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Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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Les prises de parole se suivent et se ressemblent. La période estivale n’a fait que confirmer ce que chacun des acteurs, directs concernés ou pas, avait déclaré de manière explicite. On notera toutefois que le non-dit commence à occuper une place de plus en plus importante, et que les menaces sont de moins en moins voilées.
Commençons
par celui qui a été partie prenante pendant des années, voire des décennies, et
a commencé à se désintéresser de l’Arménie avec l’arrivée au pouvoir de
l’ex-journaliste Nigol Pachinian, c'est-à-dire la Russie. La politique de
« nettoyage » opérée par le nouveau Premier ministre dans les
sinécures gouvernementales, suivi d’un rapprochement aux normes démocratiques occidentales
n’a pas eu lieu de plaire à Moscou. Agissant par personne interposée, le
camarade Poutine a laissé Ilham Aliev « donner une leçon » aux
Arméniens.
Au
lendemain de la guerre de 44 jours Arménie-Azerbaïdjan, la réunion tripartite de
cessez-le-feu du 9 novembre 2020 a été de poudre aux yeux, puisque les soldats
russes de la paix, qui étaient censés protéger les Karabakhis et le couloir de
Latchine, ont laissé le champ libre aux Azéris de faire ce qu’ils voulaient tant
sur le territoire arménien qu’au Haut-Karabakh, jusqu’au nettoyage ethnique de
ses 120.000 habitants.
Aussi,
lorsque Poutine et/ou Lavrov déclare que l’Arménie ne respecte pas l’accord de cessez-le-feu de Moscou, ce n’est plus de la mauvaise foi mais plus
simplement un lâchage en règle. Qui abandonne qui ?
Après
avoir vaincu son ennemi de toujours, l’Arménie, occupé 200 km² de son
territoire, attaqué et chassé toute la population du Haut-Karabakh, récupéré
quatre localité à moindre frais, l’Azerbaïdjan impose à ce dernier de changer
sa constitution. Malgré cela, Pachinian
déclare mordicus vouloir signer un accord de paix avec son voisin.
Et
ce n’est pas terminé. Il reste encore les soi-disant négociations de
délimitation/démarcation de la frontière, le tout bien entendu à la faveur de
Bakou. Pour cela, Aliev ne se base pas sur les documents de l’Etat-major de
l’Union soviétique mais ses propres cartes qui remontent au XIXème siècle,
lesquelles stipulent que toute l’Arménie est en fait un territoire
azerbaidjanais (le Zanguézour occidental). En attendant, les 29.800 km² de
l’Arménie ont été ramenés officiellement à 29.743 km² (confirmé par Nigol
Pachinian), et ce n’est qu’un début.
L’arme
du gouvernement azerbaidjanais n’a pas changé depuis la défaite de 2020 :
La reprise des hostilités. Une menace non déguisée que le dictateur azéri manie
avec dextérité.
Face
au potentat azerbaidjanais, se trouve l’Arménie qui essaye d’utiliser au mieux
ses outils démocratiques. Force est de constater que les antagonistes n’utilisent
pas le même langage et encore moins les mêmes armes. Autant l’autocrate de
Bakou reste sûr de lui face à des tiers, autant le Premier ministre arménien accepte
sans coup férir les recommandations, notamment celles des Occidentaux. Déjà au
lendemain de la première guerre du Haut-Karabakh, 1993-94, les coprésidents du
groupe de Minsk de l’OSCE avaient incité l’Arménie à valider leurs propositions
de résolution, alors que Bakou ne les a jamais validés.
Il
en est de même depuis la guerre des 44 jours de 2020. Pensant bien faire et
persuadé qu’en face, on joue « franc jeu » et qu’on va respecter ses
engagements, Nigol Pachinian a été jusqu’à reconnaitre que le Haut-Karabakh
faisait partie de l’Azerbaïdjan. Mal lui en a pris, on connait la suite.
De
même que le diable a tenté Adam avec une pomme, l’Union européenne a tenté
Nigol Pachinian en lui faisant croire que reconnaitre le Haut-Karabakh comme
territoire azerbaidjanais, lui permettrait de faire la paix avec Bakou. Quelle hypocrisie !
La Commission de l’UE devrait de temps à autre écouter ce que lui disent les
720 députés de son parlement. Quant à Eve, elle a été tentée par le « diable »
Aliev avec sa pomme énergétique jusqu’à lui faire dire « c’est un
partenaire fiable ».
L’UE
assure de son soutien l’Arménie avec l’octroi de prêts, l’envoi d’experts et
d’observateurs à la frontière avec l’Azerbaïdjan. Seule la France, en envoyant
des armes défensives, a pris la mesure du danger que coure Erevan face à Bakou,
qui ne cache pas ses intentions d’ouvrir militairement le couloir du
Zanguézour.
Les
Etats-Unis, fidèles à leur politique dans le Caucase, aident les belligérants à
aboutir à la signature d’un accord de paix, en apportant de l’aide politique
aux uns et aux autres sans prendre partie. Ils ont suffisamment à faire dans le
Proche-Orient.
De
son côté, Israël maintient son alliance avec l’Azerbaïdjan et poursuit sa
livraison d’armes à Bakou. Cela permet,
en plus des rentrées de devises, au Mossad de maintenir des postes
d’observation avancés vers l’Iran.
Restent
le plus vieil ennemi des Arméniens et des minorités en général, qu’elles soient
chrétiennes ou non, digne héritier de l’empire ottoman, la Turquie. N’appelle-t-on
encore les arméniens cachés et islamisés de Turquie « Les restes de
l’épée » ! Si la forme a changé, le fond est toujours le même. Il
faut éradiquer les Arméniens, ou à défaut, réduire au maximum l’Arménie.
Il
n’est plus nécessaire de se salir directement les mains, Erdoğan dispose pour
cela de son « toutou », son fidèle vassal Ilham Aliev. Objectif :
ouvrir absolument le couloir du Zanguézour pour assurer la liaison
Méditerranée-Asie centrale et réunir le monde turcique. Il faut dire que Ankara
est passé maître dans la diplomatie en louvoyant aisément entre Occident et
Russie. Aussi, Bruxelles avale tout cru son vernis civilisé, maintient toujours
les négociations d’adhésion et lui donne un quitus dans son comportement envers
l’Arménie. Pas belle la vie ?
Reconnaissons
toutefois que depuis quelques mois, le leader arménien se rend compte qu’il se
fait « rouler dans la farine » par le trio Poutine-Aliev-Erdoğan.
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Traduction
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Today.az, de News.az, et de Trend
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Arménie
Le ministre russe des Affaires
étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré à Bakou que « l’Arménie sabotait l’accord de déblocage des communications à travers la région de Syunik ».
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Annie Badalian, déclare dans un communiqué :
« Le gouvernement arménien a réaffirmé à
plusieurs reprises et continue de réitérer son engagement envers le programme
de paix et fera sa part pour le mettre en œuvre avec succès.
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Union
européenne
Le porte-parole principal de la Commission européenne de l’Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Peter Stano, a déclaré :
« L’agenda
du partenariat UE-Arménie est en fait une mise à jour qui a été convenue avec
l’Arménie en février. À ce moment-là, ils ont convenu d’être plus ambitieux et
de renouveler l’entente existante. Ils ont déjà commencé à négocier l’agenda du
partenariat UE-Arménie, et c’est exactement la mise à jour qui élargira la
coopération UE-Arménie dans tous les domaines d’intérêt mutuel, car l’un des
principes de l’UE pour développer les relations avec les partenaires est de
répondre aux ambitions de ces derniers. Si l’UE constate, comme dans le cas de
l’Arménie, qu’elle est disposée à faire plus dans d’autres domaines, à coopérer
plus profondément et plus intensément, l’UE y répondra.
Nos
négocions donc actuellement un programme pour ce partenariat afin de voir jusqu’où
les partenaires de l’UE sont prêts à aller, jusqu’où ils sont prêts à s’aligner
sur les objectifs de l’UE.
Et
c’est très important parce que cela montre que les deux parties se rapprochent,
qu’elles veulent faire plus ensemble, sur la base des principes et des valeurs
européens, bien sûr, et sur la base de réformes politiques, de réformes
économiques et de coopération mutuelle.
Ce
nouveau programme de partenariat n’a en fait rien à voir avec le processus de
candidature potentielle de l’Arménie à l’adhésion. Les négociations sur
l’agenda de partenariat UE-Arménie reflètent le désir mutuel et la volonté des
deux parties d’en faire davantage ensemble, mais sur la base de la relation
actuelle. Et la relation actuelle est définie par l’accord de partenariat
global et renforcé UE-Arménie. »
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Russie
« L’Occident promeut un programme destructeur dans le Caucase du Sud, dont l’objectif est de fragmenter la région, détruire les liens historiques de la Russie avec ses alliés et voisins traditionnels, » a déclaré la porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Ces remarques font suite à la
déclaration du secrétaire d’État adjoint américain James O’Brien, que les
États-Unis aidaient les dirigeants politiques de l’Arménie dans leurs efforts
pour « rompre avec la Russie ».
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Canada
« Le Canada continuera de faire pression sur l’Azerbaïdjan pour qu’il s’engage de bonne foi dans la résolution du conflit avec l’Arménie par des moyens négociés, pacifiques et politiques, en respectant les principes d’Helsinki, en libérant les prisonniers arméniens détenus arbitrairement, en respectant l’intégrité territoriale de l’Arménie et en s’abstenant de recourir à la force et à la rhétorique menaçante », a déclaré la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, en faisant référence au processus de négociation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan lors d’une rencontre avec la délégation canadienne de la Cause arménienne.
Le Comité arménien canadien continue
de travailler activement avec les représentants du pouvoir législatif et
exécutif du Canada dans le cadre de ses priorités politiques.
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Turquie-Azerbaïdjan
Le président Poutine est à Bakou pour une visite d’Etat de deux jours.
L’ordre est jour portera sur la signature d’un traité de paix, la promotion de la délimitation et de la démarcation des frontières, et le rétablissement des relations de transport, de logistique et d’économie dans la région dans le cadre d’accords tripartites signés au plus haut niveau en 2020-2022.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Today.az, de News.az, et de Trend