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian
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Le dictocrate ottoman, se croyant investi de pouvoirs sultanesques à l’instar de son ancêtre Mehmed II le Conquérant, a réussi en quelques années à passer d’un islamisme soi-disant démocratique à un islamisme intolérant, le tout teinté d’une soif de conquêtes.
La
doctrine élaborée en 2001, zéro problème avec les voisins, par l’ex-ministre
des Affaires étrangères / ex-premier ministre, Ahmet Davutoğlu, a fait long
feu. La vision du néo-sultan dépasse allègrement les frontières actuelles de
son pays et sa doctrine embrasse un néo-ottomanisme version 21ème
siècle : De la Lybie jusqu’en Asie centrale à travers des pays musulmans,
et gare aux empêcheurs de tourner en rond.
Mais
qui sont ces proches voisins empêcheurs ?
En
premier lieu, les Kurdes, qui, implantés à l’Est de l’Anatolie, rêvent d’un
Etat. Après avoir servis de supplétifs aux Occidentaux dans la lutte contre
Daech, ils ont été ingratement lâchés par la coalition, et harcelés depuis par
la soldatesque turque sur le territoire syrien.
Le
second ‘gêneur’ est la Grèce, dont le contentieux remonte à des siècles mais
plus particulièrement depuis l’invasion militaire de Chypre en 1974. Pour
atteindre ses objectifs, le dictateur a besoin d’assurer ses approvisionnements
énergétiques à bas coûts. Athènes, l’empêche de forer là où il veut,
c'est-à-dire dans des eaux territoriales (ZEE) qui ne lui appartiennent pas.
Le
troisième – la diaspora arménienne puis l’Arménie, qui depuis une cinquantaine
d’années ne cesse de harceler la sublime porte, est une épine dans le pied qu’elle
traîne depuis le génocide de 1915. Les choses ayant sérieusement empiré depuis
l’implosion de l’URSS et le conflit du Haut-Karabakh.
Passons
aux pays musulmans.
L’Irak
en pleine crise après la chute de Saddam Hussein et l’implantation progressive
des djihadistes de Daech a vu les Kurdes prendre les armes pour défendre leur
territoire. Il n’en fallait pas plus au despote pour aller les combattre,
jusqu’à aller aider les Djihadistes à vendre leur pétrole de contrebande.
Depuis les Irakiens n’apprécient pas outre mesure leur voisin turbulent.
L’idylle
avec la Syrie a tourné au vinaigre quand le gouvernement de Damas a commencé à
combattre l’opposition en parallèle aux troupes de Daech. Erdoğan en a profité
pour envahir un morceau du pays pour régler le sort des Kurdes et
accessoirement prêter assistance aux combattants de Daech. Le contentieux est
loin d’être terminé d’autant que les Russes ont mis leur grain de sel.
En
ce qui concerne l’Iran, il n’est pas nécessaire de faire un dessin. Erdoğan,
défenseur d’un islam rigoureux, qui rêve de devenir le nouveau sultan des
‘vrais’ croyants, c’est-à-dire des Sunnites, ne peut pas faire une quelconque
alliance avec des Chiites. D’autant que ces derniers par Hamas interposé, le
combattent en Syrie.
Restent
les deux pays : Un chrétien et un musulman.
La
Géorgie qui n’a pas spécialement d’atomes crochus avec Ankara est
essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, un pays de transit en
provenance de Bakou : oléoduc B-T-C, gazoduc B-T-E, Chemin de fer B-T-K (1). Pris en tenaille entre la Turquie
et l’Azerbaïdjan, la Géorgie est confortablement récompensée pour services
rendus.
Quant
au dernier, l’Azerbaïdjan, contigu par une étroite langue de terre : le
Nakhitchevan. Ce qui rend ce pays plus que fraternel, c’est qu’il est
turcophone, pourvoyeur d’énergie, et rentre tout à fait dans le schéma
néo-ottoman d’Erdoğan. Comme déclaré à maintes reprises : ‘Un peuple, deux
Etats’. Pas étonnant qu’il se batte bec et ongle pour que son petit frère
récupère intégralement son bien – le Karabakh.
Et
l’union européenne dans tout cela, vu qu’elle est concernée par Chypre et la
Grèce interposés ?
C’est
dur de décider à vingt-sept quand il s’agit de politique. Les négociations
d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, parties sur des chapeaux de roues
(9 chapitres en 2007-2008), se sont grippées en 2016 au lendemain du coup
d’Etat manqué et de la répression qui s’en est suivie.
L’UE,
bon enfant, non seulement n’a pas sifflé la fin de la partie, se contentant de hausser
un peu la voix, et encore pas tout le monde, continue de lui verser des
subsides en vue d’une hypothétique adhésion. Ces montants cumulés dépassent allègrement
les dix milliards si l’on ajoute les sommes versées dans le cadre du maintient
des immigrés sur le sol turc.
Aussi,
Erdoğan n’a pas grand-chose à craindre ni de Bruxelles ni même de l’OTAN.
Nombre de pays européens sont en affaires avec lui, et le leader allemand doit
compter en plus avec ses trois millions de citoyens d’origine turque. Quant à
l’OTAN, les Etats-Unis ont besoin de la base d’Incirlik.
C’est
beau la politique, non ?
(1)
Bakou-Tbilissi-Ceyhan, ouvert en 2005 ;
Bakou-Tbilissi-Erzurum, ouvert
en 2006 ;
Bakou-Tbilissi-Kars, ouvert en
2017.
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Arménie
Lors de sa visite officielle en Égypte, le ministre arménien des Affaires étrangères Zohrab Mnatsakanian a rencontré son homologue égyptien Sameh Shoukry.
«Les actions de la Turquie sapent l'effort de
paix et de stabilité dans le Caucase du Sud. Lors de la récente escalade à la
frontière arméno-azerbaïdjanaise, la Turquie était le seul pays à adopter une
approche unilatérale et très agressive : unilatéral en soutien à l'Azerbaïdjan
et agressive envers l'Arménie et le peuple arménien, dans une rhétorique à tous
les niveaux et en action,» a déclaré le
ministre arménien lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue
égyptien.
«Bien sûr, nous voyons le renforcement
militaire qu'elle tente. Nous entendons parler de
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Artsakh
(Haut-Karabakh)
Le Conseil de sécurité de l'Artsakh a tenu sa première session présidée par le président Arayik Haroutiounian.
Plusieurs questions clés de sécurité
étaient à l'ordre du jour. Evoquant le conflit Azerbaïdjan-Karabakh comme environnement
conditionnant les principaux risques pour la sécurité, Haroutiounian a déclaré :
«La République d'Artsakh est prête pour un
règlement pacifique du conflit, mais elle a des principes spécifiques qui
sous-tendent la politique de l'Artsakh, ainsi :
-
Les autorités de l'Artsakh
doivent participer pleinement à toutes les étapes du processus de règlement pacifique
et ultime du conflit;
- La souveraineté, l'indépendance, l'intégrité territoriale et la
sécurité de l'Artsakh ne peuvent en aucun cas être mises en péril ou négociées;
- Aucune option de règlement du conflit ne peut devenir un sujet
de discussion de fond entre les parties sans reconnaissance de l'exercice du
droit du peuple d'Artsakh à l'autodétermination;
- Les tentatives de recours à la force et à la menace de la force
pendant le règlement du conflit doivent être exclues avec des garanties
spécifiques;
- Les concessions unilatérales ou les concessions mutuelles
disproportionnées et inadéquates de la part des autorités de l'Artsakh sont
exclues dans toute option de règlement du conflit;
- Les réfugiés arméniens et les personnes déplacées à l'intérieur
de leur propre pays doivent être également engagés dans le règlement du conflit
et des processus connexes, y compris avec les réfugiés azerbaïdjanais et les
personnes déplacées à l'intérieur du pays;
-
La communauté
internationale, en particulier l'OSCE et les pays coprésidents, doivent écarter
les violations et restrictions des droits des résidents de l'Artsakh
conditionnées par le conflit et le statut international de l'Artsakh.»
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OSCE
Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE (Igor Popov de la Fédération de Russie, Stéphane Visconti de la France et Andrew Schofer des États-Unis d'Amérique) ont tenu des consultations intensives à Paris le 14 septembre. Le Représentant personnel du Président en exercice de l'OSCE, Andrzej Kasprzyk (PRCIO), a également participé aux réunions.
Les coprésidents ont passé en revue la
situation dans la région avec un accent particulier sur les nouveaux
développements suite à la violente escalade à la mi-juillet à la frontière
entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Les coprésidents ont soigneusement examiné et
évalué les messages et préoccupations privés et publics des parties. Les
coprésidents ont été informés par le PRCIO de la situation sécuritaire sur le
terrain et ont salué ses préparatifs concrets en vue de la reprise des
activités de surveillance.
Les coprésidents se sont entretenus séparément
par téléphone avec le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Jeyhun
Bayramov ainsi qu’avec son homologue arménien Zohrab Mnatsakanian et ont invité
les ministres à rencontrer individuellement les coprésidents en personne dans
les semaines à venir pour clarifier davantage leurs positions respectives, dans
le but de reprendre des négociations de fond sérieuses sans conditions
préalables.
Les coprésidents restent activement et
pleinement engagés dans la facilitation des négociations en vue d'un règlement
pacifique et global conformément à leur mandat de l'OSCE.
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Chypre
«Les autorités de Chypre estiment que l'Union européenne ne peut pas appliquer deux poids deux mesures dans sa politique de sanctions à l'encontre de la Biélorussie et de la Turquie.
Le président de la République Nicos
Anastasiades et le ministre des Affaires étrangères Nikos Christodoulides ont
déclaré qu'ils soutenaient les sanctions, mais l'UE ne doit pas aborder cette
question avec deux critères et deux poids deux mesures.
La position de Nicosie est que dans les
conditions où la Turquie continue de mener des opérations de forage sur le
plateau chypriote et menace de s'ouvrir au tourisme et aux affaires en
violation des résolutions actuelles de l'ONU, Bruxelles doit suivre les
décisions du Sommet européen de Berlin et accélérer la préparation de la
question des sanctions contre Ankara,»
a déclaré le porte-parole du gouvernement chypriote, Kyriakos Koushos.
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Turquie
En 2019, 36.066 personnes ont été poursuivies en Turquie et 12.298 d'entre elles, dont 318 mineurs, ont été traduites en justice pour avoir insulté le président turc Recep Tayyip Erdoğan. 3.831 personnes ont été reconnues coupables et condamnées.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, et de Trend