Arménie-Azerbaïdjan : Un troisième trimestre calme ?

 


 

***

 

Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

***

 

Commentaires

 

***

 


Pour les observateurs et les pays concernés par le conflit Arménie-Azerbaïdjan, les antagonistes montrent une ferme volonté d’aboutir à un accord de paix. Et tout à chacun d’applaudir des deux mains, à commencer par les trois coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE – les Etats-Unis, la France (UE), voire la Russie.

 

Y a-t-il eu une évolution durant le second semestre de 2024 ?

 

La politique américaine n’a pas changé. Le discours du Département d’Etat reste identique à lui-même. Certes il y a eu des rencontres entre les ministres des Affaires étrangères – américain, arménien, azerbaidjanais, en format bilatéral et trilatéral. Des échanges téléphoniques avec les leaders azerbaidjanais et arménien. En fait une série de monologues, chacun détaillant son point de vue, ses griefs et ses exigences.

 

En clair, dans cette région du monde, seuls comptent pour l’Oncle Sam, Israël et ses voisins, l’Iran et ses acolytes, et bien sûr le membre indiscipliné de l’OTAN, ne faisant qu’à sa tête, la Turquie. Ajoutons à cette liste, l’adversaire permanent depuis la seconde guerre mondiale, la Russie.

 

L’Union européenne, à l’instar des Etats-Unis, ne cesse de caresser l’Arménie dans le sens du poil, avec en plus des aides financières substantielles. Ce qui ne l’empêche pas de continuer et d’accroitre ses échanges commerciaux avec l’Azerbaïdjan. L’exécutif, c'est-à-dire la Commission européenne, ne tient absolument pas compte des décisions et des résolutions votées par le législatif, c'est-à-dire le parlement européen. Toutefois, la décision de maintenir sur place une mission d’observation oblige Bakou à freiner ses ardeurs militaires. Ce qui ne l’empêche pas de gonfler ses exigences et proférer des menaces à peine voilées.

 

La France qui a délégué son mandat de coprésident du groupe de Minsk à l’UE, reste le meilleur soutien de l’Arménie. Consciente de l’épée de Damoclès qui pend sur la tête des Arméniens, elle a commencé, depuis le nettoyage ethnique de septembre 2023, à livrer des armes de défense. Bakou, qui n’apprécie pas que Paris dise tout haut ce que nombre de pays pense tout bas, réplique en soutenant les indépendantistes français d’outre-mer, au motif du droit des peuples à disposer eux-mêmes et à se défaire du joug colonial.

 

On notera au passage le ridicule de la situation, vu que ce faisant, il est en contradiction avec lui-même puisqu’il a chassé les Karabakhis de leur terre au motif qu’ils demandaient l’application de même droit.

« Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ! ».

 

Le dictateur n’est pas à un mensonge près. Pour lui et sa clique, toute la région est une terre azerbaidjanaise que les Arméniens occupent illégalement depuis des siècles. C’est d’ailleurs ce qui est enseigné dans les écoles publiques. Il poursuit ainsi le rêve séculaire des Turcs, balayer les Arméniens et éradiquer les vestiges. Quant aux monuments religieux, s’il ne peut pas les détruire, soit il les transforme en mosquée, soit les déclare comme étant les restes des ‘Aghvans’ (Albanais du Caucase).

 

La Russie n’a pas changé sa position depuis la guerre des 44 jours. L’Arménie n’est plus pour elle une place géostratégique de sa politique au Sud-Caucase. L’arrivée au pouvoir de Pachinian en 2018 et son désir de nettoyer les ‘écuries d’Augias’ ont commencé à distendre les liens avec Moscou. Le coup de grâce russe a été donné avec la défaite arménienne de 2020, suivie d’avantages territoriaux obtenus par le potentat azéri lors de l’accord de cessez-le-feu du 9 décembre 2020.

 

Poutine ne lève plus le petit doigt pour venir en aide à Pachinian, tout en restant très poli et diplomate lors des contacts téléphoniques. En pratique, les accords passés avec le tandem turco-azéri depuis la guerre russo-ukrainienne, sont beaucoup plus profitables pour Moscou que soutenir Erevan. Au Caucase, le Tsar semble nettement plus intéressé par un rapprochement avec la Géorgie depuis que Tbilissi est dirigé par le pro-russe Irakli Kobakhidz, à l’inverse d’un Pachinian qui est devenu un peu trop pro-occidental à son goût.

 

Avoir le soutien de l’Occident c’est bien, l’ennui c’est que l’Union européenne n’est nullement pressée d’ouvrir des négociations d’adhésion avec les pays caucasiens, même si en décembre Tbilissi a obtenu le statut de pays candidat à rejoindre l’UE. Pour Erevan, c’est tout juste si Bruxelles entrevoit à moyen terme une libéralisation des visas pour les citoyens arméniens. De plus, on ne peut pas être à la fois membre de la CEE et obtenir un accord de libre-échange approfondi et complet, ce qui est le cas de l’Arménie.

 

Pour ce qui est d’une éventuelle adhésion, en plus d’une ouverture officielle des négociations, il faut que tout candidat satisfasse à 35 chapitres. Avant l’Arménie, il y a d’abord l’Ukraine, puis la Moldavie, et enfin la Géorgie. L’Azerbaïdjan n’est pas du tout intéressé. Quant à la Biélorussie, elle s’est retirée du partenariat oriental de l’UE. Pour info, seul un chapitre a été validé pour la Turquie depuis octobre 2005, date officielle d'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE.

 

Le calme relatif qui règne pour le moment sur la frontière Arménie-Azerbaïdjan ne signifie pas que tout suit son cours. La trêve estivale ne va durer qu’un certain temps. Bakou exige la mise en œuvre de l’intégralité de l’accord de cessez-le-feu du 9 décembre 2020, du moins pour la partie qui incombe à l’Arménie. Ilham Aliev n’a que faire des récriminations des uns et des autres, la force est de son côté. Il sait pertinemment que Moscou n’interviendra pas physiquement, pas plus d’ailleurs l’Union européenne, et encore moins les Etats-Unis. Par contre, il est fort probable que la Turquie lui apporte une aide substantielle.

 

Le potentat azéri fera tout ce qui est en son pouvoir pour que le corridor du Zanguézour soit ouvert avant la fin de l’accord de cessez-le-feu quinquennal de Moscou, c'est-à-dire décembre 2025.

 

 

 

 

 

 

***

 

Traduction

 

***

 

Arménie

 


Ces derniers jours, les sources officielles de l’Azerbaïdjan ont repris leurs publications sur la violation du régime de cessez-le-feu par les forces armées arméniennes à la frontière commune.

 

Le ministère de la Défense de l’Arménie a démenti ces informations. Malgré cela, les sources azerbaïdjanaises continuent de publier des publications similaires, en les assaisonnant d’accents géopolitiques.

Suite

 

***

 

Sommet européen

 


Le jeudi 18 juillet, au 4e sommet de la Communauté politique européenne au Royaume-Uni, le Premier ministre Nigol Pachinian a rencontré le président Emmanuel Macron au palais de Blenheim.

 

Les interlocuteurs ont discuté des questions liées à la coopération multisectorielle entre l’Arménie et la France.

Suite

 

***

 

Grèce

 


L’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d’Arménie en Grèce, Tigran Meguerditchian, a rencontré Ioannis Papageorgiou, coordinateur du Cabinet du Premier ministre grec à Thessalonique.

 

L’ambassadeur a évoqué la visite de travail du Premier ministre arménien en Grèce en février et les progrès de la mise en œuvre des accords conclus à la suite de la rencontre des deux dirigeants.

Suite

 

***

 

Russie

 


« La partie russe est prête à fournir une plate-forme de négociation entre les représentants de Bakou et d’Erevan et créera les conditions les plus confortables pour eux, » a déclaré la représentante officielle du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lors d’un point de presse avec des journalistes.

 

« Conformément aux accords conclus, Moscou a accueilli à plusieurs reprises des cycles de négociations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur le projet d’un traité de paix. Nous avons toujours insisté sur le fait que nous sommes prêts à continuer de le faire. Nous garantissons la création des conditions les plus confortables pour le travail des deux délégations dans leur format bilatéral préféré.

 

La Fédération de Russie considère la conclusion d’un traité de paix équilibré entre les parties comme une condition préalable indispensable à l’édification d’une architecture de sécurité indivisible dans la région, » a-t-elle ajouté.

 

***

 

Union européenne

 


« Le Conseil de l’Union européenne a nommé Magdalena Grono au poste de nouvelle représentante spéciale de l’Union européenne pour le Caucase du Sud et la crise en Géorgie. Elle succède à Toivo Klaar dont le mandat de plus de 6 ans prendra fin le 31 août. Elle prendra ses fonctions le 1er septembre pour une première période de 12 mois, » a informé le Conseil.

 

En tant que nouvelle RSUE, Grono poursuivra le travail de ses prédécesseurs, contribuant ainsi à la mise en œuvre des objectifs de la politique étrangère de l’UE dans la région. Elle contribuera au règlement pacifique des conflits, notamment de la crise en Géorgie et du processus de normalisation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en étroite coordination avec l’ONU et l’OSCE. Elle s’engagera avec les principaux acteurs intéressés par la région et développera des contacts avec les gouvernements, les parlements, d’autres acteurs politiques clés et la société civile, en encourageant et en facilitant la coopération sur des thèmes régionaux d’intérêt commun.

 


[Ndlt :
Lorsqu’on voit les résultats obtenus par Mr Klaar tant en Géorgie (concernant l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie toujours occupés par la Russie) que dans le conflit Arménie-Azerbaïdjan (Guerre de 44 jours et nettoyage ethnique du Haut-Karabakh), on se demande quelle a été sa plus-value ?]

 

***

 

Turquie-Azerbaïdjan

 


Le président Ilham Aliev a rencontré le chancelier allemand Olaf Scholz en marge du 4e sommet de la Communauté politique européenne en Angleterre le jeudi 18 juillet.

 

Selon les médias azerbaïdjanais, le président a parlé du « succès » que les parties ont obtenu dans le domaine de la délimitation et de la démarcation des frontières et de la coordination des documents liés au processus de délimitation.

Suite


 

 

 

*

**

***

 

 

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Today.az, de News.az, et de APA