L’homme qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez


 

***

 

Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

***

 

Commentaires

 

***

 

Plus d'un mois s'est écoulé depuis le 8 août, qui a vu les signatures à Washington du paraphe de l'accord de paix Arménie-Azerbaïdjan et la création de « La voie Trump pour la paix et la prospérité internationales (TRIPP) ». Si tous les pays et/ou dirigeants applaudissent des deux mains, il ne s'écoule pas un jour que des spécialistes ou des organisations internationales mettent en avant les lacunes des textes et les risques potentiels qui en découlent.

 

Cependant, il y a loin de la coupe aux lèvres.

 

Parapher un accord de paix, ne signifie pas signer un traité de paix, sauf peut-être pour le Premier ministre arménien, qui ne voit exclusivement que le bon côté des choses, faisant fi de tous les points qui fâchent, avec un flou qui n'a rien d'artistique. Ces sujets (prisonniers politiques, délimitation exacte de la frontière, procès-spectacle des dirigeants Karabakhis, etc.), seront, selon Pachinian, résolus une fois l'accord de paix signé. Un tel angélisme (ou aveuglement ?) revient à « mettre la charrue avant les bœufs » et prêter à Ilham Aliev des sentiments qu'il n'a pas.

 

Le président azerbaïdjanais, qui a les deux pieds sur terre, est encore plus optimiste que son interlocuteur arménien. Et il y a de quoi. Tout ce qu'il lui a proposé a été accepté. Cerise sur le gâteau, Pachinian a été plus loin, il a même accepté ce qui n'est pas prévu dans les 17 points de l'accord, c'est-à-dire les deux pré-conditions : la modification de la constitution – en cours depuis le début de l'année, et la demande de dissolution du groupe de Minsk de l'OSCE – qui devait avoir lieu lors de la signature de l'accord de paix. Ajoutons à cette injonction, un cadeau de la maison Pachinian : la restitution de quatre enclaves azéries, sans aucune contrepartie. Le dictateur azéri a fait sienne la devise du président Donald Trump : faire la paix par la force, surtout quand on a en face de soi un faible et un piètre négociateur.

 

Le président turc partage également l'enthousiasme de son frère azéri, car il va enfin pouvoir communiquer avec son pays au monde turcique de l'Asie centrale et commencer à réaliser son rêve de panturquisme. Lui aussi a eu droit à une cerise sur le gâteau, puisque Nigol Pachinian, totalement tourné vers son propre avenir qu'il considère « radieux », a jeté aux oubliettes les événements du passé, à commencer par le Génocide de 1,5 million d'Arméniens de 1915 et sa reconnaissance par la Turquie. Quand on pense qu'Ilham Aliev a prévu de faire payer à l'Arménie les années « d'occupation » du Haut-Karabakh, c'est vraiment deux conceptions antinomiques des événements passés.

 

Toujours est-il que l'Arménie continue de réclamer l'ouverture de la frontière arméno-turque, ou à défaut qu'Ankara met en œuvre les décisions déjà prises (autoriser les ressortissants de pays tiers et les titulaires de passeports diplomatiques à franchir la frontière arméno-turque). Les dirigeants arméniens oublient volontairement qu'Erdoğan ne fera rien tant que l'accord de paix n'est pas signé et qu'Aliev ne lui a pas donné le feu vert pour la normalisation des relations Turquie-Arménie.

 

Emballé qu'il est par une paix « prospère », Pachinian ne voit que le bénéfice immédiat de cet accord : les opportunités commerciales. Aliev a réussi le tour de force de faire partager son point de vue à Pachinian, un peu comme Poutine avec Trump, comme par exemple sur l'inefficacité et l'inutilité du groupe de Minsk de l'OSCE. Logique, puisque le mot Karabakh doit totalement disparaitre non seulement du vocabulaire mais également des écrits officiels de l'Arménie.

 

De son côté, l'Azerbaïdjan fait de même en effaçant et/ou supprimant la trace des Arméniens dans le Karabakh, la continuité de ce qu'il a fait au Nakhitchevan pendant des décennies. Quant aux édifices religieux, lorsqu'ils sont célèbres et/ou touristiques, Bakou les attribuent aux Albanais (Aghvans), que les Arméniens ont accaparé.

 

Le Premier ministre arménien n'a toujours pas compris que ses interlocuteurs le prennent pour un dirigeant fantoche, lui faisant miroiter des lendemains radieux. Le pire, c'est qu'aucun de ses conseillers n'ose lui en faire reproche, à croire que son premier cercle est composé d'ignares.

 

Donald Trump, qui sait à peine situer l'Arménie sur une carte et confond souvent l'Arménie et l'Albanie, se frotte les mains avec les millions qu'il va rassembler avec la Voie qui va porter son nom (TRIPP). Et Pachinian de le proposer pour le prix Nobel de la paix. Un homme qui ne se gène pas de bombarder l'Iran à la demande de son ami et allié, Netanyahou, et de l'alimenter militairement, quel qu'en soit l'usage.

 

L'Union européenne, quant à elle, se limite au minimum syndical, c'est à dire : Caresser l'Arménie dans le sens du poil, et faire juste ce qu'il faut pour ne pas se mettre l'Azerbaïdjan à dos. Autant le Parlement européen vote des résolutions mettant en avant les dérives de Bakou, autant la Commission européenne freine des quatre fers pour ne pas exécuter les décisions.   Il y a certes la mission de l'UE (UEMA) dans les zones sensibles de l'Arménie, mais ce ne sont que des observateurs ; Toutefois, ils devront partir dès la signature de l'accord de paix conformément à l'article VII. A ce jour, l'UE n'a aucune envie de voir grossir le nombre de ses membres. Certains comme la Turquie, négocie son adhésion depuis 2005. D'autres, bien qu'officiellement candidats, ne sont pas prêts d'y adhérer : Moldavie, Ukraine, Géorgie. L'Arménie aimerait aussi y adhérer, mais l'UE a d'autres chats à fouetter par les temps qui courent.

 

Le budget de la défense de l'Arménie pour 2026 est prévu en baisse de 6%. L'Azerbaïdjan de son côté prévoit une augmentation de 2% pour l'année prochaine. Alors que la paix est sensée régner entre les deux pays, trouver l'erreur.

 

Cependant, un problème majeur demeure. L'Arménie est déjà membre de l'Union économique eurasiatique (UEEA), et il y a une incompatibilité économique et politique entre les deux Unions. Et comme cela ne suffisait pas, Pachinian a déposé sa candidature pour être membre de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Et pourquoi pas aux BRICS, pendant qu'on y est !

 

Il demeure également une question majeure. Si l'Azerbaïdjan ne respecte pas ses engagements (cela s'est déjà vu) et attaque l'Arménie pour une raison ou une autre, qui va venir au secours de l'Arménie ?

 

 

Au vu des prises de décision de Nigol Pachinian, on se demande si  la politique étrangère et la géopolitique faisaient partie de son cursus universitaire ? Il a été expulsé de l'Université d'État d'Erevan avant d'obtenir son diplôme de journaliste. Ceci explique peut-être cela.

 

 

 

 

***

 

Traduction

 

Extrait de  Radiolour , de PanArmenian , de News.am , de Armenpress  et  de APA       


***

 

Arménie

 

Les trois protocoles d'accord signés le 8 août entre la République d'Arménie et les États-Unis d'Amérique ont été publiés.

 



(…)

 

Le Premier ministre arménien Nigol Pachinian a déclaré lors d'une séance de questions-réponses avec le Parlement :


« Avec le recul, je dois dire que je ne vois rien de bénéfique dans les activités du Groupe de Minsk de l'OSCE. Elles n'ont jamais rien apporté d'utile. Leurs efforts n'ont fait qu'aggraver le conflit et créer un levier pour maintenir non seulement l'Arménie, mais toute la région, dans un état fantoche.

Suite


***

 

Organisations internationales

 

OSCE

La Présidente en exercice de l'OSCE, la ministre finlandaise des Affaires étrangères Elina Valtonen, et le Secrétaire général de l'OSCE Feridun H. Sinirlioğlu ont salué l'adoption d'une décision du Conseil ministériel clôturant le processus de Minsk et les structures connexes suite à un appel conjoint de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan.

« Je tiens à adresser une fois de plus mes plus chaleureuses félicitations à l'Arménie et à l'Azerbaïdjan pour leurs accords historiques en faveur de la paix et de la normalisation de leurs relations, ainsi que pour leur décision résolue d'entamer leur mise en œuvre rapide. J'ai répondu sans délai à leur appel conjoint et tiens à exprimer ma sincère gratitude aux parties pour leur excellente coopération tout au long du processus. Je tiens également à féliciter

Suite

 

***

 

Organisations politiques

 

Les bureaux de la Cause arménienne (Hay Tad) à Washington, Bruxelles, Moscou et en France ont publié une déclaration commune condamnant fermement la dissolution du Groupe de Minsk de l'OSCE, dans un contexte de menaces et de recours à la force continue contre l'Arménie. Ils ont appelé à la création d'un nouveau mécanisme international pour défendre les droits fondamentaux des Arméniens d'Artsakh.

 

La déclaration avertit que cette démarche légitime effectivement les résolutions de conflit obtenues par la violence et le nettoyage ethnique, plutôt que par la diplomatie et le droit international.

Suite

 

***

 

Russie

 

Le 15 août, le vice-Premier ministre arménien Mher Krikorian a déclaré lors de la réunion du Conseil intergouvernemental de l'UEEA au Kazakhstan que l'Arménie accordait la priorité à la création de marchés énergétiques communs au sein de l'UEEA et au renforcement de la sécurité énergétique.

 

 « L'Arménie doit évaluer soigneusement tous les facteurs pertinents avant de décider entre l'Union économique eurasienne (UEEA) et l'Union européenne (UE).

 

Le Premier ministre Pachinian a déjà déclaré qu'il était impossible d'être membre à la fois de l'UEEA et de l'UE. Si une telle décision est prise, je suis convaincu que tous les facteurs influençant l'orientation prise seront 

Suite

 

***

 

Artsakh

 

L'Agence d'Artsakh pour le tourisme et le développement culturel a rapporté que le premier jour de la nouvelle année scolaire, l'Azerbaïdjan a démoli un monument dédié à l'alphabet arménien situé dans la cour de l'école n°1 de Stepanakert.

 

Selon l'agence, la destruction d'œuvres d'art monumentales dans les territoires occupés de la République du Haut-Karabakh a atteint des proportions massives, en particulier dans la capitale, Stepanakert.

 

« Ces faits démontrent la politique délibérée de l'Azerbaïdjan visant à effacer l'empreinte culturelle du peuple arménien. Le silence et l'inaction face à de tels crimes sont inacceptables. Le gouvernement arménien doit soulever cette question à plus haut niveau et prendre des mesures de protection concrètes. La communauté internationale porte également une responsabilité directe en tant que gardienne du patrimoine culturel, qui est une valeur universelle. Ces monuments font non seulement partie de l'héritage arménien, mais font également partie intégrante de la mémoire culturelle commune de l'humanité. La protection de notre patrimoine culturel doit devenir une priorité nationale et internationale », indique le communiqué.

 

La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) avait précédemment déclaré la destruction systématique du patrimoine religieux et culturel arménien au Haut-Karabakh. Elle avait recommandé au gouvernement américain et au Congrès d'imposer des sanctions ciblées à l'Azerbaïdjan, d'autoriser des observateurs internationaux indépendants, tels que des représentants de l'ONU, à se rendre au Haut-Karabakh et dans les régions avoisinantes afin de vérifier et de documenter les sites patrimoniaux, et d'organiser des auditions devant la commission sénatoriale des affaires étrangères.

 

***

 

Turquie-Azerbaïdjan

 

« Plusieurs accords entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, ainsi qu'entre l'Azerbaïdjan et les États-Unis, ont créé une situation plutôt prometteuse pour l'ensemble de la région », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan .

 

« Avant les pourparlers à Washington, la partie azerbaïdjanaise a tenu des consultations avec la Turquie, discutant des détails de la réunion et des accords. La position de la Turquie sur le « corridor de Zanguézour » est basée sur la confiance mutuelle. Ankara maintient une coopération étroite avec Bakou sur 

Suite



 

 

*

**

***

 

 

 

Extrait de Radiolour , de PanArmenian , de News.am , de Armenpress  et  de APA

 

 

 

Commentaires