samedi 26 décembre 2015

Sarkissian-Aliev : Timide arbitrage des médiateurs




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Surtout ne brusquer personne et certainement pas le fauteur de troubles. Le plus important pour les coprésidents du groupe de Minsk, c’est qu’Ilham Aliev participe à des rencontres au sommet et qu’il se retienne de lancer ses troupes contre les Arméniens. Il n’est pas question de contrarier le potentat azéri, pourvoyeur d’énergie et de diverses mannes aux européens. Et surtout on n’ira pas vérifier sur le terrain si Bakou respecte ses engagements sur la non-violation du cessez-le-feu. Quant aux civils tués, quelques larmes de crocodile suffisent, histoire de passer du baume sur le cœur des Arméniens.

Quant à trouver un début de commencement de solution au conflit du Karabakh, c’est peine perdue. Le despote azéri a fait sienne la devise : Ce que Staline a généreusement donné [morceler pour régner] à l’Azerbaïdjan, les Arméniens ne peuvent le reprendre, même si le territoire en question faisait partie de la république d’Arménie. C’est ce que lİlham Heydər oğlu Əliyev appelle l’intangibilité des frontières.

lundi 14 décembre 2015

Turquie-Azerbaïdjan : même combat, même méthode


 

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Pourquoi se retenir quand en face on a des timorés ?

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan joue sur du velours.

L’Union Européenne le caresse dans le sens du poil, empêtrés qu’elle est avec les réfugiés. Depuis 10 ans la Turquie frappe hypocritement à sa porte sachant pertinent qu’elle n’est pas prête de s’ouvrir. En attendant des milliards d’euros pleuvent sur Ankara que ce soit pour aider à une hypothétique adhésion ou plus récemment pour retenir les réfugiés sur son sol.

vendredi 4 décembre 2015

Un 29 Novembre à Bruxelles


 

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On savait que la diplomatie turque savait peser sur les Occidentaux mais de la à ce qu’ils se déculottent devant les successeurs de l’empire ottoman, on ne peut que saluer la performance du Sultan Erdoğan et de son Grand Vizir Davutoğlu.

Malgré un rapport calamiteux de la Commission européenne sur l'élargissement avec la Turquie, sorti en novembre, malgré les manifestations à Istanbul prévues le même jour pour la libération de deux journalistes emprisonnés, malgré le contexte de crise diplomatique avec la Russie, malgré les fortes suspicions d’accointances avec l’Etat islamique, malgré des attentats «djihadistes» ciblant comme par hasard la minorité kurde, l'Union européenne a validé le versement de 3 milliards d'euros dans un fonds spécifique pour la Turquie. Avec l’espoir que cette somme servira effectivement à accueillir correctement les réfugiés syriens.

vendredi 27 novembre 2015

Un G20 en vain



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Le G20 qui vient de se dérouler à Antalya avait pour thèmes principaux :
-      La mise en œuvre résolue des engagements antérieurs ;
-      L'encouragement des investissements, qui sont un puissant facteur de croissance économique ;
-      La promotion de l'inclusivité de la croissance économique mondiale.
En plus des vingt pays membres et des sept organisations internationales, sept autres pays étaient présents en tant qu’invités.

Suite aux événements de Paris, un chapitre spécifique a été consacré au terrorisme international de l’Etat Islamique et à ses conséquences. Ce qu’il y a de drôle avec les terminologies c’est que chacun arrive avec sa propre définition du mot «terroriste». Ainsi pour les Occidentaux c’est celui qui commet des attentats aveugles au nom d’une idéologie, pour la Turquie ce signifie «PKK», pour les Russes ce sont ceux qui combattent le gouvernement syrien, pour l’Azerbaïdjan terroristes=Arméniens.

vendredi 13 novembre 2015

APCE : Un parlementaire au-dessous de tout soupçon


 

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La propagande de Bakou a été suffisamment puissante pour faire voter le projet de résolution du parlementaire britannique Robert Walter sur le conflit du Karabakh par la Commission ad hoc de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe.

La lecture du rapport ne laisse aucun doute quant à la subjectivité de son auteur. Le fait que Mr Walter soit marié à une turque laisse déjà planer une suspicion quant à sa neutralité(1). Mais si l’on ajoute que le rapporteur s’est rendu uniquement en Azerbaïdjan sans jamais contacter la partie arménienne, à Erevan ou à Stépanaguerd, on comprend alors le pourquoi du titre et du contenu, qui sont la copie conforme de la totalité des demandes formulées par Bakou, y compris l’octroi d’un corridor traversant le Zanguézour pour relier l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan. Bref, cela revient à isoler totalement l’Arménie de l’Iran, lui laissant comme seule porte de sortie la Géorgie.    

vendredi 6 novembre 2015

Elections législatives


 

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En Turquie, c’est le parti du président Erdoğan (AKP, islamo-conservateur) qui rafle la majorité des sièges avec 49,5% des suffrages obtenant ainsi 316 sièges des 550 du Parlement. Derrière l'AKP, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) est arrivé deuxième avec 25,4% des voix et 134 sièges, devant le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) avec 12% et 41 sièges. Le Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde) ferme la marche avec 10,3% des voix, obtenant 59 sièges.

Toutefois, Erdogan n’a pas totalement atteint son objectif, car il lui aurait fallu avoir 14 sièges de plus pour avoir 330 sièges et réaliser ainsi son rêve, à savoir modifier la constitution pour transformer le régime parlementaire actuel en un régime présidentiel fort, c'est-à-dire renforcer son propre pouvoir. A qui la faute ? Au HDP bien sûr. C’est le coupable tout trouvé qui avec quelques pou-ièmes dépasse la barre des 10% et accapare ainsi des sièges qui auraient été répartis entre les trois partis représentés au parlement au prorata de leurs scores. C’est pourtant pas faute d’avoir fait peur à la population, Kurdes compris.

vendredi 30 octobre 2015

Karabakh : Nouvelle tournée des médiateurs



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Est-ce que ce voyage auprès des parties en conflit a changé quelque chose à  la situation ? Rien. Sauf à dire qu’une nouvelle réunion aura lieu d’ici la fin de l’année entre les présidents arménien et azerbaidjanais, ce qui en soi n’est pas une nouveauté, et encore moins une avancée notable.

Les acteurs continuent à se parler par médiateurs interposés - au mieux deux fois par an, au pire une fois tous les deux ans, et ce depuis vingt ans. Certes les combats n’ont pas repris, mais est-ce que pour autant on a progressé ? Non. On est toujours dans un dialogue de sourds, ou si vous préférez un double monologue basé sur un postulat antinomique : Intégrité territoriale/intangibilité des frontières vs Droit à l’autodétermination des peuples. Tous deux reconnus et validités par les instances internationales.

dimanche 25 octobre 2015

Relations UE-Turquie



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Quel que soit le régime qui dirige la Turquie, elle est toujours dans les bonnes grâces des chancelleries occidentales. Que les droits de l’homme soient foulés aux pieds avec des milliers de kurdes en garde à vue, que la liberté d’expression soit bafouée avec des centaines de journalistes emprisonnés, que malgré les milliards de subventions reçus par l’UE elle ne converge toujours pas vers les valeurs de l’UE, la diplomatie occidentale fait fi de la politique interne d’Ankara et continue ses courbettes et autres salamalecs.

Alors que les relations de l’UE et de la Turquie sont gelées, que le processus en vue d’une éventuelle adhésion est au point mort et que l’Europe craint la dérive autoritaire du président Erdoğan, cette dernière a désormais grand besoin de la Turquie pour endiguer les flux migratoires. Elle est donc prête à faire des concessions, jusqu’à débloquer une aide d’environ trois milliards d’euros pour l’aider à garder les réfugiés syriens sur son sol et à les empêcher d’affluer en Europe.

dimanche 18 octobre 2015

CEDH : Liberté d’expression et négationnisme


 

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La Haute Chambre de la Cour européenne des droits de l'homme a rendu son verdit dans l’affaire qui opposait Doğu Perincek, négationniste notoire et président du Comité Talaat Pacha, à la Suisse. Un verdit en demi-teinte pour les uns et pour les autres.

Pour Doğu Perincek et la Turquie:
-      C’est une victoire car il a eu gain de cause, basé sur le principe sacro-saint de la liberté d’expression, vu qu’il ne peut être accusé de négationnisme pour un génocide qui n’est pas reconnu par les instances juridiques internationales. Quant à ses propos anti-arméniens, il n’y a pas de quoi fouetter et donc, ce n’est pas répréhensible.
-      Mais c’est également une défaite car la Cour ne lui a pas octroyé les 120.000€ qu’il réclamait, pas plus d’ailleurs que le remboursement de ses frais de justice (honoraires d’avocats). De plus la Turquie ne peut plus se prévaloir de la CEDH pour dénier le génocide arménien.

lundi 12 octobre 2015

Turquie : Pourquoi changer ?



 
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Je ne vous parlerai pas des exactions d’Ilham Aliev, mais d’un autre grand ami de l’Arménie, son mentor et maitre à penser, Recep Tayyip Erdoğan.

L'attentat de Suruç qui avait tué 33 personnes le 20 juillet dernier vient d’être réitéré à Ankara à une échelle plus grande, faisant une centaine de morts et plus de 500 blessés, avec de fortes similitudes dans les deux cas. Plusieurs kamikazes qui se font exploser au milieu d'une foule de sympathisants de la cause kurde.

De nouvelles élections sont prévues le 1er novembre prochain, après l’échec du parti présidentiel AKP, du à l’arrivée au-devant de la scène politique du parti pro-kurde HDP avec 13% des voix. Echec que l’équipe Erdoğan a du mal à digérer. D’où la question : Comment faire pour discréditer le HDP tout en continuant de combattre le PKK.

mercredi 30 septembre 2015

Azerbaïdjan : «Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut entendre»



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Pour ce qui est des positions des uns et des autres, elles sont connues à 99%. Ce qui peut se résumer en une idée maitresse pour chacune des parties en conflit :
-      Soit : Il n’est pas question de céder un pouce de terrain aux Arméniens, que ce soit le Haut-Karabakh et encore moins les sept districts occupés. L’intégrité territoriale et l’intangibilité des frontières priment sur tout.
-      Soit : Il n’est pas question de revenir à la situation d’avant-guerre avec un Haut-Karabakh ayant au mieux un statut de grande autonomie. Le droit à l’autodétermination des peuples est un droit inaliénable.

Probablement comme bon nombre de personnes je serai curieux de savoir ce que disent réellement les coprésidents aux dirigeants lors des rencontres officielles arméno-azerbaidjanais. J’emploie sciemment le mot «réellement», car pour ce qui est des propositions officielles(1), elles sont connues de tout à chacun, mais sont inacceptables en l’état ni par les uns ni par les autres, et évidemment, pas pour les mêmes raisons.

lundi 21 septembre 2015

Quand Ilham fâché, Aliev cracher



 

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S’il y a une chose que les dictateurs n’aiment pas, c’est de se faire tancer par une organisation internationale, en l’occurrence le parlement européen, représentant vingt-huit pays.

C’est vrai qu’en lisant la résolution du 10 septembre du P.E, (13 considérations et 25 recommandations), tout y passe aussi bien la démocratie, que les libertés individuelles ou collectives, ou les droits de l’homme, bref tout ce qui fait les valeurs européennes, avec en prime une réflexion sur le conflit du Karabakh. C’est plus qu’une sévère remontrance mais une mise en demeure en bonne et due forme.

D’où la réaction épidermique des dirigeants azéris. Bakou se retire d’EURONEST, et hormis la poignée d’élus azérophiles la quasi-totalité des parlementaires de l’UE, (soit près de 750 eurodéputés) ont été grey-listés, c'est-à-dire officieusement persona non grata dans le pays. Si l’on ajoute les 400 personnes black-listées, c'est-à-dire officiellement  persona non grata dans le pays, du ministère des Affaires étrangères azéri, il va falloir embaucher du personnel pour gérer tous ces ‘pestiférés’.

lundi 14 septembre 2015

Azerbaïdjan : Terre de tolérance ?


  

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La fâcheuse habitude des pays coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE - et par voie de conséquence des médiateurs sur le terrain, de ne jamais appeler un chat un chat, et de mettre l’agresseur et l’agressé dans le même sac, le tout enrobé dans une phraséologie diplomatique, implique automatiquement que le fauteur de troubles continue de plus belle.

Dès qu’un voyage des médiateurs dans la région est programmé, ou qu’une entrevue entre les ministres des Affaires étrangères arménien et azerbaidjanais est  annoncée – et je ne parle pas d’une rencontre entre présidents, Ilham Aliev et ses troupes se défoulent sur les Arméniens en logorrhée xénophobe, le tout accompagné d’une augmentation des violations du cessez-le-feu tant à la ligne de contact au Karabakh qu’à la frontière arménienne. L’entrevue Nalbandian-Mammadiarov prévue en marge de l’Assemblée Générale de l’ONU du 15 Septembre ne déroge pas à la règle.

dimanche 6 septembre 2015

Azerbaïdjan : Quand le chat n’est pas là, les souris dansent


 

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La devise d’Aliev pourrait se résumer en quelques mots basiques : «Cause toujours, tu m’intéresses». Ce message subliminal s’adresse avant tout au pays coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE en charge du règlement du conflit du Haut-Karabakh, et par ricochets aux organisations internationales qui s’alignent sur les propositions des médiateurs. Le seul message envoyé en clair à tout un chacun se limite à : «Je compte tout mettre en œuvre [y compris par la force] pour rétablir l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan.»

Quitte à me répéter une fois encore la méthode Coué ne fonctionne pas avec le potentat azéri. Il ne suffit pas de ressasser continuellement les mêmes phrases pour que celles-ci atteignent leur but et changent un tant soit peu le comportement des dirigeants azéris, surtout quand en parallèle les pays coprésidents vendent des armes aux deux parties, histoire de verser un peu d’huile sur le feu.

samedi 29 août 2015

Azerbaïdjan : «No, we can’t»



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Pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé de milles façons : sur le plan diplomatique, par le soudoiement d’officiels, par des violations continuelles du cessez-le-feu accompagnées de morts militaires et civils, par des actes de sabotages et même en abattant un hélicoptère arménien en limite de zone neutre.

Il ne reste pour le potentat et son clan que le déclenchement d’une guerre à grande échelle mais pour cela il faut deux conditions, non remplies actuellement : 1- Que l’ennemi [les Arméniens] répondent crescendo à ses provocations ; 2- Que Moscou ou d’autres le laissent agir à sa guise, d’autant que la Turquie n’est pas disposée par les temps qui courent à s’engager dans une guerre contre l’Arménie, comme elle a failli le faire en 1993.

jeudi 20 août 2015

Ankara-Bakou : comme larrons en foire



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En général, quand le premier va mal le second n’est pas mieux. Le premier voit les attentats augmenter et son tourisme chuter durement, le second voit ses pertes militaires augmenter et son comportement policier et judiciaire durement critiqué.

Dans les deux cas les critiques viennent essentiellement de l’Union européenne, le premier pour ses timides avancées vers une adhésion qui s’éloigne de plus en plus, le second pour son comportement sur les libertés et plus particulièrement sur les droits de l’homme. Les Etats-Unis, grand défenseur des libertés et donneurs de leçons, ferment hypocritement les yeux sur les ignominies d’Ankara, du moment que ses désirs géostratégiques sont satisfaits. Quant aux frasques de Bakou, l’Oncle Sam n’en a que faire, d’autant que bientôt le voisin iranien occupera de nouveau une place importante sur l’échiquier régional.

dimanche 9 août 2015

Aliev ne dort que d’un œil


 

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Croire que parce que c’est l’été, l’Azerbaïdjan va diminuer sa pression sur l’Arménie, serait une grave erreur.

Les jeux olympiques européens de Bakou (du 12 au 28 Juin) ont été une parenthèse dans l’agressivité atavique des dirigeants azerbaidjanais. Les TV du monde entier étaient là, ce n’était pas le moment de se faire remarquer par des discours anti-arméniens, belliqueux et revanchards. Par contre, maintenir la tension à la ligne de contact avec le Karabakh, loin des regards indiscrets, c’était plus aisé.

Dupuis la fin des jeux, l’armée azérie s’est rattrapée, avec des pointes de cent cinquante violations par jour, sans doute du au «manque» d’exercices sur les cibles arméniennes. Il y a fort à parier que le mois d’Août ressemble au précédent. Ainsi, pour la semaine qui vient de s’écouler, huit cents violations, représentants 14.000 tirs, ont été relevés.

lundi 3 août 2015

Turquie – Azerbaïdjan : Le maître et l’élève



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Provoquer sans se faire prendre. Pour cela, il faut certaine dose d’audace, une longue habitude de la diplomatie et surtout ne pas hésiter à se salir les mains.

L’avenir du parti majoritaire, au pouvoir en Turquie depuis treize ans, s’est brusquement assombri le soir du 7 juin 2015 quand l’AKP a perdu la majorité absolue au parlement et par la même occasion les rêves super-présidentiels d’Erdoğan. Et à qui  la faute? Aux quatre-vingts députés du HDP. Un parti qui jusqu’à là n’avait aucun élu à la Grande Assemblée nationale, mais l’insupportable vient du fait que c'est un parti pro-kurde qui se veut démocratique, de gauche, proche du peuple, et suprême injure [à l’identité turque] : il défend les minorités.

Comment reprendre le contrôle du pays ?

mercredi 29 juillet 2015

Attentat de Suruç : Des éléments pour le moins troublants




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Quelques éléments factuels :
-      L’attentat de Suruç qui a fait 32 morts et une centaine de blessés a été attribué par la Turquie aux Djihadistes du Daech.
-      Les victimes sont de jeunes universitaires. Nombre d’entre eux étaient affiliés au parti pro-kurde HDP. D’autres étaient de jeunes socialistes sensibles à des causes plus activistes, souvent réprimés par les autorités turques, et considérés par le gouvernement comme des organisations terroristes.
-      Suruç est située à une cinquantaine de kilomètres au Sud-ouest d’Urfa et à une dizaine de kilomètres de la frontière syrienne, proche de Kobané. Elle est majoritairement peuplée de Kurdes.
-      Officiellement Ankara fait partie de la coalition mais n’a jamais mis ses aéroports à la disposition de la coalition, pas plus qu’une quelconque participation aux actions militaires.
-      Ankara a toujours considéré le PKK comme une organisation terroriste, comme d’ailleurs les Etats-Unis, malgré le fait qu’un début de dialogue constructif ait été amorcé entre Erdoğan et Ocalan.
-      Ankara a donné des signes d’ouvertures envers sa minorité kurde tout en les surveillant de près, histoire de faire plaisir aux Occidentaux et plus particulièrement à l’UE en vue de son adhésion, mais surtout pas question d’une quelconque autonomie.
-      Enfin Ankara craint par dessus tout

samedi 25 juillet 2015

Conflit du Karabakh (suite)



 

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Alors que les coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE, selon leur bonne habitude, caressent tout le monde dans le sens du poil, les mettant dans un même paquet, les violations ont redoublé sur la ligne de front ces derniers jours. Ce qui confirme bien que dès les coprésidents se réunissent ou se déplacent dans la région, les violences augmentent.

Quant à savoir qui est le fautif, il suffit d’écouter les discours de chacun et on voit tout de suite qui est content du travail des coprésidents et qui veut en découdre absolument et récupérer ses terres.

Dans ce contexte, il est intéressant de décortiquer le dernier discours du N°1 azerbaidjanais : İlham Heydər oğlu Əliyev. (Cf. § Azerbaïdjan). Cela nous éclaire sur les états d’âme actuels des dirigeants azéris et sur leur profond désir de négocier pacifiquement.

lundi 20 juillet 2015

Conflit du Karabakh



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Qui a raison, qui a tort ?

Est-ce l’Arménie, par Artsakh interposé, qui désire «agrandir» son territoire actuel ? Ou est-ce l’Azerbaïdjan qui désire récupérer coûte que coûte ce qu’il considère comme sien, à savoir la superficie de l’ex-RSS d’Azerbaïdjan plus une grande partie de la République d’Arménie ?

Certes, suite à la guerre, le Haut-Karabakh (4800 km²) a été amputé de Chahoumian, de Guedachen, de Mardounachen, d’Ardsvachen ainsi qu’une partie de Mardakert et de Mardouni ; représentant 750 km² soit 17% du territoire du Haut-Karabakh. A l’inverse, la zone tampon - ceinture de sécurité, entourant le Haut-Karabakh totalise 8810 km².

Aussi lorsque l’Azerbaïdjan affirme que l’Arménie occupe 20% de son territoire, c’est inexact car il faut prendre en compte uniquement les sept districts soit 8,15% du territoire azerbaidjanais, c'est-à-dire la partie susceptible de retourner sous administration azérie.

jeudi 16 juillet 2015

Groupe de Minsk de l’OSCE


 

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Les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE ont repris les discussions sur le conflit du Karabakh avant de se rendre dans la région. Suite à l’interview donnée par le coprésident américain James Warlick, il ressort deux éléments primordiaux :

1-  Les territoires «occupés» doivent être retournés à l’Azerbaïdjan.
2-  La sécurité du Haut-Karabakh doit être assurée par une force de maintien de la paix.

Si sur le premier point tout le monde est quasiment d’accord, encore faut-il s’entendre sur ce qui doit être restitué ; car il y a au total sept districts «occupés», le Haut-Karabakh n’étant pas un district occupé. Deux districts posent réellement problème : Kelbadjar–Chaoumian (1936 km2) et Lachine–Katchatakh (1835 km2) car ce sont des territoires mitoyens entre l’Arménie et le Haut-Karabakh. C’est à travers ces deux districts que le Haut-Karabakh est relié à l’Arménie. Les restituer signifierait sacrifier la population de l’Artsakh. Quant aux deux couloirs proposés dans le cadre des principes de base, un au Nord et un au Sud cogérés de surcroit par Bakou, cela revient à suspendre une épée de Damoclès au dessus de la tête des Artsakhtzis.

vendredi 3 juillet 2015

Bakou : Les jeux sont faits, rien ne va plus


 

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Au final, le tirage a donné :
Noirs comme les desseins d’Aliev,
Impairs comme ceux commis envers les défenseurs des libertés et des droits de l’homme,
et Manque comme l’absence de chefs d’Etat européens à l’ouverture des jeux.

Le Casino dictatorial d’Aliev n’a pas fait le plein et a clôturé les jeux avec des pertes sèches au regard des bénéfices attendus auprès des organisations européennes. Ce qui n’a pas empêché les croupiers du premier cercle, c'est-à-dire les proches d’Aliev, de s’en remettre plein les poches. Les sommes dépensées représentent tout de même deux mois de production pétrolière. Les pays producteurs du Golf dépensent eux aussi pour les jeux footballistiques de 2022, mais à la différence de l’Azerbaïdjan le citoyen qatari ou saoudien a toujours profité de la manne pétrolière.

lundi 29 juin 2015

Azerbaïdjan : Après la diplomatie du caviar, la diplomatie des jeux.



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Tout comme pour la reconnaissance du génocide des Arméniens qui a vu nombre de gouvernements, et/ou de parlements, se ranger à la qualification des historiens et des universitaires, le conflit du Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui dure maintenant depuis plus de vingt-sept ans, laisse présager que la résolution ne pourra se réaliser que si la partie azerbaidjanaise admet que le Haut-Karabakh ne reviendra jamais sous sa juridiction pas plus d’ailleurs que sous une double administration arméno-azérie. Quant au droit à l’autodétermination des peuples, c’est chose faite depuis septembre 1991.

L’Arménie a toujours indiqué dans ses communiqués et dans ses prises de parole qu’il y a le Haut-Karabakh proprement dit et les districts environnants, également appelés zone tampon ou ceinture de sécurité. La question est de savoir si le potentat désire ou pas un compromis, en d’autres termes, s’il est prêt à perdre quelques km² de territoire pour garder des districts. Hélas, au vu de ses propos, il n’est pas dans ses intentions de lâcher un pouce de terrain hérité du découpage bolchevik.

jeudi 18 juin 2015

Les Jeux de Bakou



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Erdoğan voit filer entre ses doigts l’intransigeance de la Turquie envers sa voisine. La signature des protocoles arméno-turcs de normalisation des relations avec l’Arménie sans la condition préalable concernant le Karabakh, lui avait déjà donné un avant-goût des limites de sa politique. Avril 2015 en a rajouté une couche avec son cortège de reconnaissance du génocide par des Etats ou des parlements, un rappel à l’ordre par le Parlement européen une autre couche, et pour terminer le 7 juin avec l’arrivée des minorités à la grande assemblée nationale turque sous la bannière du HDP. Et même dans la société civile – ONG, médias, intellectuels -, il n’y a plus grand monde pour valider sa vision de l’histoire et ses relations avec l’Arménie.

L’ouverture des jeux européens à Bakou n’a pas eu l’effet escompté par les dirigeants azerbaidjanais. Certes il y a eu beaucoup de monde surtout des sportifs mais très peu de chefs d’Etat importants si l’on excepte les présidents russe et turc. Le premier était présent pour des raisons géostratégiques ne tient pas à voir l’Azerbaïdjan verser dans le giron occidental ; le second, pour des raisons pour partie économiques mais surtout diplomatico-anti-arméniennes avec un volet militaire.

samedi 13 juin 2015

Elections turques



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Avec 258 députés sur 550, l’’AKP reste le premier parti politique du pays, mais sa chute est manifeste. En 2011, il détenait la majorité absolue avec 327 sièges. Et ce n’est certes pas les trois députés turco-arméniens qui changeront quoi ce soit à la politique turque vis-à-vis de l’Arménie et des Arméniens, même si l’un d’entre eux est membre du parti islamiste !

Recep Tayyip Erdoğan comptait modifier la constitution actuelle permettant de passer d'un système parlementaire vers un système présidentiel en réduisant notablement les prérogatives du premier ministre. Mais pour ce faire, il lui faudrait 72 voix de plus pour atteindre les 330 nécessaires. Il est peut probable que les Kémalistes du CHP ou les pro-kurdes du HDP lui apportent un quelconque soutien. Reste plus que les nationalistes d’extrême-droite du MHP. Ce n’est pas impossible, il suffit aux islamistes de rajouter un plus de nationalisme, un peu moins de démocratie, un soupçon de totalitarisme et un nuage d’anti-minoritarisme.

vendredi 5 juin 2015

L’OSCE au Sud-Caucase



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Le Président en exercice de l'OSCE, Ivica  Dačić, vient d’effectuer une tournée dans les trois pays du Sud-Caucase pour prendre la température et prodiguer ses conseils. Quel bilan en tirer ?

Dans le cas de la Géorgie, il est hautement improbable que Tbilissi recouvre sa souveraineté territoriale, c'est-à-dire réintègre l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en son sein. Ces régions se sont non seulement déclarées indépendantes, mais surtout Moscou a reconnu ces indépendances en établissant des relations diplomatiques et passant des accords économiques et surtout militaires. Conséquences de la guerre russo-géorgienne de 2008, elle-même conséquences de l’indépendance du Kossovo reconnue par les Occidentaux. Aussi, l’UE fait son possible pour garder la Géorgie dans son giron par l’intermédiaire du partenariat oriental. Toutefois cette main tendue ne va pas jusqu’à entamer des négociations d’adhésion pas plus qu’une intégration dans l’OTAN. Il y a des lignes rouges qu’il est préférable de ne pas franchir. La pomme de discorde ukrainienne est déjà suffisamment grave.

lundi 1 juin 2015

Les retombées du Sommet de Riga




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Bien qu’une déclaration finale ait été signée par tous les participants, le Sommet du Partenariat oriental à Riga, a surtout été l’occasion d’étaler au grand jour les dissensions existantes et les limites réelles de l’Union européenne. Bruxelles a réitéré son différend avec la Russie lié aux événements d’Ukraine ; la Géorgie et la Moldavie ont réitéré leur profond désir d’adhérer à l’UE ; la Biélorussie son profond encrage dans l’UEE ; quant à l’Arménie, pro-européenne, et à l’Azerbaïdjan, pro-lui-même, ils se sont livrés à un dialogue de sourds comme à chaque réunion internationale.

Il est clair que si l’union politique de l’Europe est une utopie, tout comme l’union militaire, il est tout aussi clair que le partenariat oriental entre l’UE et les six pays ex-soviétiques a vécu. Le comportement de Moscou en Ukraine a rappelé aux Occidentaux les limites à ne pas franchir, et que les ex-RSS ne sont pas l’Europe de l’Est. Bien évidemment cela n’empêchera pas l’UE de passer des accords, ou d’accorder des aides, avec chacun des six pays selon leurs demandes.

samedi 23 mai 2015

Le Partenariat oriental de l’UE



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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

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La semaine a été dominée par le Sommet du partenariat de l’Est qui prévoit l'association politique et l'intégration économique de l'UE avec six pays ex-soviétiques : l’Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie, la Moldavie et l'Ukraine. Seuls les trois derniers pays ont signé cet accord de partenariat avec l'UE en 2014.

-      La Biélorussie et l'Arménie étant membres de l’Union Economique Eurasienne ne peuvent signer en l’état l’accord pour des raisons juridiques et douanières.
-      L’Azerbaïdjan n’est pas à proprement parlée intéressée d’aller plus loin, se sentant suffisamment autonome sur le plan politique et surtout économique.
-      La Géorgie depuis sa guerre éclair avec la Russie concernant les régions sécessionnistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, rêve d’intégrer non seulement l’UE mais également l’OTAN.
-      La Moldavie ayant aussi quelques problèmes avec Moscou, espère un fort soutien de l’UE dans sa crise avec la Transnistrie pro-russe.
-      Quant à l’Ukraine, les accrochages permanents avec les régions orientales pro-russes et l’annexion de la Crimée par Moscou, a toutes les raisons d’intégrer l’UE.

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