L’iceberg azerbaïdjanais

 


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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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A l’instar de son homologue de glace, on ne voyait de la politique anti-arménienne de Bakou que la partie émergée. Le réchauffement climatique, comme pour les icebergs, fait fondre le verni azerbaidjanais.

 

Il suffit de lire ou d’écouter des officiels de Bakou pour avoir une petite idée sur ce qui se trame dans les coulisses du pouvoir. Officiellement l’Azerbaïdjan veut faire la paix avec l’Arménie, ce dont tout le monde se réjouit. Toujours officiellement, pour aboutir à la signature d’un traité, l’Arménie doit lui restituer des territoires en plus des enclaves, et surtout lui octroyer le « couloir du Zanguézour », afin que la liaison avec le Nakhitchevan et la Turquie soit effective. Mais attention, celui-ci devra être sous administration russe, c’est à dire extraterritorial.

 

Pour atteindre ces objectifs, Bakou a commencé par court-circuiter le groupe de Minsk de l’OSCE et a lancé en 2020 une offensive massive sur le Haut-Karabakh, conseillé et aidé par son mentor, la Turquie. Ayant vaincu une armée sous-équipée, il a imposé à son ennemi un accord de cessez-le-feu le 9 novembre 2020 sous le regard bienveillant de Moscou, pour ne pas dire sa bénédiction. Toutefois, le dictateur s’est bien gardé de mettre en œuvre les points le concernant, bafouant une fois de plus ses obligations. Moscou n’a pas été en reste, montrant une neutralité bienveillante envers Bakou. Profitant de l’aubaine, le potentat azéri s’est même permis d’accuser Nigol Pachinian de forfaiture. C’est l’hôpital qui se fout de la charité !

 

L’accord du 9 novembre 2020, dont la durée est de cinq ans renouvelable, prévoit le retrait du Haut-Karabakh des casques bleus russes en cas de désaccord de l’une des parties. Vu qu’il n’y a plus d’Arméniens suite au nettoyage ethnique de septembre dernier, donc plus personne à « protéger », Moscou et Bakou se sont mis d’accord pour avancer le retrait des soldats de la paix russes d’un an et demi.

 

Comme la nature a horreur du vide, le tandem Erdoğan-Aliev en a profité pour prolonger la présence turque en Azerbaïdjan sous couvert du centre de surveillance conjoint turco-russe mis en place pour vérifier que chaque partie agit conformément à l’accord du 9 novembre 2020. On a vu l’efficacité de leur travail de surveillance.

 

Selon une loi que le parlement turc vient d’adopter, le centre va : « contribuer à la construction d’un climat de confiance entre les parties et de sécurité ». Ou comment installer officiellement une présence permanente turque en Azerbaïdjan. Mais comme depuis septembre le Karabakh a été vidé de sa population, le centre de surveillance surveille maintenant l’Arménie. Un outil de plus dans les mains d’Aliev. On appelle cela prendre les gens pour … ce qu’ils ne sont pas.

 

Tout à chacun applaudit parce qu’Erevan vient de « restituer » quatre villages à Bakou dans le cadre de la Commission de délimitation/démarcation de la frontière arméno-azerbaidjanaise. Soit. Mais qu’a fait l’Azerbaïdjan sur le plan frontalier, comme gestes de bonne de bonne volonté envers l’Arménie depuis 2020 ?

 

-      - Dès le lendemain de la guerre des 44 jours, il a commencé par s’approprier des territoires de l’Arménie, sous prétexte qu’ils appartenaient à l’Azerbaïdjan. A ce jour ils représentent 170 km².

-      - A partir des terres ainsi conquises, il s’est « amusé » à couper et à remettre les alimentations en gaz et en électricité du Haut-Karabakh, forçant la population civile à se débrouiller avec les moyens du bord.

-      - En décembre 2022, le couloir de Latchine, seule route qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie, a été bloqué par un groupe d’Azéris soi-disant « écolos », sous prétexte que les Karabakhis polluent et détruisent la nature. Plus rien n’a circulé, si ce n’est quelques véhicules du CICR et les soldats russes de la paix.

-      - En juin 2023, Bakou installe un poste frontière à l’entrée du couloir de Latchine, en vue de contrôler essentiellement les véhicules de la Croix rouge.

-      - En septembre 2023, l’armée azerbaidjanaise, après avoir désarmé les quelques personnes chargées de la sécurité de la population, a lancé une nouvelle attaque sur ce qui restait du Haut-Karabakh, sous prétexte que ses dirigeants sont des terroristes, voire des nazis. Conséquence immédiate : les Arméniens, c'est-à-dire toute la population du Haut-Karabakh, ont fui vers l’Arménie craignant de nouveaux massacres de masse. Une habitude séculaire du tandem turco-azéri. C’est le nettoyage ethnique, à défaut d’un génocide.

 

Seule lueur positive dans cette déferlante de Bakou, les Observateurs de l’Union européenne (EUMA) qui, patrouillant aux frontières de l’Arménie, atténuent les tirs de la soldatesque azérie.

 

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Pour en revenir à la dernière rencontre Arménie-Azerbaïdjan, Pachinian a encore cédé, une fois n’est pas coutume. Aussi, avant d’applaudir des deux mains, les Occidentaux - Organisations internationales comprises, seraient bien inspirés de regarder de plus près la partie immergée de l’iceberg, sur ce que les duettistes Erdoğan-Aliev appellent « le Zanguézour occidental ».

 

C’est malheureux à dire, mais seule la France a pris la mesure du danger qui guette l’Arménie.

 

 

 

 

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Traduction

 

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Arménie

 


Le 19 avril, la huitième réunion de la Commission de délimitation/démarcation et de la sécurité de la frontière d’État entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et de la Commission d’État s’est tenue à la frontière entre les deux pays, sous la présidence du vice-Premier ministre arménien Mher Krikorian et de son homologue azerbaidjanais, Shahin Mustafayev.

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France

 


La France a annoncé mardi 16 avril avoir rappelé pour consultation l’ambassadeur de France en Azerbaïdjan, accusant Bakou de prendre des mesures qui ont porté atteinte aux relations bilatérales.

 

« Le président Emmanuel Macron a reçu l’ambassadrice Anne Boillon à Paris pour discuter de la question. L’Azerbaïdjan poursuit depuis ces derniers mois des actions unilatérales préjudiciables aux relations entre nos deux pays.

 

Lors de sa rencontre avec M. Boillon, le président a déclaré qu’il regrettait les actions de l’Azerbaïdjan et a exprimé le souhait que la partie azerbaïdjanaise clarifie ses intentions.

 

La France réitère son soutien à la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, dans le respect du droit international et de l’intégrité territoriale des deux pays », a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

 

Les relations entre l’Azerbaïdjan et la France, alliée traditionnelle de l’Arménie et hôte d’une importante communauté arménienne de la diaspora, sont depuis longtemps en proie à des tensions liées au Haut-Karabakh.

 

Macron et d’autres responsables français craignent depuis longtemps que le président Ilham Aliev ne s’arrête pas à la reprise du Haut-Karabakh et qu’il ait des visées sur le territoire arménien.

 

Il y a eu des tentatives pour faire avancer les pourparlers sur la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, mais jusqu’à présent, ils n’ont guère progressé.

 

Alors que les relations avec Moscou se détériorent, l’Arménie s’appuie également de plus en plus sur la coopération en matière de défense avec la France. En octobre 2023, la France avait annoncé la vente d’équipements de défense - trois systèmes radar et des lunettes de vision nocturne - à l’Arménie, provoquant la colère de l’Azerbaïdjan. En février, l’Arménie a conclu un accord pour l’achat de fusils de précision auprès du fabricant d’armes français PGM, bien que son montant n’ait pas été divulgué.

 

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G7

 


Les ministres des Affaires étrangères du G7
ont appelé l’Arménie et l’Azerbaïdjan à rester pleinement engagés dans le processus de paix afin de parvenir à une paix digne et durable fondée sur les principes de non-recours à la force, de respect de la souveraineté, d’inviolabilité des frontières et d’intégrité territoriale.

 

« Nous rappelons la déclaration conjointe publiée par les parties le 7 décembre 2023 et les encourageons à maintenir cet esprit de coopération dans leurs futures interactions. Une nouvelle escalade serait inacceptable.

 

Nous appelons l’Azerbaïdjan à se conformer pleinement à ses obligations en vertu du droit international humanitaire et encourageons les mesures appropriées pour assurer le retour sûr, digne et durable des réfugiés et des personnes déplacées souhaitant rentrer chez eux.

 

Le G7 et ses membres sont prêts à faciliter de nouveaux contacts constructifs à tous les niveaux, notamment dans le cadre des cadres de négociation établis par l’UE et les États-Unis, dont nous saluons les efforts durables.

 

Nous réitérons l’importance de l’engagement pris sur la Déclaration d’Alma Ata de 1991 par laquelle l’Arménie et l’Azerbaïdjan reconnaissent l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’autre.

 

Nous encourageons une plus grande coopération régionale et la réouverture de toutes les frontières, y compris la frontière entre l’Arménie et la Turquie », ont déclaré les ministres dans un communiqué à l’issue de leur réunion à Capri.

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 


« Il est une fois de plus confirmé que des armes appartenant aux séparatistes arméniens ont été cachées par les Arméniens, qui tentaient illégalement de commettre des opérations terroristes et des provocations sur le territoire de l’Azerbaïdjan.

 

Il convient de rappeler que le 19 septembre 2023, à la suite des brèves mesures antiterroristes menées par l’armée azerbaïdjanaise, les séparatistes arméniens opérant illégalement au Karabakh ont été désarmés et les dirigeants des groupes séparatistes ont été amenés à Bakou et

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Le point de vue des experts

 


« La conquête brutale du Haut-Karabakh par le régime azerbaïdjanais et le nettoyage ethnique ont révélé les conséquences mortelles de l’expansion autocratique. Il est à noter que ces événements et d’autres de ces dernières années ont accéléré la restructuration géopolitique dans la région, les pays de cette dernière ayant été divisés en deux blocs opposés : ceux qui sont fidèles à l’ordre libéral et démocratique, et ceux qui le rejettent farouchement, »
a déclaré Freedom House, l’organisation internationale de défense des droits de l’homme dans son dernier rapport ‘Nations in Transit 2024’.

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Today.az, de News.az, de Trend, et de APA