***
Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, de Trend, de APA, de Hurriyet, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ainsi que de l’Union européenne.
***
Commentaires
***
Bien que ce soit le 106ème ’anniversaire du génocide des Arméniens, et malgré la pandémie de la Covid-19, deux événements très importants se sont greffés aux commémorations. Les vagues générées par ces deux événements ne font que commencer, ouvrant une boîte de Pandore. Les maux se sont rependus essentiellement sur l’Arménie, perturbant toutefois la Turquie.
Le
premier, et sans doute le plus grave depuis des décennies, est la première
commémoration après la guerre meurtrière qui a vu la défaite de l’Arménie face
au tandem turco-azerbaidjanais et la perte de 20% du Haut-Karabakh proprement
dit en plus des sept districts conquis de haute lutte en 1994. Le dépouillement
du territoire arménien par les Azéris a commencé.
Comme
le tracé frontalier entre les deux ex-Républiques de l’URSS n’a jamais été
totalement défini et validé, Bakou a beau jeu de grappiller quelques km² par-ci
par-là au Sud-est de l’Arménie. D’autant que le couloir de Berdtzor (Latchine),
qui relie l’Arménie au Haut-Karabakh, surveillé et contrôlé par les soldats de
la paix russes, a été accordé aux Arméniens pour cinq ans, période éventuellement
renouvelable à la demande des parties.
Mais
là où le binôme turc Aliev-Erdoğan est en train de mettre tout son poids c’est
dans le Sud de l’Arménie, c'est-à-dire dans le Zanguézour. Ils comptent bien
achever rapidement la liaison Turquie-Nakhitchevan-Azerbaïdjan. Routière dans
un premier temps, puis ferroviaire par Méghri. Le Premier ministre Nigol
Pachinian ayant donné son feu vert par la signature de l’accord tripartite du 9
Novembre à Moscou.
Le
second, sans doute le plus attendu depuis des décennies, est directement lié au
génocide ou plus exactement à sa reconnaissance. Les Etats-Unis, pays le plus
puissant et chef de l’OTAN, ont fini, après plusieurs décennies de circonlocutions
et de périphrases alambiquées, par qualifier de «G-word» (Génocide), les
massacres de masse d’Arméniens, perpétrés dans l’empire l’ottoman de 1915 à
1923.
C’était
l’une des craintes de la Turquie, elle s’est matérialisée.
Est-ce
pour autant c’est la fin d’un cycle ? Oui, dans une certaine mesure. Car à
partir de là, Washington ne mettra plus son veto lorsque l’Arménie soulèvera la
question devant des instances internationales.
Est-ce
que pour autant les relations turco-américaines vont se détériorer ? C’est
fort improbable. Les gesticulations de la Turquie sont un copier-coller de ses
mises en garde habituelles lorsqu’un Etat reconnait le génocide des Arméniens
de 1915-1923. Rappel de l’ambassadeur, gel de certains marchés d’appels
d’offres, éventuellement la populace brule quelques drapeaux. En règle
générale, quelques mois après, tout rentre dans l’ordre. La France est passée
par là en 2001.
Joe
Biden a non seulement respecté sa promesse mais a voulu surtout montrer sa
différence avec son prédécesseur – grand copain d’Erdoğan. Une autre raison à
ne pas négliger, c’est de faire sentir à l’autocrate ottoman qu’en tant que
membre de l’OTAN il y a des lignes rouges à ne pas franchir.
La
vraie tempête, pour ne pas dire le cyclone, viendra le jour où la Turquie
elle-même reconnaitra l’horreur de son passé génocidaire. Car le pardon seul ne
suffira pas. Les conséquences peuvent être terribles pour le pays. Le massacre
d’un million et demi de personnes et la spoliation de leurs biens, ne sont pas
une mince affaire. Les réparations seront à la hauteur de la tragédie :
morales, financières, voire territoriales.
En
attendant, la communauté arménienne de Turquie essaie tant bien que mal de
résister aux diverses pressions des autorités en place, suites aux prises de
positions, d’année en année, des Etats sur le génocide des Arméniens. Deux
catégories de turco-arméniens se font jour : Les battants et les serviles.
Si
la figure de proue des premiers reste le député du parti pro-kurde HDP - qui
ose dire les quatre vérités jusqu’à mettre sa vie en danger, prenant en cela la
suite de Hrant Dink ; il n’est pas nécessaire de donner des noms pour les
seconds. Il suffit de lire la récente déclaration du patriarche arménien,
fidèle en cela à son prédécesseur (locum tenens), ou de regarder les
Turco-arméniens «méritants» dans la liste des membres du parti islamiste AKP, bras
politique d’Erdoğan.
***
Traductions –
revue de presse
***
États-Unis
Le président américain Joe Biden a qualifié les
atrocités commises contre les Arméniens de génocide.
Dans sa déclaration, Biden a noté que "chaque année en ce jour, nous nous souvenons de la vie de tous ceux qui sont morts dans le génocide arménien de l'ère ottomane et nous nous engageons à nouveau à empêcher qu'une telle atrocité ne se reproduise.
Le
peuple américain honore tous ces Arméniens qui ont péri dans le génocide qui a
commencé il y a 106 ans aujourd'hui».
Le génocide arménien est reconnu par
de nombreux pays dont la Russie, la France, l'Italie, l'Allemagne, les
Pays-Bas, la Belgique, la Pologne, la Lituanie, la Slovaquie, la Suède, la
Suisse, la Grèce, Chypre, le Liban, le Canada, le Venezuela, l'Argentine, le
Vatican et la plupart des États américains. Il a été reconnu pour la première fois en 1965
par l'Uruguay.
Cette calamité est également reconnue
par l'Assemblée générale des Nations Unies, le Parlement européen, le Conseil
œcuménique des Églises et plusieurs autres organisations internationales.
***
Arménie
Le Premier ministre Nigol Pachinian a envoyé une lettre au président Joe Biden pour exprimer sa gratitude pour la reconnaissance officielle et la condamnation du génocide arménien. Extraits :
«Le peuple arménien du monde entier a accueilli avec beaucoup d'enthousiasme votre message. () J'apprécie hautement votre position de principe, qui est un pas puissant sur la voie de la reconnaissance de la vérité, de la justice historique et un soutien inestimable pour
***
Turquie
Le président Recep Tayyip Erdoğan et son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, ont échangé leurs points de vue «à la lumière des récents développements» lors d'une conversation téléphonique le 24 avril. Les deux dirigeants ont discuté des mesures conjointes qui peuvent être prises.
Ainsi, Aliev a qualifié la déclaration de Joe Biden «d’inacceptable et d’erreur historique», et que «les remarques du président américain nuisent gravement à la coopération dans la région», soulignant que
***
Organisations
européennes
Conseil de l’Europe
Dans une lettre au Président de l'Azerbaïdjan, la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović, exhorte à faire très attention à ne pas perpétuer et multiplier les griefs déjà profondément enracinés entre les communautés touchées par le conflit et autour du Haut-Karabakh.
Dans ce contexte, la Commissaire se déclare préoccupée par la récente inauguration du «Trophy Park» à Bakou, qui expose comme trophée du matériel militaire arménien pris pendant la guerre et
***
Grande-Bretagne
Le député Tim Loughton, président du groupe parlementaire multipartite pour l'Arménie au Parlement britannique, a préparé un projet de loi sur la reconnaissance du génocide arménien qui sera soumis au Parlement du Royaume-Uni en mai.
Dans une vidéo publiée par le
musée-institut du génocide arménien, Loughton indique qu'il fera pression pour
l'adoption du projet de loi ce printemps.
"Je suis heureux de vous informer que
j'ai préparé le projet de loi sur la reconnaissance du génocide des Arméniens
pour le commémorer par la reconnaissance officielle et le souvenir, et pour
proposer la reconnaissance de ce génocide sur une base statutaire au Parlement
britannique.
J'espère que cette mesure bénéficiera d'un
soutien considérable dans les deux chambres du parlement, et je ferai de son
mieux lors de la nouvelle session parlementaire, qui débutera en mai.
Donc, en tant qu'ami de l'Arménie au
Parlement britannique et admirateur des réalisations de la vibrante communauté
arménienne au Royaume-Uni, je veux exprimer ma solidarité avec l'Arménie et le
peuple arménien du monde entier en ce jour du souvenir," a souligné Loughton.
*
**
***
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, de Trend, de APA, de Hurriyet, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ainsi que de l’Union européenne.