L’Arménie fait feu de tout bois



***

 

Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

***

 

Commentaires

 

***

 

Le Premier ministre Nigol Pachinian et son ministre des Affaires étrangères Ararat Mirzorian, ont passé ces derniers jours en Europe pour expliciter pour la Nième fois les locataires et les aboutissants de l'accord de paix avec l'Azerbaïdjan (traité toujours en attente de signature) et les avantages pour tout le monde de l'ouverture prochaine de la liaison Nakhitchevan-Azerbaïdjan, pompeusement appelé TRIPP (Trajet Trump pour la Paix et la Prospérité Internationales).

 

Ce faisant, l'Arménie a recueilli l'assentiment de tous les présents lors de ces rencontres internationales (Cf. § Europe). Ce satisfait est traduit par une manière financière financée par divers organismes et Etats à l'Arménie pour la mise en œuvre des projets prévus dans les documents signés et/ou paraphés le 8 août à Washington.

 

Quant aux absents de ces réunions, à savoir les deux pays qui ne sont pas en odeur de sainteté auprès des Occidentaux – la Russie et l'Iran, ils font contre mauvaise fortune bon cœur.

 

Le premier, dû au fait que les Etats-Unis lui grillent la politesse en prenant la gestion et le contrôle du couloir Nakhitchevan-Azerbaïdjan, que les Azéris persistants à appeler 'Couloir de Zanguézour', qui avait sensé lui revenir conformément à l'accord de cessez-le-feu de Moscou en date du 9 novembre 2020. Par l'accord de Washington du 8 août, la Russie voit l'Arménie s'éloigner un peu plus de son pré carré, au bénéfice des Etats-Unis. Ajoutons à cela les velléités, maintes fois réitérés, de Pachinian de coller à l'Union européenne.

 

Le second, car la continuité Turquie-TRIPP-Azerbaïdjan, sous influence américaine, créera pour Téhéran des difficultés dans ses activités Nord-Sud, et plus précisément avec la Russie. Un autre risque potentiel se profile à l'horizon, si le traité de paix arméno-azéri est signé, il n'est pas impossible que Pachinian décide de s'approvisionner en énergie fossile auprès de Bakou, plutôt que de voir le ballet incessant des camions-citernes Meghri-Erevan. 

 

() Le ministre Ararat Mirzorian a présenté lors de son intervention au « Forum sur la sécurité » de Varsovie, l'avancement des projets signés à Washington (Cf. § Europe).

 

Il en ressort que nombre d’entre eux ont du mal à démarrer. Les Etats-Unis ont versé plusieurs millions pour lancer le projet TRIPP, qui s’avère être une liaison fourre-tout, comprenant un voie ferrée, une autoroute, un passage sécurisé pour des pipe-lines et des câbles électriques. Ajoutons à cela le choix et le fonctionnement du consortium qui va gérer le TRIPP. Le tout pour alimenter le marché européen, avec comme grand bénéficiaire le tandem turco-azéri.

 

D’autres projets n’ont même pas un début de commencement car ils nécessitent nombre de préalables. C’est le cas du tracé frontalier exact entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan continental. D’après la Déclaration d'Alma-Ata du 21 décembre 1991, acceptée comme principe fondamental de la démarcation des frontières des deux pays, et sur la base des cartes de l’Etat-major russe, la frontière doit faire 566 km. Déjà, 57 km ont été retirés, qui représentent les bordures des quatre enclaves que Pachinian a obligeamment restituées à Bakou. Aliev, lui, n’a jamais parlé de restituer les enclaves arméniennes situées chez lui.

 

Pachinian comme Mirzoyan ont déclaré que seuls 12 km de la frontière commune ont été délimités/démarqués. Ce travail s’est arrêté au printemps dernier. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’Azerbaïdjan occupe depuis 2021, 208 km² de l’Arménie, et que par conséquent la frontière n’est plus ce qu’elle devrait être, à savoir 509 km (566-57).

 

D’où les questions : Si Ilham Aliev reconnait et accepte les décisions de la Déclaration d'Alma-Ata, pourquoi n’a-t-il pas restitué les 208 km² qu’il occupe indument ? Pourquoi persiste-t-il à déclarer que le TRIPP est en fait le ‘couloir du Zanguézour’ que les bolcheviks ont donné à l’Arménie, alors que c’était un territoire azerbaidjanais. (Selon lui : ‘un fait historique’). Se gardant bien de dire qu’il a obtenu des mêmes bolcheviks le Nakhitchevan, composé de 50% d’Arméniens, et le Haut-Karabakh, peuplé à 98% d’Arméniens.

 

Pour le gouvernement arménien, toute cette agitation c’est du ‘bruit’ inutile, généré par l’opposition, car, toujours selon Pachinian, dès que le traité de paix sera signé, les commissions mixtes rétabliront la vérité sur les deux questions précitées et, tout rentrera dans l’ordre. Quelle confiance en Aliev !

 

Pour ce qui est des 23 prisonniers arméniens qui croupissent dans les geôles azéries, pas un mot dans les textes officiels. Tout le monde sait qu’ils existent, mais ils n’ont pas d’existence légale, un peu comme les prisonniers de Guantanamo. C’est une monnaie d’échange qu’Aliev garde sous le coude pour une exigence future. Comme par exemple le retour des 300.000 Azerbaïdjanais qui ont fui l’Arménie lors de la première guerre arméno-azérie des années 90.

 

Quant au procès des 15 ex-dirigeants de l’Artsakh qui a débuté en Janvier dernier, la mascarade se poursuit, vu qu’ils sont inculpés d’une trentaine de délits (*), rien que ça. Le ridicule ne tuant pas, le tribunal militaire a même fait témoigner des civils et des militaires de la guerre arméno-azérie de 92-94. C’est une chance que le tribunal n’ait pas pu faire appel aux témoins, survivants de la guerre arméno-tatar des années 1905 !

 

Il faut dire que pour faire la paix avec l'Azerbaïdjan et normaliser les relations avec la Turquie, l'équipe Pachinian ne recule devant aucun sacrifice, que ce soit historique, géographique, territorial, patrimonial ou social. Le Haut-Karabakh et les Karabakhis sont une épine dans le pied du gouvernement arménien qu'il s'efforce d'extraire par tous les moyens.

 

Pendant ce temps, la destruction systématique du patrimoine arménien se poursuit dans les zones du Haut-Karabakh tombées sous contrôle azerbaïdjanais après la guerre de 44 jours. Des villages entiers comme Karin Tak et des quartiers entiers de Stepanakert, y comprenant des bâtiments gouvernementaux et des habitations avec tous leurs biens, ont été démolis sans aucune indemnisation pour les habitants déplacés. Des monuments civils, des églises et des monastères arméniens sont rasés, les inscriptions en arménien sont effacées et, lorsque leur destruction est impossible, le patrimoine est attribué aux « Albanais du Caucase » (Aghvans).

 

Mais Pachinian n'en a que faire. Ils ne font pas partie de son Arménie réelle.

 

 

 

 

(*) : articles 100 (planification, préparation, déclenchement et conduite d'une guerre d'agression), 102 (attaque contre des personnes ou des organisations bénéficiant d'une protection internationale), 103 (génocide), 105 (extermination de la population), 106 (réduction en esclavage), 107 (déportation ou déplacement forcé de la population), 109 (persécution), 110 (disparition forcée de personnes), 112 (privation de liberté contraire au droit international), 113 (torture), 114 (mercenariat), 115 (violation des lois et coutumes de la guerre), 116 (violation du droit international humanitaire en temps de conflit armé), 118 (pillage militaire), 120 (meurtre intentionnel), 192 (entrepreneuriat illégal), 214 (terrorisme), 214-1 (financement du terrorisme), 218 (création d'une association (organisation) criminelle), 228 (acquisition, transfert, vente, stockage, transport et possession illégales d'armes, de leurs composants, de munitions, d'explosifs et de dispositifs), 270-1 (actes menaçant la sécurité de l'aviation), 277 (assassinat d'un fonctionnaire d'État ou d'une personnalité publique), 278 (prise et maintien du pouvoir par la force, changement forcé de la structure constitutionnelle de l'État), 279 (création d'unités et groupes armés non prévus par la loi) ainsi que d'autres articles du Code pénal de la République d'Azerbaïdjan.

 

 

 

***

 

Traduction


Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, et de Azernews

 

***

 

Arménie

 

Le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, a pris la parole lors d'une discussion de haut niveau intitulée « De Lisbonne à Erevan : définir la stratégie de l'Europe pour un vaste voisinage ».

 

« L'UE doit prendre une décision politique. Nous ne devons pas laisser la bureaucratie prendre le pas sur les décisions politiques. La politique est le terrain, le chemin où nous – notre peuple, notre pays – devons décider. Politiquement, l'UE doit agir.

 

Nous poursuivrons nos réformes, renforcerons nos institutions démocratiques et relèverons les normes de qualité de nos produits pour rendre l'intégration possible. En fin de compte, la décision doit être politique.

 

Si vous, l'UE, nous acceptez, nous en bénéficierons tous. Si vous nous rejetez, même dans ce cas, nous aurons des institutions réformées, ce qui sera également bénéfique. Alors oui, nous devons être plus courageux, plus politiques et moins bureaucratiques », a-t-il déclaré.

 

Le gouvernement avait approuvé le projet d'adhésion le 9 janvier, soumis à l'initiative citoyenne Eurovote. Le 26 mars, l'Assemblée nationale arménienne avait adopté en deuxième et dernière lecture le projet de loi visant à lancer le processus d'adhésion à l'UE. Cependant, l'UE n'a pas encore lancé d'invitation officielle à l'adhésion de l'Arménie. Les forces d'opposition ont qualifié cette mesure d'absurde sur le plan juridique. Le président arménien l'a promulguée.

 

Le vice-Premier ministre russe Alexeï Overchuk a également fait remarquer que l'Arménie ne pouvait pas « s'asseoir sur deux chaises » et qu'elle devra finalement choisir entre l'Union économique eurasienne (UEEA) et l'UE.

 

***

 

Europe

 


Communauté politique européenne





Conseil de l'Europe




   


Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE)





   


Cour européenne des droits de l'homme (CEDH)




   


Forum sur la sécurité





     


Forum sur les passerelles mondiales

 


 

 

 

 

*

**

***

 

 

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, et de Azernews

 

 

Commentaires