La paix entre Erevan et Bakou progresse … à reculons.


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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La signature de l’accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan est en stand-by depuis l’annonce officielle le 13 mars du document, par le ministère arménien des Affaires étrangères.

 

Rappelons que celui-ci comporte 17 paragraphes. Les désaccords subsistant sur les deux derniers – [La renonciation mutuelle aux revendications internationales () et le non-déploiement de représentants tiers à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan()] - ont été réglés. Toutefois, Bakou a introduit deux nouvelles conditions préalables [Modification de la Constitution () et dissolution du Groupe de Minsk de l’OSCE()].

 

Que signifient les deux points qui étaient en suspend et les deux exigences ajoutées en complément ? Est-ce que ces pré-conditions seront réglées aussi rapidement ? C’est peu probable malgré l’optimisme aveugle du gouvernement Pachinian.

 

1 - Ne plus pouvoir déposer de plainte auprès d’une instance internationale (ONU, CPI, CEDH, CIJ) signifie pour l’Arménie avoir aucun recours en cas de non-respect des droits, humains ou internationaux, voire subir purement ou simplement une agression militaire de la part de l’Azerbaïdjan. A l’exemple de son allié israélien, il suffit à Aliev de déclarer qu’il y a des terroristes arméniens qui ont tirés sur des soldats azéris pour répliquer au centuple ; qui va aller vérifier ? Certainement pas l’Organisation du Traité de Sécurité Collective, dont c’est pourtant le mandat. Rappelez-vous l’agression azérie de 2022 et l’inaction de l’OTSC.

 

2 – Plus aucune organisation étrangère travaillant en Arménie ne peut se trouver à proximité de la frontière azerbaidjanaise, ce qui sous-entend que la frontière Arménie-Azerbaïdjan doit être clairement définie ; et non la ligne de séparation actuelle. Ce qui est loin d’être le cas, puisque seuls une quinzaine de kilomètres ont été délimités sur les 566 kilomètres de la partie occidentale, auxquels il faudrait ajouter les 121 kilomètres avec le Nakhitchevan. C’est en principe les dernières cartes de l’état-major russe qui sont censées faire loi.

Pour ce qui est des Organisations étrangères visées, il y a les observateurs de l’UEMA, missionnés par l’Union européenne, et les gardes-frontières russes présents depuis l’indépendance, qui travaillent de concert avec les gardes-frontières arméniens. Ils stationnent essentiellement sur la frontière Arménie-Turquie et Arménie-Iran. Ils ont été retirés de l’aéroport international de Zvartnotz. Les quelques soldats russes qui restaient au Syunik ont été également rapatriés avec le retrait de leurs camarades du Karabakh.

Que signifierait la non-présence d’étrangers ? Qu’il n’y aura plus personne d’objectif pour constater les attaques de Bakou ; et notamment dans le Syunik, appelé pompeusement par Bakou ‘Azerbaïdjan occidental’. Interviewé sur ce point, le grand visionnaire qu’est Nigol Pachinian a répondu en substance « Il n’y aura pas besoin d’observateurs, puisque ce sera la paix entre nos deux pays. » 

 

3 – Là, on touche à quelque chose de très délicat, au fondement même de la troisième république d’Arménie. Le mot « Haut-Karabakh » (*) apparait dans le préambule de la Constitution arménienne, ce qui choque grandement Bakou. Un préambule n’est pas force de loi, mais explicite le texte officiel (la Constitution), lequel ne comporte pas le mot « Karabakh ». On notera que le texte a été établi à l’époque soviétique puisqu’on fait référence à la seconde république arménienne (RSS) et au Conseil national de la région autonome du Haut-Karabakh ; Deux entités qui n’existent plus à ce jour. Quoi qu’il en soit, pour le gouvernement azéri, ce vocable doit être banni de tous les documents officiels arméniens.

Qu’à cela ne tienne, le grand stratège qu’est Nigol Pachinian s’exécute et prépare une nouvelle Constitution, qui malheureusement va prendre du temps et risque fort de repousser la signature de l’accord aux calendes grecques.

 

4 - Pour la forme, la décision de dissoudre le groupe de Minsk ne relève pas des deux intéressés (Arménie et Azerbaïdjan) mais de l’OSCE, qui est à l’origine de sa création. Pour ce qui est du fond, la dissolution entrainera la disparition totale du sujet de discorde (le Karabakh) et plus précisément du devenir de la population arménienne (120.000 personnes) qui a subit un nettoyage ethnique. Auquel il faut ajouter le problème des prisonniers et otages arméniens qui se trouvent en Azerbaïdjan, sans compter la parodie de procès des dirigeants de l’Artsakh.

Sur tout ce qui a trait au Karabakh et aux Karabakhis, les dirigeants arméniens jouent les trois singes de la sagesse, espérant ainsi amadouer le potentat azéri.

 

Au final, pas grands choses n’ont changé, les tirs sporadiques sur les villages frontaliers continuent toujours. L’Azerbaïdjan traîne volontairement des pieds trouvant toujours un sujet de discorde comme le ‘couloir du Zanguézour’ ou le retour des Azerbaidjanais contraint de quitter leur foyer lors de la première guerre du Karabakh.

 

 

Un peu d’humour :

 


Lors du Conseil des Ghazi réuni à Bakou, le Cheikh-Ul-Islam Allahchukur Pachazadé, président du Conseil des musulmans du Caucase, a déclaré :
« Les sanctuaires arméniens qui se trouvent en Arménie, sont situés sur des terres historiquement azerbaïdjanaises, que les Arméniens se sont indument appropriées ».

 

La cathédrale Saint Etchmiadzine, dont la construction a débuté en 303, en fait donc partie. A cette époque déjà c’était une terre azerbaidjanaise et on ne le savait pas.

 

Comme disait Jean-Michel Audiard par la bouche de Jean Gabin: « Si on mettait les cons en orbite, il y en a qui ne serait pas prêt de redescendre »

 

 

 

 

 

(*) "Le Conseil suprême de la RSS d’Arménie, exprimant la volonté unie du peuple arménien... la mise en œuvre du droit des nations à la libre autodétermination, sur la base de la résolution conjointe du Conseil suprême de la RSS d’Arménie et du Conseil national du Haut-Karabakh en date du 1er décembre 1989 sur la réunification de la RSS d’Arménie et du Haut-Karabakh... proclame : le début du processus d’établissement d’un État indépendant... »

 

 

 

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Traduction


Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, et de APA


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Arménie

 

Lors d'une conférence de presse avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le ministre arménien des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan a déclaré :

 

« Nous préparons-nous à modifier le format de nos relations alliées avec la Fédération de Russie ? Je tiens à le dire sans détours : « Non ». Nos obligations et nos droits sont clairement énoncés sur le papier, signés, ratifiés, et personne ne les a annulés. Parallèlement, certains craignent en Arménie que les mécanismes n’aient pas toujours fonctionné pleinement ou comme prévu, mais c’est une tout autre affaire. Des discussions visant à accroître l'efficacité des mécanismes existants sont en cours, mais

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Etats-Unis


Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a déclaré aux membres de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des Représentants que les États-Unis travaillaient activement pour empêcher une invasion azerbaïdjanaise de l'Arménie, répondant aux appels bipartites des représentants Jim Costa (D-CA) et Chris Smith (R-NJ) pour appliquer les restrictions de la section 907 sur l'aide militaire américaine à l'Azerbaïdjan et obtenir la libération immédiate des otages arméniens, a rapporté le Comité national arménien d'Amérique (ANCA).

 

« Nous remercions les membres du Congrès Smith et Costa d'avoir souligné la nécessité urgente d'un leadership américain plus fort pour tenir l'Azerbaïdjan responsable de son agression et des abus continus des otages arméniens, et nous saluons la réponse constructive du secrétaire Rubio - en particulier son assurance que l'administration Trump-Vance s'engage à empêcher une invasion azerbaïdjanaise de l'Arménie et à assurer la libération des prisonniers arméniens », a déclaré le directeur exécutif de l'ANCA, Aram Hamparian.


Le représentant Chris Smith (R-NJ) a exprimé ses inquiétudes concernant les crimes de guerre azerbaïdjanais et les otages politiques arméniens : « Il est très clair qu'après le génocide commis par Aliev contre les Arméniens, de très nombreux prisonniers politiques et prisonniers de guerre sont détenus... Je vous encourage simplement à faire tout ce que vous pouvez pour obtenir la libération de ces hommes et de ces femmes - au moins 300. »

 

Rubio a reconnu l'urgence de la situation, affirmant que les États-Unis utilisaient leur présence diplomatique pour donner la priorité aux droits de l'homme et à la paix. « Les questions que vous avez soulevées concernant les prisonniers et les droits de l'homme sont cruciales… L'Azerbaïdjan nous offre l'occasion de le faire dans le cadre de la paix plus large que nous cherchons à instaurer. »

 

Le représentant Jim Costa (D-Ca) a exhorté les États-Unis à soutenir l'Arménie et a appelé à la fin de l'aide militaire américaine à l'Azerbaïdjan. Il a déclaré : « Nous avons tenté d'obtenir des administrations républicaine et démocrate qu'elles renoncent à la dérogation à l'article 907 sur l'aide militaire à l'Azerbaïdjan. Finalement, l'année dernière, l'administration Biden a refusé à juste titre d'accorder cette dérogation. Je pense qu'elle doit être permanente. »

 

Le secrétaire Rubio a répondu : « Nous n’avons pas encore pris de décision à ce sujet, car notre priorité est désormais de les amener à accepter un accord de paix qui ne les amène pas à envahir un pays voisin, l’Arménie. Une guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie serait destructrice, contreproductive et la dernière chose dont nous avons besoin en ce moment dans la région ».

 

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Iran

 

Le secrétaire du Conseil de sécurité de l'Arménie, Armen Krikorian, a participé dimanche au Forum de dialogue de Téhéran 2025, dans la capitale iranienne Téhéran.

 

Lors de la séance de questions-réponses, Krikorian a évoqué la diversification de la politique étrangère et de sécurité de l'Arménie et a souligné que le pays développait ses relations avec tous les États, sans exclure aucun pays.

 

En outre, il a évoqué les derniers développements dans le processus de normalisation des relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et 

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Russie

 

La porte-parole officielle du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré :

 

« Des affiches à Erevan insultant le président russe Vladimir Poutine est une action rémunérée organisée par les forces pro-occidentales en utilisant les fonds restants de l'Agence américaine pour le développement international (USAID).

 

De telles actions visent à saper les relations russo-arméniennes à l'approche de la visite du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en Arménie.

 

Je vous rappelle l'importance du personnel de l'ambassade américaine en Arménie, certains employés n'ont apparemment pas encore compris qu'ils doivent renforcer les relations russo-américaines, et non compromettre celles entre la Russie et l'Arménie. Quelqu’un en Arménie dispose peut-être encore de fonds excédentaires fournis par l'USAID, pour participer à de tels projets.

 

La Russie et l'Arménie ont un vaste programme de discussions et un travail concret et pragmatique. De nombreux membres des minorités n'apprécient pas cela, ce que la partie russe sait également. Moscou privilégie un programme constructif et positif. Les organisateurs de telles actions sont incapables de faire plus. »

 

Plusieurs affiches provocatrices anti-Poutine ont été placardées à Erevan, près de l'ambassade de Russie et sur le pont de Kiev. Elles sont également diffusées sur les réseaux sociaux par des dirigeants et des militants des forces pro-occidentales bénéficiaires de subventions.

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 

Bakou continue d’effacer les traces arméniennes en Artsakh

 

Les autorités azerbaïdjanaises poursuivent les destructions de monuments.

 

Depuis la guerre de 44 jours de 2020, la destruction des monuments commémoratifs arméniens dédiés à la Grande Guerre patriotique (Seconde Guerre mondiale) est devenue l'une des tactiques constantes de l'Azerbaïdjan. Ces monuments commémorent également le génocide arménien, les victimes des guerres d'Artsakh et d'autres événements marquants de l'histoire arménienne.

 

Au cours des cinq dernières années, des monuments commémoratifs similaires ont déjà été détruits à Chouchi, Hadrut, Azokh, Mets Tagher et dans d’autres endroits.

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, et de APA

 

 

 

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