Arménie – Azerbaïdjan : La paix, certes, mais à quel prix ?

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Le 8 août, ils ont paraphé le texte de l'accord de paix en présence de Donald Trump, se sont mutuellement félicités, et le président américain a publié une déclaration cosignée par Nigol Pachinian et Ilham Aliev. Il ne reste plus qu'à signer l'accord. 

 

Tout les Etats et Organisations internationales ont applaudi des deux mains le retour de la paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Mais tout le monde ne s'est pas réjoui du contenu de la déclaration conjointe, pas plus d'ailleurs, du contenu de l'accord.

 

Concernant la déclaration

De l'avis d'un grand nombre d'observateurs et d'experts, il y a une ambiguïté entre les termes « une connectivité sans entraver » et « le respect de l'intégrité territoriale et de la juridiction de la République d'Arménie et… » . Qui va contrôler quoi sur la Route Trump pour la paix et la prospérité internationales (TRIPP) qui va traverser le Syunik ? Qui sont les tiers mutuellement désignés ? Quel droit de considérer aura l’Arménie sur ce tronçon ? Est-ce des douaniers arméniens ou une équipe privée pilotée par les Etats-Unis qui vérifient ce qui transite ?

 

La partie arménienne a été contrainte de revenir sur sa position en signant un appel conjoint à l'OSCE pour dissoudre le processus de Minsk de l'OSCE et les structures connexes ; alors qu'Erevan devait faire la demande en même temps que la signature de l'accord.

 

Parler de vengeance alors que pendant des décennies c'est Aliev qui a préparé son peuple à la haine des Arméniens et surarmé son pays, n'a pas gêné Pachinian outre mesure.

 

De même, parler de « l'inviolabilité des frontières internationales et l'inadmissibilité du recours à la force pour l'acquisition de territoires après le conflit » alors que Bakou occupe depuis l'accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020, 208 km² du territoire arménien, n'a pas empêché le dirigeant arménien de cosigner la déclaration.

 

Décidément ce doit être un vrai plaisir d'avoir en face de soi un tel négociateur !

 

Concernant l'accord

Mise en place au printemps 2022, la commission arméno-azérie a délimité à ce jour une douzaine de km sur les 566 km que compte la frontière avec l'Azerbaïdjan oriental, auquel il faut ajouter les 121 km avec le Nakhitchevan.

 

Rappelons que les frontières entre les Républiques socialistes soviétiques de l'ex-URSS sont devenues les frontières internationales des États indépendants et sont reconnues comme telles par la communauté internationale. Bakou n'en a que faire, puisqu'il n'a jamais reconnu la superficie de l'Arménie (29.743 km²) puisqu'il en occupe 208 km².

 

L'article 7 stipule « Les Parties ne déploieront pas le long de leur frontière commune de forces d'un tiers ». Bakou ne supporte pas la présence d'étrangers le long de sa frontière commune avec l'Arménie. Il considère que les 200 observateurs de l'Union européenne (EUMA) ont déployé le long de la frontière comme des espions, d'autant que leur mandat prend fin en février 2027.

 

Il ne fait aucun doute qu'il demandera leur départ dès la signature, voire même avant, à l'instar de la dissolution du groupe de Minsk de l'OSCE.

 

Les lacunes

Les questions que l'on se posait avant le « show » concocté par le président américain, ne sont absolument pas éclaircies et encore résolues.

-      Rien sur les 23 prisonniers toujours détenus par Bakou ;

-      Rien sur le retour des dizaines de milliers de familles Karabakhis ;

-    Rien sur la destruction continue au Karabakh des traces de la présence arménienne - monuments et cimetières.

 

 

Au final, le grand vainqueur de cet accord reste le tandem turco-azéri.

 

C'est grâce à Erdoğan que les Etats-Unis ont mis tout leur poids dans la balance pour inciter Pachinian à ouvrir la liaison Azerbaïdjan-Nakhitchevan et permettre à la Turquie de réaliser son rêve de panturquisme vers le monde turcique de l'Asie centrale.

 

C'est toujours grâce à Erdoğan que la liaison sera en fait un « couloir » dont bénéficiera en premier lieu le tandem turco-azéri.

 

Différence de taille, le couloir au lieu d'être géré par la Russie (Art.9 du traité de Moscou du 09.11.2020) le sera par les Etats-Unis. L'Arménie étant reléguée au rang de simple bailleur.

 

Autre bénéfice et de taille, évidemment l'Azerbaïdjan. Avec un Pachinien en face de lui, quasiment toutes ses exigences sont satisfaites. Et pour celles qui ne le sont pas encore, c'est une question de temps. L'histoire de changer la Constitution arménienne pour enlever le mot 'Karabakh' est de la poudre aux yeux. Son objectif reste dans un premier temps à reconquérir l'Azerbaïdjan occidental, c'est-à-dire le Syunik, appelé aussi le Zanguézour, puis, y installer les Azerbaïdjanais qui, selon lui, ont été « chassés » d'Arménie.

 

N'oublions pas les Etats-Unis. Indépendant de la vision économique, cela va permettre à Washington de couper les liaisons septentrionales de l'Iran vers son allié russe. Une vision géostratégique qui dépasse le Pachinien, qui se contentera des royalties de la localisation.

 

Il faut espérer que l'accord de paix ne connaîtra pas une sorte aussi amusante que l'accord de cessez-le-feu signé à Moscou le 9 novembre 2020 entre Nigol Pachinian et Ilham Aliev, avec comme troisième signataire Vladimir Poutine. Cette fois-ci ce n'est plus le Haut-Karabakh qui passera sous contrôle de l'Azerbaïdjan mais le Syunik. Comme Trump, Aliev n'a que faire de la parole donnée, des règles et du droit international. Il suffit d'écouter ses dernières déclarations de retour chez lui.

 

 

 

 

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Traduction

 

Extrait de Radiolour , de PanArmenian , de News.am , et de APA 


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Arménie

 

Bien que Nigol Pachinian  soit officiellement  en vacances jusqu'au 15 août, il compte effectuer une visite de travail aux États-Unis jeudi et vendredi à Washington DC.

 

Il aura une réunion bilatérale avec le président Donald Trump pour promouvoir le partenariat stratégique entre l'Arménie et les États-Unis. Une seconde sera tenue avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliev. Elle sera suivie d'une réunion trilatérale avec les trois dirigeants dans le mais de faire progresser la paix, la prospérité et la 

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États-Unis


Dans une déclaration publiée sur Truth Social, Donald  Trump a indiqué :

 

« L'Arménie et l'Azerbaïdjan sont en guerre depuis de nombreuses années, entraînant la mort de milliers de personnes. Je félicite les deux dirigeants pour l'étape courageuse vers une paix durable. Je me réjouis de les accueillir pour un sommet de paix historique.

 

De nombreux dirigeants ont tenté de mettre fin à la guerre, sans succès jusqu'à présent. Le président Aliev et le Premier ministre Pachinian me rejoignent à la Maison Blanche pour 

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Réactions


1-  Des États

 

Turquie

« À l'heure où les conflits et les crises internationales s'intensifient, cette étape représente une avancée majeure pour garantir la paix et la stabilité régionales. Nous apprécions la contribution de l'administration américaine à ce processus.

 

Une opportunité historique s'est présentée pour la paix et la prospérité dans le Caucase du Sud.

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Europe - France

 

La mission de l'UE en Arménie (EUMA) a franchi une étape importante avec l'achèvement de sa 6.000e patrouille.

 

« Cette réussite témoigne de notre engagement constant et indéfectible en faveur de la paix et de la stabilité dans la région. Nous restons fermement déterminés à travailler aux côtés des communautés locales en Arménie », a déclaré la mission de l'UE dans un message.

 

La Mission de l'UE en Arménie (EUMA) a été lancée par décision du Conseil des Affaires étrangères de l'UE le 20 février 2023, date à laquelle elle a également débuté ses activités opérationnelles. L'EUMA est chargée d'observer et de rendre compte de la situation sur le terrain, de contribuer à la sécurité humaine dans les zones touchées par le conflit et de soutenir, lorsque cela est possible, le renforcement de la confiance entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

 

L'EUMA est déployée du côté arménien de la frontière internationale avec l'Azerbaïdjan. Son quartier général est situé à Eghegnadzor et dispose de six bases d'opérations avancées : Eghegnadzor, Djermouk, Martuni, Kapan, Goris et Idjevan. La Mission dispose également d'un bureau de liaison à Erevan.

 

[Ndlt : Rappelons que le Point 16 de l'accord de paix Erevan-Bakou stipule « l'abstention de déployer des représentants d'autres pays le long de la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. » ]

 

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Russie

 

Dans un discours marquant le 50e anniversaire de l'Acte final d'Helsinki, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a évoqué le rôle de l'OSCE dans le conflit du Haut-Karabakh, a déclaré :

 

« L'OSCE a également échoué dans la question du Haut-Karabakh. Le Groupe de Minsk, créé sous ses auspices n'a jamais réussi à créer les conditions d'un dialogue entre les parties en conflit. Et une fois que les participants occidentaux se sont retirés de la coopération avec la Russie, son action a perdu tout son sens. 

Au fil des ans, les États participants de l'OSCE ont unanimement approuvé des documents clés affirmant l'indivisibilité de la sécurité : aucun État ne peut se protéger en menaçant les autres, et aucun État ni aucune organisation ne peut revendiquer sa domination en Europe. À côté de ces belles déclarations, l'Occident a agi à l'encontre de celles-ci en élargissant l'OTAN vers l'est, portant ainsi préjudice aux intérêts de la Russie et d'autres États. »

 

(…)

 

« Le Premier ministre arménien Nigol Pachinian accorde plus d'importance à son bien-être personnel qu'à l'avenir du pays. Pachinian a toujours agi de manière à servir ses propres intérêts, » a déclaré Alexeï Jouravlev, premier vice-président de la Commission de la défense de la Douma d'État russe.

 

« La situation est claire depuis longtemps : Pachinian privilégie son propre confort au sort de l'Arménie. Il est probable qu'il troquera volontiers les intérêts nationaux arméniens contre une villa quelque part en Floride.

 

Le président Donald Trump compte négocier un accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. C'est pourquoi il promettra à Pachinian des montagnes dorées, et il y a de fortes chances qu'il les accepte », a souligné le député.


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Turquie-Azerbaïdjan

 

Les autorités azerbaïdjanaises ont accusé la Russie d'avoir mené des « frappes aériennes délibérées » sur le terminal pétrolier public SOCAR et d'autres installations azerbaïdjanaises en Ukraine, ainsi que sur une station de compression de gaz fournissant du gaz azerbaïdjanais à l'Ukraine.

 

 

 

 


 

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Extrait de Radiolour , de PanArmenian , de News.am , et de APA 

 

 

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