mardi 27 décembre 2011

Le génocide arménien débattu à la Knesset


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

La tempête qui a secoué les relations Franco-turques ne s’est pas calmée. Après les flots d’injures déversés par les dirigeants turcs et leurs collaborateurs directs et indirects (1), voici maintenant les attaques menées par les hackers contre le député Valéry Boyer ou contre le site du Sénat. Et si la proposition est confirmée par le Sénat, il restera aux dirigeants turcs de se comporter avec la France comme ils l’ont fait avec les israéliens, c'est-à-dire renvoyer l’ambassadeur français chez lui. Le ministre Davutoglu peut être fier, sa politique du ‘zéro problème avec les voisins’ est devenu la politique du ‘zéro problème avec des pays éloignés’.
Même le communiqué du Patriarcat arménien d’Istanbul fustigeant leurs compatriotes pour cette mauvaise action envers la gentille Turquie, n’a pas donné l’effet escompté.

Pire, voilà maintenant que l’ami d’hier, devenu entre-temps l’ennemi d’aujourd’hui, c'est-à-dire Israël, commence à discuter du génocide arménien. Certes on est encore loin d’une quelconque loi reconnaissant officiellement le génocide arménien, mais le fait que la quasi-totalité des partis politiques israéliens reconnaisse que les événements de 1915 dans l’empire ottoman, sont effectivement le premier génocide du XXème siècle est déjà un grand pas en avant. Si Ankara poursuit son comportement actuel envers l’Etat d’Israël, il ne serait pas étonnant que la Knesset vote une loi en 2012. Ce sera certes un acte politique, mais les diverses reconnaissances depuis celle de l’ONU en 1948, que ce soit par les gouvernements ou les parlements, sont aussi des actes politiques.

Quand 95% des historiens à travers le monde, se basant sur les archives des puissances de l’époque et sur les témoignages des rescapés, qualifient les massacres perpétrés par les Jeunes Turcs contre les Arméniens en 1915, de génocide, on peut considérer que les faits énoncés par les Arméniens sont véridiques.

Dire que l’on a falsifié les livres d’histoire et que l’on ment depuis 96 ans à sa population, est très difficile, surtout avec un sens de la turquicité si pointilleux !

vendredi 23 décembre 2011

Relations franco-turques : Boum


 
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait menacé Paris de représailles si le projet de loi pénalisant le déni des génocides était voté par l’Assemblée nationale, à savoir :
-      suspension des visites bilatérales,
-      rappel de l'ambassadeur turc pour consultations,
-      exercices militaires communs avec la France et toutes les activités militaires avec ce pays annulés,
-      la Turquie statuera désormais au cas par cas les demandes militaires françaises d'utiliser son espace aérien et refusera toute visite des ports turcs par des bâtiments de guerre français.

C’est chose faite. Il a commencé à mettre ses menaces à exécution.
"L'ambassadeur Tahsin Burcuoglu ‘est rentré pour consultations’", a déclaré le porte-parole de l’ambassade, Engin Solakoglu.


mercredi 21 décembre 2011

Relations France-Turquie : La pression monte de plus en plus.


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Ankara ne sait plus à quel Aziz(1) se fier. Le scénario est identique à celui du dernier passage d’une loi semblable devant le Sénat le 6 Mai dernier.

Toute l’artillerie de campagne (députés et hommes d’affaires) est là, les pièces lourdes (Gül, Erdogan, Davutoglu, etc.) tirent des obus longues portée à partir du territoire turc, les troupes à pied (entendez par là les manifestants) seront à pied d’œuvre demain matin ; par contre interdiction absolue de crier ‘Allahou Akbar’.

Tout comme les opposants aux lois mémorielles s’attaquant à la reconnaissance d’un fait historique, il ne s’agit pas ici de savoir si les événements de 1915 sont un génocide ou pas. La question a été tranchée par la France il y a dix avec la loi du 19 Janvier 2001. Le problème posé est de savoir s’il faut ou non pénaliser les négationnistes ?

Par cet acte législatif, la France se met en conformité avec le Droit européen : elle ne fait que transposer dans sa législation nationale les dispositions juridiques arrêtées par la Décision-Cadre 2008/913/JAI “sur la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie” adoptée par le Conseil de l’Union européenne le 28 novembre 2008 ; hélas avec trois ans de retard, par rapport aux deux stipulés. Rappelle l’Observatoirearménien.

Quant à  ceux qui craignent que la foudre leur tombe sur la tête parce que ils auront voté pour, rappelons que : de 1998 à 2002, en dépit des menaces qui suivirent la reconnaissance par la France du Génocide des Arméniens, le commerce franco-turc est passé de 4,3 à 5,2 milliards de dollars. L’Observatoire arménien tient à la disposition de la presse ces données issues des services turcs de la statistique.




mardi 20 décembre 2011

Pénalisation des Génocides : La Turquie menace la France de tous les maux

Pénalisation des Génocides : La Turquie menace la France de tous les maux

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

On savait déjà que de nombreux passages des livres turcs d’Histoire, concernant les exactions commises par les Sultans Ottomans envers les minorités, chrétiennes ou non, ou envers les pays occupés, avaient été retirés ou mieux encore falsifiés, en faisant passer les victimes pour les bourreaux.

En clair, tout pays qui a l’outrecuidance de transcrire dans ses lois ‘la décision-cadre de l’UE en date du 28/11/2008 relative à la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du Droit pénal’, s’attirera les foudres d’Ankara si la dite transposition risque de s’appliquer aux Arméniens, disséminés à travers l’Europe. Et la Turquie sait ce que c’est qu’un génocide, puis qu’elle a signé la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l'assemblée générale des Nations unies, le 9 décembre 1948.

Seulement, comme vous le savez, lorsque la Turquie appose sa signature au bas d’un document, celui-ci est toujours assorti d’une pré-condition, implicite pour Ankara, mais que les autres signataires découvrent après coup. Rappelez-vous de l’extension de l’accord douanier aux dix derniers pays rentrés dans l’UE, sauf chypre, ou plus récemment la non ratification des protocoles de normalisation des relations arméno-turques.

D’ailleurs les dirigeants turcs sont des personnes très au fait de l’Histoire puisque pour eux la France est un pays génocidaire ayant massacré 45.000 algériens en 1945 ? Dixit Monsieur Davutoglu !

Décidemment, il ne fait pas bon d’étudier l’Histoire dans les livres turcs, que ce soit l’histoire du pays ou celle du Monde.





samedi 17 décembre 2011

Génocide arménien : La Turquie monte au créneau



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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Dès que le mot génocide arménien est prononcé, Ankara réagit de façon épidermique et passe rapidement aux menaces, d’abord économiques sur les contrats en cours ou à venir, puis politiques avec l’envoi d’une délégation de parlementaires de tous bords pour expliciter l’erreur à ne pas commettre, et enfin rappel de l’ambassadeur. Depuis deux ans et demi, un argument supplémentaire est venu enrichir le dispositif turc : le risque de faire échouer les négociations de normalisation des relations arméno-turques si vote il y a, négociations qui sont gelées pour ne pas dire mortes. Le prochain débat à l’Assemblée nationale française ne déroge pas à la règle.

Pendant que la main droite caresse les Occidentaux dans le sens du poil en faisant miroiter des contrats mirifiques, de la nécessité d’avoir un pont entre l’Orient et l’Occident, d’être le bras armé de l’OTAN dans la région, etc, etc, la main gauche rassure les dirigeants azéris que rien ne sera fait avec l’Arménie, et certainement pas la levée du blocus, avant que l’Azerbaïdjan ne récupère l’intégrité de son territoire, sans les Arméniens autant que faire se peut. Et les Occidentaux de gober tout cru ce discours, pensant que ce faisant, le cœur d’Erdogan va pencher vers l’Ouest, alors que depuis la mise en œuvre de la politique du ‘zéro problème avec les voisins’ du sieur Davutoglu, les regards d’Ankara se tournent essentiellement vers l’Est et le Sud.

Voulant se rapprocher des pays arabes, les dirigeants turcs ont tout simplement oublié qu’en écriture arabe le chiffre ‘0’ signifie ‘5’, d’où un nombre de problèmes croissant avec les voisins.

mercredi 14 décembre 2011

Turquie : Le négociateur en chef pour l’UE se lâche


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Ces jours-ci, la Turquie sent la moutarde lui monter au nez, plus précisément depuis le voyage du président Sarkissian en France et celui de Sarkozy en Arménie. Il est vrai que les propos de ce dernier sont plutôt sévères à son égard, l’incitant ‘gentiment’ à se pencher sur son passé et surtout à reconnaître le génocide arménien. Si l’on ajoute à cela :
- le vote probable de la pénalisation de la négation du génocide par la France ;
- L’insistance des coprésidents du groupe de Minsk à ce que l’Azerbaïdjan accepte, malgré sa forte réticence,  les principes de base pour la résolution du conflit du Karabakh ;
- Le désaveu, de la condition préalable posée par la Turquie, par tous les signataires et observateurs des protocoles de normalisation des relations arméno-turques ;
- le rapport pas très favorable de l’UE sur ses avancées en vue de son adhésion ;
- et enfin le tout récent vote du Congrès américain lui demandant de restituer les biens religieux dérobés aux chrétiens,

On peut comprendre ses états d’âmes. Seulement Ankara n’a toujours admis que c’est lui-même qui fournit le bâton pour se faire battre. Ou plus exactement les dirigeants turcs savent très bien ce qu’ils font et surtout ce qu’il ne faut pas faire.

La solidarité entre frères n’est pas un vain mot, que l’on soit Ottoman ou Azéri, c’est la grande famille turcophone. D’autant que les intérêts d’Ankara recoupent ceux de Bakou, énergétiquement parlant, sans compter tous les accords commerciaux et militaires. Alors pourquoi tendre la main à une petite Arménie qui ne lui apportera rien, ou du moins pas grand-chose sur un plan commercial, et rien du tout sur le plan militaro-stratégique. Pire reconnaître et assumer son passé ne fera qu’ouvrir la voie aux revendications et aux réparations.

Certes, ce n’est pas demain qu’Erdogan ira s’agenouiller devant le mémorial du génocide arménien, mais ‘2015’ approche et risque de produire des effets très indésirables sur sa politique.

mardi 13 décembre 2011

Les communautés arméniennes du Moyen-Orient en danger de disparition


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Traduction Gérard Merdjanian -commentaires

Les communautés arméniennes résidant dans les pays arabes  ont commencé leur exode au lendemain de la seconde guerre mondiale, d’abord avec la création de l’Etat d’Israël, puis l’arrivée au pouvoir de Nasser, suivi de la seconde guerre israélo-palestinienne, le flux de migrants s’est en fait calqué sur les crises de la région : guerre du Liban, durcissement du régime irakien, guerre Irak-Iran, chute de Saddam Hussein, etc. On peut estimer que les départs depuis 60 ans représentent près de la moitié des 800.000 Arméniens qui résidaient dans ces régions. Les principaux bénéficiaires de ces flux furent les pays occidentaux, Australie compris.

L’immigration vers l’Arménie n’est que très récente et ne porte que sur quelques milliers de familles, à l’inverse, le nombre d’émigrés qui ont profité de la chute de l’URSS et des facilités offertes pour quitter le pays, se compte par centaines de milliers.

Le constat est là, les Etats-Unis raflent la mise avec sur leur sol plus d’un million d’Arméniens, les pays du Commonwealth (Canada, Australie et Angleterre) ont recueilli nombre d’immigrés arméniens venant de leurs anciens protectorat (Ethiopie, Soudan, Chypre, Irak). Quant à la communauté arménienne de France, elle a vu son chiffre augmenter d’un  tiers, mais avec la crise, elle est plus devenue une étape vers l’Amérique du Nord qu’un lieu de résidence définitive.

Ce que les islamistes ne feront pas c’est la crise qui la fera. Seule la Turquie tire son épingle du jeu, mais ce n’est pas un pays arabe et son objectif est d’inciter les futurs gouvernements des pays du ‘printemps arabes’ à suivre son exemple de démocratie-islamiste. Ajoutons qu’à l’inverse des pays arabes, la minorité arménienne de Turquie a toujours été la ‘tête de turc’, et des dirigeants, et de la population. C’est vrai que les Arabes n’ont pas sur les mains le sang d’un million et demi de victimes innocentes.

lundi 12 décembre 2011

Les trompe-l’œil azerbaidjanais

 
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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Voyant que les attaques de front ne portent pas, et surtout que les médiateurs et les pays coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE restent campés sur leurs propositions, Bakou utilise les faux-semblants liés à la religion ou à la société civile.

La récente rencontre entre les trois dignitaires religieux – Le patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies, le Catholicos de tous les Arméniens, Sa Sainteté Karékine II, et le leader des musulmans du Caucase Cheikh-ul-Islam Allahshuqyur Pashazade – qui ont appelé à la non violence, au respect des normes internationales, à l’acceptation des propositions des trois médiateurs et au retrait des snippers de la ligne de contact, n’a eu aucun impact sur les dirigeants azéris. Quant aux pays de l’OCI qui soutiennent l’Azerbaïdjan, c’est avant tout politique, cela permet de faire bloc contre l’Occident, et notamment contre les grandes puissances et le G8, composés essentiellement de pays de traditions chrétiennes.

N’oublions pas que l’Azerbaïdjan a rapidement voulu changer le format des négociations et se libérer du cadre du Groupe de Minsk, qui ne lui donnait pas et ne lui donne toujours pas satisfaction, c'est-à-dire récupérer rapidement les territoires perdus. L’OCI lui permet de porter la résolution du conflit du Karabakh au niveau de l’ONU, grâce à la Turquie il a pu faire réactiver la sous-commission ad hoc de l’APCE, et très probablement qu’il essaiera de mettre le sujet sur l’agenda du Conseil de Sécurité, maintenant qu’il est membre non-permanent.

Comme cela ne donne pas les résultats escomptés, Bakou se rabat, tout en gardant le ‘fer’ religieux au chaud, sur le sociétal. Depuis 2-3 ans, plusieurs ONG et l’UE se proposent d’intervenir et d’aider les deux communautés à se rencontrer, voire à échanger. On se souvient des actions lancées par l’ambassadeur d’Azerbaïdjan de Moscou, Polad Bulbuloglu, dans ce sens, basées sur des visites des trois capitales ; Erevan, Bakou et Stépanaguerd.

Le clan Aliev ne tient surtout pas à ce que la population pense qu’il y a d’autres solutions ou possibilités de trouver un accord avec les Arméniens autres que celles proposées par lui. Donc danger potentiel du côté de la société civile, qui comprenant qu’on la ‘roule dans la farine’ depuis des années risque de se rebiffer contre son gouvernement, avec ce que cela implique sur le plan électorale, même si c’est truqué d’avance.

D’où création fictive et mise en avant de problèmes interethniques, intercommunautaires et la ‘tarte à la crème’ que sont les réfugiés, comme si avec les milliards de pétrodollars il ne pouvait pas alléger leur malheur. Les Arméniens ont bien réussi à reloger les leurs avec un budget cent fois moins élevé. Mais c’est vrai que vis-à-vis des organisations internationales cela fait mieux de montrer de pauvres hères que des gens correctement logés !

vendredi 9 décembre 2011

Le Président arménien Serge Sarkissian à Marseille

Le Président arménien Serge Sarkissian à Marseille

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Ces deux derniers mois ont vu de nombreux allers-retours entre la France et l’Arménie. Fin septembre, c’est le président Sarkissian qui vient à Paris en visite officielle, début Octobre c’est le président Sarkozy qui lui rend la politesse en se rendant à Erevan, quelques semaines plus tard c’est le Congrès des maires francophones dans la capitale arménienne avec la présence du maire de Paris, et maintenant les rencontres de Marseille.

Certes la demande d’adhésion au groupe parlementaire PPE n’a rien à voir avec la création d’un consulat arménien à Marseille ou la rencontre avec le maire Jean-Claude Gaudin, si ce n’est pour rappeler à ses interlocuteurs la position de l’Arménie face à l’UE ou l’état des relations avec la Turquie.

En fait ce sont tous les partis arméniens de droite qui se trouvaient dans la cité phocéenne, du moins presque tous, il manquait le principal parti d’opposition, le Congrès National Arménien du premier président de la République, Lévon Ter-Pétrossian.

Il faut noter qu’en Arménie comme généralement dans toutes les anciennes républiques socialistes soviétiques, dire que l’on est de gauche, et notamment socialiste, rappelle de très mauvais souvenirs à la population. Ainsi, seuls le parti communiste arménien et la FRA-Dachnaktsoutioun se présentent comme tel. Ce qui explique pourquoi dans les élections arméniennes, qu’elles soient législatives ou présidentielle, la bataille n’a jamais été bipolaire et a peu de chance de l’être. C’est surtout la politique étrangère qui différencie les partis politiques arméniens.

Cela tombe bien diront certains, par les temps qui courent, en Europe c’est le PPE qui a le vent en poupe (264 députés sur 736).

mercredi 7 décembre 2011

Le conflit du Haut-Karabakh en filigrane au Conseil ministériel de l’OSCE



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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Comme je l’indiquais dans mes propos d’hier, il ne fallait pas s’attendre à du nouveau. La réaction des pays coprésidents s’appuie bien évidement sur les déclarations conjointes faites par les présidents de ces trois Etats – Russie, France et Etats-Unis - déclarations reprises sur le terrain par les trois ambassadeurs-médiateurs coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE. Les autres pays leur emboitent le pas.

Autre non-surprise, la position de la Turquie qui soutient à 100% les propositions et les griefs de l’Azerbaïdjan, voire par l’utilisation de mots identiques. Quant à l’Azerbaïdjan, alors que d’habitude il ‘attaque’ l’Arménie bille en tête, l’accusant de tous les maux, a, cette fois-ci, joué profil bas. Il faut dire que ses refus successifs d’accepter deux des trois principes proposés par les médiateurs (non recours à la violence ou à sa menace et droit à l’autodétermination des peuples) auxquels s’ajoute le non-retrait des snippers de la ligne de contact, jouent difficilement en sa faveur dans le cadre d’une telle réunion.

Aussi, le ministre des Affaires étrangères, Elmar Mammadyarov, a essentiellement parlé de la paix et de la stabilité régionale. Ce qui concerne beaucoup plus les pays de l’OSCE avec les projets de gazoduc, tels Nabucco ou South-Stream.  Quant à la menace de son intégrité, ni Erevan ni Stépanaguerd n’ont l’intention d’ouvrir les hostilités ou de reprendre la guerre et encore moins d’envahir l’Azerbaïdjan. Ce qui n’est vrai pour l’inverse.

mardi 6 décembre 2011

Conseil des ministres de l’OSCE


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Et la montagne ... accoucha d’une souris ; d’ailleurs, comment pouvait-il en être autrement ? Rien n’indiquait un quelconque progrès dans les négociations depuis le loupé de la dernière rencontre tripartite entre les présidents arménien, azerbaidjanais et russe, de Mars 2011 à Sotchi.

Les pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE n’ont fait que reprendre leurs propositions habituelles basées sur les trois principes de bases : - Non recours à la violence ou à sa menace ; - Droit à l’autodétermination des peuples ; Respect de l’intégrité des territoires. Auxquels il faut ajouter le renforcement des missions d’observation de l’OSCE sur la ligne de contact.

L’année 2011 a vu une recrudescence des violations du cessez-le-feu et notamment par l’utilisation grandissante de snippers. Bakou bien que cosignataire des propositions des médiateurs a toujours refusé de retirer ses tireurs d’élite de la ligne de front du Haut-Karabakh en contradiction totale avec le principe de non-violence. Ajoutons à ce refus les violations non plus uniquement sur la ligne de contact entre l’Azerbaïdjan et l’Artsakh mais également sur la frontière arméno-azérie, c'est-à-dire vers la république d’Arménie.

Tous les participants ont fait peu ou prou les mêmes constatations et ont appuyé la déclaration finale. Le seul hic est venu de la Turquie, ce qui n’étonnera pas les observateurs avertis. Le ministre Davutoglu a commenté le résultat en déclarant : "je suis pour une résolution pacifique du conflit basée sur le principe de l'unité, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté."

Et Washington qui espère qu’Ankara va débattre et ratifier les protocoles arméno-turcs quand ses dirigeants imposent une telle pré-condition à l’Arménie !

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Le Conseil ministériel est l'organe central de décision de l'OSCE. La réunion, organisée chaque année, fournit aux 56 ministres des Affaires étrangères l'occasion d’examiner et d’évaluer les activités de l'Organisation au cours de l’année écoulée et de présenter les points de vue nationaux sur les questions de sécurité.

La 18ème réunion des ministres a présenté un projet intitulé : ‘guide de sécurité pour les journalistes’.

Le  président en exercice de l’OSCE, le ministre lituanien des Affaires étrangères, Audronius Ažubalis, a fait remarquer que l'un des taux les plus élevés de cas de harcèlement, y compris l’assassinat de 30 journalistes, au cours des 6 dernières années, a été enregistré dans la région de l'OSCE.

"Notre objectif est d'assurer la sécurité des journalistes, l'accès à l'information et le soutien au journalisme d'investigation", a-t-il déclaré. Le Représentant de l'OSCE pour la liberté des médias, Dunja Mijatovic a, à son tour, noté que les journalistes paient un prix élevé pour pouvoir publier la vérité. Selon Mijatovic, le guide de sécurité des journalistes est conçu pour améliorer la situation et chercher des solutions appropriées au problème.

(...)

Concernant les conflits prolongés, Audronius Ažubalis  a déclaré : "Même un léger progrès dans le règlement des conflits prolongés peut être considéré comme un succès."

Il a donné comme exemple celui de la Transnistrie, dont la réunion de la semaine dernière, au format 5+1, a prouvé que la patience est très souvent payante. "Les résultats de la réunion seront visibles le 7 Décembre après le Conseil ministériel de l’OSCE," a-t-il souligné

(…)

En marge du 18e Conseil des ministres de l'OSCE à Vilnius, le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, a rencontré lundi en compagnie de son homologue azerbaïdjanais, Elmar Mammadyarov, les coprésidents du Groupe de Minsk, auxquels s’étaient associés Jacques Faure, le remplaçant de M. Fassier et le représentant personnel du président en exercice de l'OSCE, Andrzej Kasprzyk.

La discussion a porté sur la résolution du conflit du Haut Karabakh, et sur la possibilité d'adoption d'une déclaration commune.

Déclaration commune :

A l'occasion du Conseil des ministres de l'OSCE à Vilnius, les chefs de délégation des pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE (le ministre des Affaires étrangères de la Fédération lde Russie, Sergei Lavrov, le secrétaire d'État des États-Unis, Hillary Rodham Clinton, et le ministre français pour les Affaires de l'Europe, Jean Leonetti) ainsi que les ministre des Affaires étrangères d'Azerbaïdjan, Elmar Mammadyarov, et d'Arménie, Edouard Nalbandian, réaffirment l'importance de parvenir à un règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh.

Rappelant la Déclaration de Moscou de Novembre 2008, ainsi que les déclarations lors des réunions du Conseil ministériel de l'OSCE à Helsinki (2008) et Athènes (2009) et lors du Sommet de l'OSCE à Astana (2010), les cinq chefs de délégation ont convenu de la nécessité de poursuivre le processus de négociation dans le format du Groupe de Minsk de l'OSCE et d’améliorer le climat pour progresser vers un règlement pacifique. Comme étape dans cette direction, ils ont convenu que des efforts supplémentaires doivent être faits pour travailler sur les détails du mécanisme pour enquêter sur les violations du cessez-le-feu résultant de la déclaration conjointe des présidents Aliev, Sarkissian et Medvedev lors du sommet de Sotchi en Mars 2011.

Notant que Déclaration de leurs présidents à Deauville en mai 2011, exhortait l'Arménie et l'Azerbaïdjan de finaliser les Principes de base pour le règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh, les chefs de délégation des pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE ont regretté que les parties aient été incapables de franchir cette étape décisive. Les trois chefs de délégation ont réaffirmé qu'il ne peut y avoir de solution militaire au conflit du Haut-Karabakh et que la Charte des Nations Unies, les principes de l'Acte final d'Helsinki, et les éléments décrits dans les déclarations conjointes de leurs présidents à L'Aquila en juillet 2009 et de Muskoka en Juin 2010, ouvrent la voie à toutes les parties d’aller au-delà du statu quo inacceptable, pour parvenir à un règlement pacifique. À la lumière des négociations intensives menées depuis 2007, au Conseil des ministres de l'OSCE à Madrid, y compris au plus haut niveau, les trois chefs de délégation ont exhorté les parties à poursuivre l'examen attentif des propositions que les pays coprésidents ont mis à leur disposition.

Les ministres de l'Azerbaïdjan et l'Arménie ont exprimé leur appréciation pour les efforts des pays coprésidents, dont l'engagement personnel des présidents Medvedev, Obama et Sarkozy, pour aider leurs pays à parvenir à un cadre pour un règlement de paix global. Ils ont informé les chefs de délégation des pays coprésidents que leurs présidents sont prêts à se réunir à nouveau ensemble dans un proche avenir, sous l'égide des pays coprésidents, et de poursuivre leur dialogue direct, en s'appuyant sur ​​l'expérience récente, sur la façon d'apporter la paix, la stabilité et la prospérité à leurs peuples.

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* Le point sur l’indemnisation des polices d’assurances AXA *

Vartkes Yeghiayan
L’action de Me Yeghiayan est liée à une plainte déposée en début d’année par Mark Guiragos et l’avocat Brian Kabateck contre Vartkes Yeghiayan alléguant que lui et sa femme, l’avocate Rita Mahdessian, ont mis en place une fausse structure de bienfaisance et ont détourné près de 1 million $ au cours des six dernières années.

Brian Kabateck
Guiragos, Yeghiayan et Kabateck étaient dans la même équipe juridique qui a intenté un procès en 2005 à AXA, et qui a abouti à un fonds d'indemnisation pour payer les descendants des victimes du génocide arménien qui avaient signé des polices d’assurance entre 1875 et 1923.

Un cabinet d’experts comptables passera en revue les 178 réclamations d'assurance dans le cadre d'un accord conclu dans une affaire impliquant un fonds d'indemnisation de plusieurs millions de dollars pour les descendants des victimes du génocide arménien.


Mark Guiragos
Selon le quotidien Glendale Nouvelles-Presse, les avocats des deux parties Mark Guiragos et Roman Silberfeld, portant sur un différend concernant ce fonds, ont déclaré que seules les demandes à partir de10.000$ seront examinées pour s'assurer qu'il n'y avait pas d'écarts comptables.

Roman Silberfeld
A l'origine, le client de Silberfeld, à savoir l’avocat Vartkes Yeghiayan basé à Glendale, avait demandé une vérification des 1300 réclamations faites au fonds d'indemnisation versé par l'assureur français Axa.

Les questions de comptabilité avaient déjà été soulevées, notamment sur l'affirmation que certaines personnes qui ont reçu plusieurs chèques n’ont encaissé que ceux de petits montants, même si les chèques de montants supérieurs avaient été envoyés simultanément.

En outre, dans certains cas, des demandes séparées mais identiques ont été déposées par les membres d’une même famille. Avec l’anomalie suivante que suivante : que la réclamation de l’un a été acceptée et celle de l’autre refusée.

L’audit fait ressortir un différend de 2,5 millions de dollars sur les 17,5 millions du fonds d'indemnisation versé  par Axa il y a plusieurs années.

Les avocats ont également convenu que tous les documents (réclamations) seront déplacés vers un endroit neutre car ils sont actuellement stockés dans la cave d'un bâtiment appartenant à Guiragos. Il a également été découvert il y a quelques mois que le multiplicateur utilisé pour déterminer le montant des paiements générait une erreur de 0,1%.

Silberfeld et Guiragos ont convenu que le multiplicateur sera corrigé pour les demandes supérieures à 10.000 $. Ainsi, il sera versé une somme de 10$ par tranche de 10.000, ce qui est économiquement faisable, selon Silberfeld.

L’administrateur de la Caisse, Parsekh Kartalian résidant à Glendale, soumettra une déclaration sous serment à la cour fournissant des détails sur la distribution du fonds, du personnel et des opérations, a indiqué Silberfeld.

La juge Christine Snyder a déclaré que la présence de Kartalian est importante. "Il devra nous donner toutes les explications nécessaires sur ce qui s'est passé", a-t-elle déclaré.

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*Brève Etats-Unis *

Lors de sa vite à Ankara et à Istanbul le week-end dernier, le Vice-président américain, Joe Biden, a incité la Turquie à ratifier sans conditions les accords de normalisation avec l'Arménie, soutenus par l'Occident, "dans les mois à venir".

Selon un Haut-fonctionnaire de l’administration Obama, les protocoles signés en 2009 faisaient parties des discussions qu’il a eues avec le président turc Abdullah Gül, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et le président du parlement, Cemil Cicek. Lors de sa rencontre avec ce dernier, Biden s’est réjoui du fait que les protocoles de normalisation avec l'Arménie étaient de retour sur l'agenda du parlement [turc]. Et il a exprimé l’espoir que le Parlement sera en mesure de débattre des protocoles dans les mois à venir. Propos qu’il a répété à ses deux autres interlocuteurs.

La Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton déjà avait transmis un message similaire au gouvernement turc lors de sa visite d’Istanbul en Juillet dernier.

Selon le quotidien ‘Hurriyet’, M. Biden aurait déclaré au président Gul qu’Ankara "doit accélérer le processus de normalisation avec l'Arménie" si il veut que l'administration Obama bloque au Congrès américain de nouvelles résolutions reconnaissant que les massacres de masse des Arméniens en 1915 dans l'Empire ottoman, sont un génocide.

La ratification des protocoles est l’argument phare utilisé par la Turquie et par les Etats-Unis pour bloquer le passage en séance plénière du Congrès des résolutions reconnaissant le génocide arménien.

* Brève UE *

Les dirigeants de l'Union européenne se réuniront en Sommet à Bruxelles les 8 et 9 Décembre, après quoi ils sont censés faire appel à la Turquie pour qu’elle améliore davantage les lois et les implémentations dans des domaines comme les droits de l’homme, les libertés fondamentales et la liberté de la presse.

Les dirigeants de l’UE vont également exprimer leurs préoccupations concernant les interdictions sur les sites et les procès contre des écrivains, des journalistes, des universitaires et des militants des droits de l’homme. Leurs préconisations porteront aussi sur la mise œuvre de réglementations liées au respect des critères de Copenhague, tels que le droit à la propriété, la liberté de religion, les droits des femmes et des enfants, l'égalité des sexes et la lutte contre la torture.

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lundi 5 décembre 2011

La réponse des voisins de la Turquie sur sa politique de "zéro problème".


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Si à l’inverse des pays occidentaux, la Turquie réussit à traverser la crise financière et économique sans trop de dégâts, il n’en est pas de même des relations avec ses voisins. Des neuf pays l’entourant – Grèce, Bulgarie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Iran, Irak, Syrie et Chypre – sept ont un contentieux plus ou moins lourd avec elle, datant pour certains de l’empire ottoman. Tbilissi étant tributaire de la manne des pétrodollars azéris et des financements turcs pour laisser passer sur son territoire les pipe-lines et les voies de chemin de fer, garde un profil bas à la limite du phagocytage. Quant à Bakou, comme il n’y a pas grande différence entre les Turcs azéris et les Turcs ottomans, Aliev s’accroche à son grand frère espérant récupérer le Karabakh.

Alors qu’il aurait pu s’attirer la sympathie des pays musulmans, par sa politique pro-occidentale et surtout pro-américaine, mais également comme base avancée de l’OTAN, Ankara s’est vu refermer les portes de ses coreligionnaires et le  ‘zéro problème’ s’est transformé en ‘pleins de problèmes’. La philosophie ‘néo-ottomane’  du ministre Davutoglu a fait long feu.

Pire encore, en plus du loupé sur le plan extérieur, le ‘zéro problème’ l’est également sur le plan intérieur. Epinglé plusieurs fois par la Cour Européenne des Droits de l’Homme sur ses manquements à la démocratie et à la liberté d’expression, Ankara se rattrape sur les Kurdes, les faisant passer pour des terroristes, ce qui lui permet de s’attirer la sympathie des pays occidentaux, qui en profitent au passage pour lui vendre armes et conseils. L’hypocrisie politique à l’état brut.

Et dire qu’avec tous ces ratés, l’hebdomadaire américain ‘TIME MAGAZINE’ voudrait décerner à Recep Tayyip Erdogan le titre d’Homme de l’année ! Mais c’est vrai que cela concerne "celui ou celle qui a le plus influencé les événements de l'année, pour le meilleur ou pour le pire."

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