La paix au sud-Caucase vue par le groupe de Minsk


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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De même que les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne sont gelées depuis juin 2018, n’en déplaise au dictateur azéri et à son aréopage anti-arménien, le Groupe de Minsk de l’OSCE existe toujours, même si son activité est au point mort depuis l’agression militaire turco-azerbaidjanaise sur le Haut-Karabakh de septembre 2020 suivie d’une nouvelle agression en 2021, cette fois de l’Arménie.

 

En fait, pour Nigol Pachinian, la suppression du Groupe est liée à la signature de l’accord de paix arméno-azéri, puisque sa demande de dissolution auprès de l’OSCE est l’une des 17 clauses de l’accord de paix. Dissolution qui sera certainement actée puisque les deux pays directement concernés, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en font la demande.

 

Pour Bakou, c’est tout bénéfice puisque plus personne, du moins officiellement, ne pourra se prévaloir par mandat, de mettre son nez dans la problématique du Haut-Karabakh.

 

Pour Erevan, c’est le prix à payer pour que l’Azerbaïdjan veuille bien signer l’accord de paix. Prix qui consiste notamment à ne plus utiliser le mot ‘Karabakh’, à ne plus faire une quelconque allusion à ce bout de territoire arménien, et à retirer de tous les textes officiels, surtout de la Constitution, le mot qui fâche. Pour les 120.000 Arméniens qui y vivaient, c’est le gouvernement Pachinian qui est censé s’en occuper. Les Occidentaux y participent financièrement. Quant aux 23 prisonniers toujours retenus par l’Azerbaïdjan, ils ne font partie d’aucun accord.

 

Que font les pays(*) du Groupe de Minsk de l’OSCE depuis leur dernière déclaration de décembre 2021 ?

 

Les onze pays concernés par le conflit arméno-azéri, ont applaudit des deux mains à l’annonce de la signature prochaine de l’accord de paix entre les belligérants. Auxquels on peut ajouter les vingt-sept de l’UE, le Canada, l’Inde, les quelques pays qui suivent les événements dans le sud-Caucase et bien sûr l’ONU.

 

L’Amérique a choisi le camp des Affaires. Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir tout ce qui peut enrichir les Etats-Unis est bon à prendre. Si Bakou a les moyens, Erevan au contraire a besoin d’être aidé. Bakou est cul et chemise avec Tel-Aviv, ce qui convient tout à fait à Donald et lui permet d’observer l’Iran par-dessus la frontière. A l’inverse, Erevan est très ami avec l’Iran et l’Union européenne, ce qui n’est pas du goût de Washington, et encore moins du signataire du bureau ovale.

 

La France est sans doute le pays le plus proche de l’Arménie. Elle a pris fait et cause pour les Arméniens de la diaspora, tout comme pour les Arméniens chassés du Haut-Karabakh. L’union européenne ne la suit pas toujours dans ses prises de position vis-à-vis d’Erevan. Paris reste la bête noire de l’Azerbaïdjan, qui ne cesse de le rabrouer dès que l’occasion se présente, et même quand elle ne se présente pas.

L’UE qui est systématiquement présente dans les conversations, surtout depuis la guerre de 44 jours, suit assez rarement les préconisations (Résolutions) du parlement européen, qui chaque année tance le régime d’Aliev. Si l’UE se dit proche de l’Arménie, elle continue plus que jamais à faire des affaires avec Bakou. Mme Ursula von der Leyen persiste à bichonner Bakou pour les livraisons énergétiques et pousse la Haute Représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, à faire de même. Le comportement d’Ilham Aliev envers sa population et envers les Arméniens, ne la gêne pas du tout, du moment que l’UE est alimentée en énergie fossile. Une énergie pas plus verte que vous et moi.

 

La Russie a changé sa politique envers l’Arménie en 2018, quand Pachinian s’est tourné vers l’UE, bien qu’il soit officiellement toujours membre de l’UEE. Le Premier ministre arménien attendait de Bruxelles un soutien politique dans le conflit avec l’Azerbaïdjan, soutien qu’il n’a d’ailleurs jamais obtenu. Moscou avait d’autres visées vis-à-vis de l’UE, et Erevan ne lui apportait aucune plus-value, au contraire. On connait la suite : feu vert donné au tandem turco-azéri pour attaquer le Haut-Karabakh ; laisser-aller des soldats de la paix russes dans le couloir de Latchine ; non-intervention de l’OTSC lors de l’agression militaire contre l’Arménie ; laisser-faire des dits soldats lors du nettoyage ethnique. Cerise sur le gâteau, Bakou réachemine le gaz russe vers l’UE depuis la guerre russo-ukrainienne, avec, s’il vous plait, les remerciements de Mme von der Leyen.

 

Les autres membres du Groupe de Minsk se divisent en deux parties les pro-Azerbaïdjan et les autres.

 

On trouve dans le premier groupe : la Biélorussie qui maintient d’excellentes relations avec Bakou, jusqu’à lui fournir des armements ; l’Italie, qui ne cesse de faire des affaires tant sur le plan énergétique que sur le plan industriel militaire, drones notamment ; et bien sûr la Turquie, qui reste le maitre à penser d’Ilham Aliev conformément à la devise « deux pays, une nation ».

 

Depuis que l’Allemagne s’est fortement engagée dans les discussions avec Pachinian, aux côtés de l’UE, elle n’a plus la cote avec Bakou, quand de surcroit elle met le drapeau de l’Artsakh sur son site. La Suède, les Pays-Bas, le Portugal et la Finlande maintiennent un équilibre entre les deux parties, sans jamais citer l’irascible.

 

Deux devises prônent toujours sur le palais présidentiel de l’Azerbaïdjan depuis l’arrivée au pouvoir d’Ilham Aliev :

« La raison du plus fort est toujours la meilleure » en parlant de l’Arménie.

« Les amis de mes amis sont mes amis » en parlant des Etats-Unis et d’Israël.

 

Il aurait également pu rajouter : 

«  Les amis de mes ennemis sont mes ennemis » en parlant de la France et de l’Iran.

"  Les chiens aboient, la caravane passe " en parlant de ses détracteurs.

 

 

 

(*) Coprésidents : États-Unis ; France ; Russie

Autres membres : Allemagne ; Biélorussie ; Suède ; Italie ; Pays-Bas ; Portugal ; Turquie ; Finlande

Plus les parties au conflit : Arménie ; Azerbaïdjan

 

 

 

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Traduction


Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, ainsi que de l’Union européenne.  


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Arménie

 

Lors d'une conférence de presse organisée le 28 avril à l'occasion de sa visite officielle en Estonie, le Premier ministre arménien Nigol Pachinian a déclaré :

 

« Aujourd'hui, lors d'une réunion élargie avec la Première ministre estonienne Kristen Michal, nous avons discuté des récents développements géopolitiques et régionaux. Je tiens à souligner une fois de plus que l'Arménie est déterminée à instaurer une paix durable dans la région. Nous sommes déterminés à prendre les mesures nécessaires, à assumer les responsabilités qui s'imposent et à résoudre les problèmes existants avec les pays voisins par un dialogue constructif et des négociations. Dans ce contexte, 

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Union européenne – France

 

La Haute Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a rencontré le président arménien Vahagn Khatchatourian.

 

« À Rome, j'ai discuté de ma prochaine visite en Arménie avec le président Vahagn Khatchatourian. J'ai réaffirmé l'engagement ferme de l'UE à approfondir les liens et échangé des points de vue sur la situation dans le Caucase du Sud, notamment sur les efforts de normalisation des relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et 

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Etats-Unis

 

Déclaration du président Donald Trump à l’occasion de la Journée du souvenir arménien :

 

« Aujourd’hui, nous commémorons le Medz Yeghern et honorons la mémoire de ces âmes merveilleuses qui ont souffert dans l’une des pires catastrophes du 20e siècle.

 

À partir de 1915, un million et demi d'Arméniens ont été exilés et ont marché vers la mort durant les dernières années de l'Empire ottoman. En ce Jour du Souvenir, nous nous joignons une fois de plus à la grande communauté arménienne d'Amérique et du monde entier pour pleurer les nombreuses vies perdues.

 

Chaque année, le 24 avril, nous nous souvenons des liens forts et durables qui unissent les peuples américain et arménien. Nous sommes fiers du Comité américain d'aide aux Arméniens et aux Syriens, une initiative novatrice créée en 1915 qui a apporté une aide humanitaire cruciale aux réfugiés arméniens, et nous sommes reconnaissants envers les milliers d'Américains qui ont contribué ou se sont portés volontaires pour aider les Arméniens expulsés de leurs foyers.

 

En ce jour, nous témoignons de la force et de la résilience du peuple arménien face à la tragédie. Nous avons la chance que tant d'Arméniens aient apporté leur riche culture sur nos côtes et aient tant contribué à notre pays, notamment des soldats décorés, des artistes célèbres, des architectes de renom et des hommes d'affaires prospères.

 

Alors que nous honorons la mémoire des disparus, mon administration reste déterminée à préserver la liberté religieuse et à protéger les minorités vulnérables. Nous nous réjouissons de poursuivre notre partenariat stratégique avec l'Arménie et de préserver la stabilité régionale tout en poursuivant notre quête d'une prospérité et d'une sécurité durables. »

 

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Russie

 

Imangali Tasmagambetov, secrétaire général de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a déclaré :

 

« En clair, l'Arménie n'a pas quitté l'organisation ; elle a simplement suspendu sa participation aux activités de l'organisation. Les contacts purement professionnels entre les parties sont maintenus et Erevan est informé de toutes les questions abordées au sein du secrétariat,

 

L’OTSC comprend la décision de l'Arménie et que la question de sa participation future relève de la compétence des dirigeants politiques arméniens.

 

En février 2024, le Premier ministre Nigol Pachinian a annoncé la suspension de la participation de son pays à l'OTSC, invoquant le manquement de l'organisation à ses obligations et à sa zone de responsabilité. L’organisation n’est pas intervenue lorsque l’Azerbaïdjan a attaqué et envahi l'Arménie en 2021 et 2022. Erevan a gelé sa participation, cessé ses contributions financières et n'a pas participé aux exercices ou réunions conjoints pendant une période prolongée. Pachinian a déclaré que l'Arménie avait peut-être atteint le point de non-retour concernant son adhésion à l'OTSC.

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 

Communiqué du ministère des Affaires étrangères turc à l’occasion du 24 Avril :

 

« Nous rejetons catégoriquement les déclarations sur les événements de 1915, faites en violation des faits historiques et du droit international.

 

La Turquie soutient que les déportations d'Arméniens en Anatolie orientale ont eu lieu lorsque certains se sont rangés du côté des forces d'invasion russes contre les Ottomans. Ces déplacements ont fait des victimes, et l'Arménie considère ces événements comme un génocide, un terme qu'Ankara rejette.

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, ainsi que de l’Union européenne. 

 

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