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Commentaires et
Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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Que les États-Unis intercèdent en faveur d’un traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, c’est on ne peut plus louable, d’autant qu’ils sont toujours coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE.
Là
où le bât blesse, c’est que lors des entretiens entre les trois ministres des
Affaires étrangères (États-Unis, Arménie, Azerbaïdjan) à Washington, les
soldats azerbaïdjanais ont ouvert le feu avec de l’artillerie et des drones de
combat sur les forces de défense des Karabakhis faisant quatre morts et des
blessés.
Ce
qui n’a pas empêché les discussions de se poursuivre comme si de rien n’était. Même
pas une interruption de séance. Parler de paix, alors que l’une des parties est
en train de semer la mort, semble pour le moins incongru !
Erevan
encaisse et Bakou argumente : 1- Ce sont des soldats d’Arménie se trouvant
au Karabakh qui ont ouvert le feu, 2- Le Karabakh fait partie de
l’Azerbaïdjan – dixit Nigol Pachinian, donc, c’est une Affaire intérieure de l’Azerbaïdjan.
Quand l’Azerbaïdjan se permet de faire la nique à la décision de la CIJ de
l’ONU, alors l’Arménie à côté ne pèse pas lourd.
Ilham
Aliev et ses sbires jouent sur du velours depuis l’énorme « bourde »,
pour ne pas dire autre chose, de Nigol Vovayi Pachinian. Il pensait bien faire pour
amadouer quelque peu le dictateur, et pourtant, ce n’est pas faute de le
connaître. Mais, quand on commence à « baisser son froc », pourquoi
s’arrêter en si bon chemin ?
Après
cette première étape, que nous réserve l’éminent stratège arménien ? Car
nous ne n'y trompons pas, le potentat azéri a encore beaucoup de demande dans son
sac.
À commencer par ses exigences territoriales. Si Pachinian a reconnu l’intégrité
territoriale de l’Azerbaïdjan de 86.600 km², Ilham, lui, n’a pas reconnu celle
de l’Arménie de 29.800 km² au motif que la délimitation de la frontière n’a pas
été arrêtée. Il n’a pas du tout envie de restituer les 45 km² qu’il a annexés
en Arménie depuis la fin de la guerre de 44 jours.
Plus
important encore, la liaison Azerbaïdjan-Nakhitchevan. L’accord trilatéral
(Russie, Arménie, Azerbaïdjan) du 9 novembre 2020 prévoit la mise en place
d’une voie de communication reliant l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan, sans plus de
précision. Pachinian, pensant toujours bien faire, compte ouvrir non seulement
une liaison routière, mais également ferroviaire, en restaurant la vieille voie
de chemin de fer qui longeait le fleuve Araxe, datant de l’Union soviétique. Il
faut dire que les Européens, par la voix de Charles Michel, poussent à la roue.
Mais
même avec cette concession, Ilham n’est pas totalement satisfait. Ce qu’il veut, c'est un couloir dédié, une liaison sécurisée. Son but ultime consiste à
s’accaparer du sud de l’Arménie, l’actuel Syunik – appelé le Zanguézour
occidental dans le vocabulaire azéri. Ce qui permettrait au tandem
turco-azerbaïdjanais d’être relié « sans entraves » au monde
turcique, le rêve séculaire de panturquisme des dirigeants ottomans. Avec une
Arménie prise en tenaille, l’avenir deviendra plus qu’incertaine même avec
l’aide financière de l’Union européenne.
Une
Union européenne dont la vision nasale s’arrête en Ukraine. Les trois pays du
Sud-Caucase sont essentiellement des membres du Partenariat oriental de l’UE –
qui en compte six, dont l’objectif est de parvenir à l'association politique la
plus étroite possible et à un degré d'intégration économique le plus élevé qui
soit. C’est la dimension caucasienne spécifique de la politique européenne de
voisinage (PEV). Quant aux trois autres pays qui composent la PEV : la
Biélorussie a définitivement choisi son camp, l’Ukraine et la Moldavie ne
demandent pas mieux que de rentrer dans l’UE. Si le principe est admis, leur
entrée n’est pas pour tout de suite.
C’est
maintenant que Moscou doit faire un effort, malgré son enlisement en Ukraine,
et s’occuper un peu plus de son allié politico-militaire du Caucase. Encore
faut-il que Poutine désire vraiment maintenir son influence dans la région. Tbilissi
n’a toujours pas digéré la guerre de 2008 et la perte de ses deux provinces,
l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, et lorgne fortement pour devenir membre de l’UE.
Ce n’est donc pas demain qu’il se rapprochera de Moscou. Quant à Bakou, inféodé
au monde turcique et islamique, il reste essentiellement un partenaire
économique et un débouché pour son gaz. Ses dernières tentatives d’intégrer
l’Union économique eurasienne en sont la preuve. Cependant, aucun atome crochu sur le
plan militaro-politique, le dieu d’Aliev se nomme Erdoğan.
Et
Pachinian de ramer, mais pour aller où ?
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Traduction
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de APA, et du Minist AE Arménie
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Arménie-Artsakh
Mercredi soir, les forces armées azerbaïdjanaises, en violation flagrante du cessez-le-feu et des dispositions de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, ont attaqué les positions de l'armée de défense, sur des objectifs situés au plus profond du territoire de la République d'Artsakh, sur Mardouni et Mardakert. De l'artillerie et des drones de combat ont été utilisés. L'attaque a fait quatre morts parmi les militaires des Forces armées de la République d'Artsakh.
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États-Unis
Le secrétaire d'État Antony J. Blinken a déclaré le mardi 27 juin – le premier jour de la dernière série de pourparlers entre les ministres arméniens des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan et le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Jeyhun Bayramov au Centre national de formation aux affaires étrangères à Washington DC : "Le dialogue est la clé d'une paix durable. »
Mardi également, le porte-parole du Département d'État, Matthew Miller, a déclaré :
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Turquie-Azerbaïdjan
L'Azerbaïdjan a accusé le président
Emmanuel Macron de parti pris pro-arménien.
"Les déclarations anti-azéries du président français Emmanuel Macron lors d'une réunion avec la communauté arménienne à Marseille sont inacceptables. Les déclarations biaisées de Macron empêchent l'établissement de la paix et de la tranquillité dans la région ", a déclaré jeudi le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le ministère a qualifié les propos de Macron selon lesquels il tente de faire pression sur le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, comme étant "le fruit de son imagination".
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de APA, et du Minist AE Arménie